La fête du 1er mai, une halte indispensable observée à l’échelle planétaire, aura servi tout un chacun à revisiter les heurts et les malheurs du monde du travail, mais aussi ses défis et ses aspirations dans un contexte qui n’est pas forcément porteur d’une teinte à connotation manichéenne.
À Souk Ahras et probablement ailleurs, les mesures adoptées dans le cadre de la lutte contre l’érosion du pouvoir d’achat, à savoir, entre autres les récentes augmentations salariales, font parler l’homme de la rue.
,Les moins pessimistes y voient un début de dénouement de la crise pour les petites et moyennes bourses au moment où d’autres abondent en critiques. «Dans une conjoncture aussi délicate notamment après cette récente sortie d’une situation sanitaire universelle des plus contraignantes, la révision à la hausse des salaires pour les employés de la fonction publique est une prouesse qu’il conviendrait d’encourager et surtout de perpétuer, car il y va de l’intégration de plusieurs pans de la société dans ce processus de mise en confiance de nos fonctionnaires qui – devons nous le rappeler - sont le reflet de l’image de l’État que nous souhaitons tous rassurante.
Il est, toutefois, indiqué que la précipitation et les décisions hâtives ne sauraient répondre aux aspirations légitimes de nos travailleurs», a déclaré un haut fonctionnaire. Les statuts particuliers de plusieurs secteurs, dont celui de l’éducation, qui sont en phase d’étude et/ou de préparation sont porteurs de compléments légaux à même d’assurer une évolution certaine dans ce chapitre.
Souk Ahras fait aussi partie des wilayas pilotes dans le domaine de l’intégration des jeunes du DAIP (Dispositif d’Aide à l’Insertion professionnelle) grâce au travail ininterrompu de la commission de wilaya qui vient de signer son premier bulletin d’apaisement dans le domaine. «Les efforts consentis par les parties concernées par cette opération ont donné des résultats probants et l’AWEM a fait preuve par le biais de son premier responsable d’une implication positive même si la nécessité d’une purge au sein des gestionnaires inamovibles de seconde et de troisième rangs est fortement ressentie», a fait savoir une source au fait du dossier.
Le secteur industriel à la traîne
La wilaya compte, jusqu’au mois de janvier de l’année en cours, 3700 employés temporaires intégrés officiellement dans différents secteurs sur un nombre global de 7482 dossiers. Le secteur industriel avec seulement 14 intégrations et quelque 320 candidats est loin de la performance. Tout comme les partenaires privés qui peinent, dans le meilleur des cas, à enrôler une dizaine d’employés dans des conditions parfois rocambolesques. S’agissant de la protection des travailleurs et l’application des textes qui régissent leur relation avec l’employeur, la wilaya est loin de l’euphorie.
Les rôles peu visibles des contrôleurs de la CNAS et ceux de l’inspection du travail profitent aux employeurs les moins scrupuleux notamment dans les secteurs du bâtiment, des services, de l’agriculture, entre autres zones de non-droit par excellence pour les travailleurs. «Je fais partie de cette catégorie de personnes qui triment en silence sans couverture sociale ni droit aux jours fériés ni encore la possibilité de réduire mes dix heures de travail que j’assure quotidiennement au vu et au su de tout le monde. Je connais au moins trois de mes amis qui ont connu la mort dans des chantiers et dont les familles n’ont jamais réussi à faire valoir leurs droits», a fait part un employé du secteur du bâtiment qui exerce dans l’informel. Côté organisations corporatistes et syndicats, un souffle régénérateur est déjà ressenti du côté du département de Youcef Chorfa.
«Le ministère du Travail n’a jamais connu l’ouverture simultanée d’autant de chantiers dont celui relatif à la régulation de l’exercice du droit syndical et dont l’objectif premier est de promouvoir ce même droit au rang qui lui est du, et ce contrairement à ce que veulent faire croire certaines sphères qui ont un faible pour l’anarchie qui y règne depuis des décennies. Nous avons, à titre illustratif, des agréments délivrés dans le sillage d’une ancienne vision et qui ne répondaient pas aux lois de leur époque. D’où cette volonté d’assainissement –ô combien éprouvante—, mais salutaire», a indiqué un cadre du secteur.
À Souk Ahras, des dizaines de formations syndicales sont implantées sans assises légales ni ancrage au sein des corporations qu’ils représentent et d’autres, au contraire assument pleinement leurs tâches de partenariat socioprofessionnel loin de tout marchandage et autre entrisme partisan.