Festival national du théâtre universitaire à Sidi Bel Abbès : Une vie suspendue entre deux mondes...

21/04/2024 mis à jour: 04:00
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Scène de la pièce Barzakh

La pièce El Barzakh (L’isthme) de l’université de Batna, en compétition au 14e Festival national du théâtre universitaire à Sidi Bel Abbès, a été présentée, vendredi 19 avril au Théâtre régional. Une pièce qui porte une série d’interrogations sur le sens de l’existence et de la responsabilité.

 

L’association El Quin’a (le masque) de la résidence universitaire des Frères Helissi de Batna a produit cette pièce mise en scène par Issam Khennouche d’après un texte d’Amel Wahiba El Amri. 

Les étudiantes Hana Mahboub, Djomaa Khairallah, Ibtissam Bendaikha, Sofia Zerrouk,Warda Bahloul, Houria Djedaï et Rania Derdoukh étaient heureuses à la fin de ce spectacle. C’est la première fois de leur vie qu’elles jouent une pièce de théâtre face à un public et à un jury professionnel.  «Nous étions dans un atelier de formation aux arts dramatiques. Nous voulions participer au festival avec une pièce. 

C’était une belle expérience pour nous. Nous voulons continuer dans la pratique théâtrale. Nous avons fait un travail d’équipe. Sur scène, nous n’avons pas eu peur. Le metteur en scène nous a aidé et était très patient avec nous», nous ont-elle déclaré dans les coulisses. 

Ces étudiantes venaient de plusieurs wilayas du pays dont Guelma, Batna, Sétif, Adrar et Touggourt.  Lyès Hadjhoudj était le seul comédien dans cette pièce. Il a interprété le rôle de l’époux de l’ingénieure qui a dessiné le projet d’un pont devant relier la ville au douar. Un pont qui était «un rêve» pour les villageois mais le projet n’a jamais été réalisé comme beaucoup d’autres projets, dans la vie réelle, qui ont «consommé» des budgets sans être achevés !  Tombée malade, suspendue entre vie et mort, la femme, tourmentée par la mort de son époux, est soumise à un sorte de tribunal. Trois femmes, dont Lalla qui peine à marcher, dirigent ce «jugement» dans la vie entre les deux mondes et veulent que l’ingénieure, qui est accusée d’avoir tuer son époux, se couvre d’un drap blanc. Elle plaide l’innocence. 

Son époux revient, visage masqué. Elle lui explique qu’elle n’est pour rien dans sa mort. Il la libère de la grosse corde qui était autour de son cou. La pièce, qui est proche du psychodrame surréaliste, questionne les sens autant de la vie que de la mort. L’homme est responsable de ses actes quels qu’ils soient. Et, il sait, quelque part, qu’il doit rendre des comptes un jour. Habillées en noir, les jeunes comédiennes ont essayé de bien interpréter leurs personnages même si elles avaient tendance à trop crier sur scène. La scénographie symbolique adaptée par Issam Khennouche, un professionnel du théâtre, a facilité le déplacement des comédiennes sur scène.
 

Des étudiantes qui n’ont jamais fait de théâtre

Le metteur en scène a animé un atelier de formation durant trois mois. «Avec les comédiennes, nous avons travaillé sur le texte et sur la conception. Au départ, le spectacle était un duodrame avant d’être élargi avec l’arrivée d’autres comédiennes. Je me suis appuyé sur les compétences et les qualités variables des sept étudiantes en matière de jeu scénique. J’ai travaillé avec certaines sur l’expression corporelle et avec d’autres sur les dialogues.

 N’oubliez pas que j’ai travaillé avec des étudiantes qui n’ont jamais fait de théâtre. La première difficulté était que ces comédiennes se découvraient en étant sur scène, c’étaient leurs corps. Elles avaient même de la peine à marcher sur scène. J’ai travaillé sur le corps, sur la diction et sur la langue», a souligné Issam Khennouche. 

 «Il faut noter que ces étudiantes ont abandonné leurs vacances durant le ramadan dernier pour venir aux répétitions. Ce n’était pas facile pour elles et pour leurs familles. Il fallait se débrouiller pour leur assurer les repas. 

Ces étudiantes, venues de plusieurs spécialités, ont pris goût au théâtre. J’espère qu’après l’obtention de leurs diplômes, elles vont continuer à pratiquer cet art. Pour moi, le théâtre universitaire a de l’avenir. Il faut lui donner plus de moyens. Pour la pièce, nous avons été obligés de constituer les décors à partir d’éléments de récupération et de recyclage. Les résidences universitaires n’ont pas encore de budgets consacrés à la production théâtrale. Elles sollicitent souvent les associations pour les aider à avoir des décors et des costumes. 

Même les encadreurs ne peuvent pas être payés faute d’affectations budgétaires aussi. Sur le plan académique et artistique, le théâtre universitaire est sur la bonne voie. Il faut juste améliorer le côté matériel en adoptant des textes juridiques pour codifier et encadrer la production et la distribution des pièces de théâtre au niveau universitaire», a ajouté le metteur en scène. 
 

Sidi Bel Abbès

 Envoyé spécial Fayçal Métaoui 
 

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