La lutte contre l’incendie d’Akfadou qui s’est propagé jusqu’au cœur de la forêt éponyme, un des poumons de la région, s’est poursuivie dans la nuit de dimanche à hier sans relâche, jusqu’à ce que les habitants soient mis hors de danger. Les flammes ont été repoussées par un impressionnant dispositif dont la force de frappe au sol a été soutenue par l’arrivée des renforts de Laghouat, de Bordj Bou Arréridj, de Sétif.
La lutte aérienne a été renforcée par la mise en service du bombardier d’eau russe Beriev Be-200 aux côtés des AT-802, qui ont largué de l'eau sur le brasier sans discontinuer. A l’heure où nous mettons sous presse, les efforts des intervenants, pompier, forestiers, collectivité locale et population, se poursuivaient et se densifiaient pour venir à bout de cet incendie qui dévorait, jusqu’à hier 16h, le massif de l’Akfadou. La difficulté de la mission provient du fait que le feu a pris au cœur de la forêt, dans des ravins densément boisés, selon un forestier. Le seul moyen d’arriver au foyer des feux est donc par voie aérienne.
Les participants à cette lutte ont souligné le rôle joué par l’aviation dans ce type d’incendie. Ainsi, ils ont constaté l’utilité des gros avions comme le Be-200 et l‘efficacité de l’AT-802 ouvrant la voie «aux troupes» au sol pour intervenir. En milieu de la journée, la situation est «stabilisée», selon la conservatrice des forêts de Béjaïa, Dalila Benani. Cette dernière, qui a salué le courage et l’engagement de la population locale dans cette opération d’extinction, a appelé toutefois cette dernière à rester vigilante aux côtés des forestiers et des pompiers pour empêcher une éventuelle reprise. Selon nos informations, plus de 50 hectares de forêt, de maquis et de broussailles sont partis en fumée ces dernières heures. Les incendies de Adekar et d’Akfadou ont provoqué d’importants dégâts sur patrimoine forestier de la région, zones considérées comme étant le poumon de la Kabylie.
Organiser la solidarité
On peut retenir aussi dans cet épisode l’efficacité de la stratégie du commandement de la Protection civile, qui a permis de sauver des vies et de limiter les dégâts à des pertes matériels, certes regrettables, mais que l’administration est en mesure d’indemniser.
Un appel à l’établissement des déclarations de sinistre est lancé par les autorités à l’endroit des citoyens d’Akfadou. De son côté, l’APC a programmé hier, à 18h, une réunion avec les membres des comités de l’ensemble des villages ainsi que les présidents des associations au siège de la commune pour établir le bilan de l’incendie et d’organiser la solidarité avec les citoyens touchés au village Mezouara, particulièrement les éleveurs.
Selon des témoignages, l’incendie a détruit quelques poulaillers, des ruches d’abeilles et a tué quelques bêtes.
Dans ce registre des pertes, Sonelgaz, qui a veillé à assurer la continuité de ses services depuis le début du sinistre, a compté plusieurs installations et équipements détruits par le feu. Ainsi, selon la cellule de communication de la direction de distribution de gaz et d’électricité de Béjaïa, «Sonelgaz a enregistré au niveau d’Akfadou sur la partie moyenne tension : la destruction de 3 conducteurs d’un linéaire de 900 mètres et 5 supports bois et 400 mètres linéaires de réseaux pour la partie basse tension. Concernant Boukhlifa, nous avons enregistré la perte de 3 supports bois et 150 mètres linéaires de réseaux basse tension», complètement calcinés.
Cependant, la société appuyée par les entreprises agréées ont bravé une atmosphère suffocante avant de réussir à rétablir le courant électrique au profit des villageois de Mezouara, Tagroudja et Aït Alouane, soit 120 clients, dimanche vers 18h. En fin de journée, les autorités ont annoncé l’extinction de l’ensemble des foyers de feu à travers au moins quatre communes, notamment Akfadou (les villages Mezoura et Aït Allouane), Aguemoune Oukardhouche (Adekar), Barbacha et Boukhlifa, tout en mettant les forêts fumantes sous surveillance.
Reportage réalisé par Nordine Douici