La situation qui caractérise actuellement notre football national place les principaux acteurs de la balle ronde devant deux alternatives.
Soit continuer à agir comme si de rien n’était en prenant le risque d’assister, impuissants, à la dégradation des choses, ce qui se traduira inexorablement par la montée en cadence du mécontentement des supporters avec des conséquences que chacun peut deviner, ou bien il faut réagir collectivement conjointement et solidairement pour redonner à notre football ses lettres de noblesse dans le monde d’aujourd’hui où se joue une redoutable compétition qui exclut impitoyablement de ses rangs les faibles et ceux qui n’avancent pas.
A cet égard, les responsables concernés sont interpellés à un triple niveau, à savoir par les plus hautes instances du pays qui suivent attentivement l’évolution de la situation, par l’opinion publique qui est en droit de s’inquiéter lorsqu’elle constate le décalage qui existe entre les potentialités énormes dont regorge notre jeunesse et les faibles performances sur le terrain, et par les millions de jeunes Algériens amoureux du sport soit en qualité de pratiquants, soit en qualité de spectateurs.
Il est évident que le salut est dans la seconde alternative, c’est-à-dire dans un rebondissement collectif, tout à la fois pour la qualité et pour la quantité, pour la massification et pour la formation afin de détecter et de promouvoir des talents prometteurs. Notre football national recèle des potentialités humaines énormes faites de ces millions de jeunes qui constituent la majorité de la population.
En outre, le football national, à l’instar de tous les autres sports, bénéficie de l’appui total et indéfectible des pouvoirs publics. Aussi, le football national a engrangé une grande expérience au fil du temps, laquelle est de nature à l’aider à surmonter ses difficultés. Le football dispose également de nombreux atouts, entre autres, plus de 13 millions de jeunes de la catégorie des 10-25 ans soit environ plus de 35% de la population, c’est-à-dire tant de footballeurs potentiels, plus de 2000 terrains de football, et des milliers d’entraîneurs dont un nombre considérable et très conséquent issus des instituts de formation. Incontestablement, tous ces atouts parmi tant d’autres sont de nature à faire de notre pays une grande nation de football.
Or, force est de constater que nous sommes encore loin de cet idéal. Certains indicateurs suffisent à éclairer sur cette réalité, notamment la formation des jeunes catégories négligées et reléguées au second plan au profit de la recherche du résultat immédiat, et le recrutement de joueurs étrangers, phénomène de mondialisation, et qui reste un aspect préoccupant dès lors que c’est une solution de facilité au regard du potentiel dont dispose notre football national, et les faibles résultats de nos sélections nationales des jeunes catégories. Il s’agit en fait de savoir pourquoi ce contraste inquiétant entre la volonté politique de hisser haut notre football dans le concert international, à travers le soutien multiforme important aussi bien pour le fonctionnement que pour l’équipement, et le spectacle désolant qu’offrent aujourd’hui certaines rencontres.
Le constat est que le code d’éthique sportive est bafoué et que le football est gangrené par certaines pratiques qui portent un grave préjudice à toute la famille sportive laquelle dans l’ensemble les condamne et les rejette. La violence se banalise dans nos enceintes sportives réduisant parfois le football de sport-roi à une sorte de sport effroi.
Il y a vraiment lieu d’agir en urgence est de voir cette situation en profondeur, afin d’éviter qu’elle perdure. Car l’avenir immédiat de notre football dépendra des actes d’aujourd’hui et il est entre les mains de ceux qui ont la charge et la mission de le mener à bon port. Ces derniers sont tenus au respect des lois et règlements qui régissent le football et davantage de qualité dans la conduite des affaires de ce sport. Ils sont également interpellés pour dégager des solutions courageuses sur les points les plus urgents qui sont susceptibles d’enclencher la mécanique de la relance du football avec comme objectif la Coupe du monde 2026.
Les failles et les faiblesses sont connues et la tenue d’un brainstorming semble s’imposer, autour d’une thématique précise à savoir, entre autres points, la détection et la formation des talents prometteurs, le système de compétition coupe et championnat, la législation et la réglementation, la violence dans les enceintes sportives et l’arbitrage.
Les mutations que connaît notre pays dictent une autre façon de faire pour redonner à notre sport, le football en particulier, sa vocation sociale, éducative et culturelle, tout en lui permettant d’intégrer la dimension économique, à travers la professionnalisation effective dans le cadre des textes régissant l’économie de marché.
Par Abdelmadjid Djebbab
Ex-DG des sports au MJS