Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MERS) se penche actuellement sur la stratégie nationale de développement de la filière céréalière. Dans ce cadre, le premier responsable du secteur, Kamel Baddari, a réuni hier le groupe de travail chargé de la réflexion autour de cette stratégie.
Composé de représentants du MERS, du ministère de l’Energie et de celui de l’Agriculture ainsi que d’experts de cette filière, ce comité a pour mission de se pencher sur l’élaboration d’un plan stratégique dédié la céréaliculture. Un dossier inscrit parmi les priorités du gouvernement à l’ère où la problématique de la sécurité alimentaire se pose avec acuité, notamment, avec la raréfaction des ressources hydriques.
C’est le cas justement cette année, d’autant que les pluies attendues pour sauver la campagne céréalière ne sont toujours pas au rendez-vous dans les régions productrices de blé et d’orge en cette fin avril. La campagne moissons-battages a d’ailleurs été exceptionnellement lancée dans certaines régions du pays en raison des températures élevées.
Globalement, c’est tout le Maghreb qui se trouve cette année encore touché par un très lourd déficit hydrique qui ne laisse présager que de très faibles récoltes et c’est le cas en Algérie, où la production céréalière a atteint durant la campagne précédente plus de 43 millions de tonnes.
Par conséquent, les besoins d’importations s’annoncent en hausse pour cette saison 2023/2024. Les programmes exports en France ont été dans le sillage de cette forte demande largement dynamisés ces derniers mois à partir de l’Algérie et d’autres pays de la région, selon la dernière note de conjoncture des marchés céréaliers de France Agrimer.
D’où l’urgence de mettre en place une stratégie pour la filière indépendamment des précipitations en adoptant l’irrigation d’appoint dont le programme tracé à cet effet a connu un retard (actuellement 1,6 million d’hectares sont irrigués (toutes cultures confondues) Mais également en assurant la transition vers l’irrigation intelligente dans un secteur qui accapare à titre indicatif 70% de la ressource en eau et dont certaines filières consommatrices d’eau ne sont pas rentables.
Ce qui explique le recours excessif aux importations pour couvrir les besoins nationaux alors que les prix sont en hausse sur le marché mondial. Les dernières données mensuelles de la Banque mondiale (BM) disponibles pour la période comprise entre décembre 2022 et mars 2023 font état d’une augmentation de 2% des indices des prix agricoles et des céréales même si la dernière édition du bulletin de veille du Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS), publiée en avril 2023, met en lumière la baisse, au cours des dix derniers mois, des prix mondiaux des céréales et des oléagineux. Car, les tensions sont toujours d’actualité. Conjuguées au stress hydrique, elles constituent une menace sur la sécurité alimentaire mondiale.
L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri) s’est dans ce sens penché sur la relation entre réserves mondiales de blé et volatilité des prix, en mettant en évidence comment les tensions sur les stocks au cours des 18 derniers mois ont aggravé la volatilité et fragilisé la sécurité alimentaire mondiale.
En effet, après l’envolée et la forte instabilité des cours qui avaient suivi le début de la guerre en Ukraine, les prix du blé ont été progressivement ramenés à leurs niveaux d’avant le conflit au cours des six derniers mois.
Leur volatilité reste cependant élevée par rapport aux tendances historiques, signe des incertitudes qui continuent de planer sur les marchés du blé.