La saison III de la série Yemma, réalisée par Madih Belaïd et diffusée par Echorouk TV durant le mois de Ramadhan, est un feuilleton très suivi. Il n’est pas tombé dans l’effet d’ordre et «élastique» rébarbatif. Une saison d’enfer de Dante et une «divine comédie» dans un jeu de rôles où les seconds deviennent les premiers à aller dans un enfer pavé de bonnes intentions.
Le troisième volet de la série Yemma - scénarisé par Madih Belaïd, Nadjib Oulebsir et Ameur Bahloul (producteur aussi, Gosto Event and Production) - est signé par un réalisateur égal à lui-même, régulier, maîtrisant son sujet, et présentant un produit de haute facture. Car le fruit d’un travail collectif, filmique, scénaristique et bien sûr, un beau casting, brillamment dirigé et « coaché » par Madih Belaïd. Un scénariste, réalisateur et documentariste (de renommée internationale), révélé en Tunisie par des feuilletons comme Noudjoum Ellil I et II, Naouret Lahwa I et II, El Akaber, et salué en Algérie pour Khawa I et II, et les suites de Yemma.
Son itinéraire ? Madih Belaïd étudie à l’Institut maghrébin du cinéma de Tunis de 1994 à 1997. Après différents stages dans l’audiovisuel et la réalisation, il devient assistant-réalisateur sur plusieurs tournages en Tunisie et à l’étranger et participe à des ateliers d’écriture de scénario en France, en Allemagne et au Maroc. Il écrit et réalise quatre courts métrages : Tout bouille rien ne bouge (1996), son film de fin d’études, Croix X (2006), L’Ascenseur (2007) et Allô (2008). En 2014, il reçoit le prix de la meilleure réalisation pour le feuilleton Naouret El Hawa aux Romdhane Awards, attribués par Mosaïque FM. La même année, il est membre du jury de la deuxième édition du festival Les Nuits du court métrage tunisien à Paris.
En 2016, Madih Belaïd remporte le prix de la meilleure réalisation pour le feuilleton Al Akaber aux Romdhane Awards.
Des acteurs chevronnés et jeunes très talentueux
Yemma III met en vedette des acteurs chevronnés et jeunes au talent prometteur. Malika Belbey (Nabila, la mère), Mohamed Reghis (Khaled), Rym Riahi - actrice tunisienne, notamment connue pour avoir joué le rôle de Hanene dans la série télévisée Naouret El Hawa. Elle est mariée au réalisateur tunisien Madih Belaïd. En 2014, elle reçoit le prix de la meilleure actrice pour son rôle de Hanène Lahmar dans Naouret El Hawa et le prix de la star ramadanesque aux Romdhane Awards, attribués par Mosaïque FM -, Amine Mimouni (Sofiane), Mounia Boufeghoul (Numidia), Samir El Hakim (Fadhel), Menad Mebarek (Hassan), Mohamed Frimahdi (Hamza), Amel Miniaghad (Selma), Mohamed Tahar Ezaoui (Achraf), Marwa Bouchoucha (Meriem), Samia Meziane (Djalila), Mereime Ameyar (Mina), Alma Halima (Kenza), Khodr Atoui (Ellie, acteur libanais)…
Le bûcher des vanités
Tout ce beau monde a crevé le petit l’écran en ce mois sacré du ramadan. La série Yemma III aura été captivante. Elle accroche. De fil en aiguille, le téléspectateur est tenu en haleine. Et ce, de rebondissements en énigmes, de suspense en fausses pistes le «driblant» et lui donnant le change, le grugeant quoi. C’est le principe. On se base sur des inédits, l’inattendu et pas le «téléphoné». Et comme dirait Sherlock Holms : «Elémentaire, mon cher Watson». Alors, le réalisateur, Madih Belaïd, distille des indices par doses homéopathiques pendant tout ce feuilleton, tout en maintenant et entretenant le suspense. Yemma aurait s’intituler Le Bûcher des vanités ou encore La mère de tous sévices.
Parce qu’il évoque la cupidité, la lâcheté, l’esprit revanchard, la loi du Talion, la manipulation, l’affairisme, la folie meurtrière pour l’argent et l’héritage, la trahison... Où la fratrie se désunit à couteaux tirés, à boulets rouges.
Les bons, les brutes et les truands
Ainsi, dans Yemma, on complote, trame, fomente, ourdit, conspire et manigance pour un objectif duel : soit pour la fortune (aisée de l’héritage à milliards), soit le pouvoir illégitime. Dans Yemma, chaque personnage possède un mobile, un motif, bien sûr délictuel, criminel, pour arriver à ses fins. Yemma s’articule autour de la morphologie du conte, de Vladimir Propp.
Une narration ayant recours à l’absence (drame, départ, morts), interdiction, transgression de l’interdiction, investigation, information, tromperie, complicité… Une situation initiale, un déséquilibre, des opposants, des adjuvants, puis rééquilibre et happy ending. Une jungle urbaine, familiale, où le mal est dominant contre le bien. Mais dans tout ce beau monde, moche en fait, une âme surgit. Hamza – brillamment interprété par le grand comédien Mohamed Frimahdi –, un ex-commissaire de police à la retraite. Embaqué naïvement dans un emploi «opaque», se ravise et reprend du service. Hamza a toujours été un bon flic, intègre, ayant des valeurs. Il va démêler cet écheveau, réunir les pièces du puzzle.
Il entreprend des investigations, en quête d’indices. Où le kidnapping, les coups bas et les coups de couteaux, les cabales, les mensonges, les tentatives de meurtres se succèdent mais ne se ressemblent pas. Un monde « pourri » où se livrent les bons, les brutes et les truands une guerre de succession.
Ce sont des frères ennemis qui s’écharpent pour l’héritage colossal d’Omar (Sid Ahme Agoumi), un baron de la drogue. Qui sera le nouveau «parrain». Est-ce noble d’hériter l’argent sale ? Hamza (Mohamed Frimahdi), le juste, l’intègre, est là, pour rappeler les vraies valeurs humaines des petites gens.
Et que le bien triomphera contre cette adoration démente de l’argent sale, ce mal minant certains terriens. Et Hamza, le flic pas du tout «ripou» ne mange pas de ce pain-là. Le sien est béni, blanc.
( Hamza, brillamment interprété par le grand comédien Mohamed Frimahdi, un ex-commissaire de police à la retraite qui reprend du service )