Il fallait attendre l’entrée sur scène de Cheb Abbès pour entendre réellement vibrer le théâtre de Verdure comme au bon vieux temps de ce festival du raï revenu momentanément à Oran.
Le chanteur, qui s’est éclipsé un moment, n’a rien perdu de la puissance de sa voix qui le caractérise et qui a fait son succès il y a relativement longtemps. Un retour tonitruant marquant également et en quelque sorte des retrouvailles avec le musicien Amine Dehan qui, dans le passé, a eu également à l’accompagner avec la formation qu’il dirigeait lors des éditions précédentes organisées à Oran. C’était l’un des moments forts de la soirée d’ouverture du festival entamé lundi 10 juillet à 22h passées.
C’est une représentante du ministère de la Culture qui a prononcé le discours préparé pour l’occasion par Mme Soraya Mouloudji, qui n’a pas pu effectuer le déplacement à Oran, comme ce fut le cas l’an dernier.
Beaucoup de jeunes mais aussi beaucoup de familles se sont déplacées pour passer d’agréables moments avec les artistes programmés ce soir-là. Un hommage particulier a été rendu à Hasni par la formation musicale qui s’est ingéniée à mixer sa voix avec le son des instruments exécuté en direct. Des images vidéo accompagnaient cette performance.
Le chanteur assassiné à Oran en 1994 est toujours dans les mémoires de ses anciens fans, mais apparemment aussi dans celle de la nouvelle génération qui n’a pas laissé passer l’occasion de reprendre en chœur quelques refrains. Le passage de Sofiane Saidi replonge le public dans la tradition «guellal», toujours très apprécié, avec ici des arrangements modernes, mais la voix ne portait pas assez pour captiver un public très exigeant. Remarquable a été quand même sa reprise d’un morceau de Cheikha Rimitti. Même constat pour Romaissa qui a fait un passage dans l’émission télé «Alhane oua chabab» et qui a, elle aussi, tenté une reprise dans le vaste répertoire du raï. Elle est présentée comme une des nouvelles figures montantes du genre. Prévu au programme de la soirée, Ouahid s’en est sorti plutôt bien.
Content de se produire à Oran, plus précisément sur la scène du théâtre de verdure, il a lui aussi tenté une reprise de Hasni. «J’espère qu’elle vous a plu», a-t-il déclaré face au public qu’il a remercié pour l’accueil. Imprévue car n’étant programmée que pour la soirée du 13 juillet, Zahouania qu’on a sollicitée pour monter sur scène à titre exceptionnel a fait un tabac.
L’âge n’a pas déteint sur sa voix et son style fait toujours recette. Cela démontre qu’elle a encore un avenir dans la chanson raï qu’elle a contribué à populariser et à diffuser à l’étranger. La clôture de la soirée a été confiée à Cheb Bilal révélé au début de la décennie 2000 et dont le succès n’a fait que croître. Le public présent ce soir-là n’a pas cessé de le revendiquer, notamment lorsque le rythme baisse ou que les discours s’allongent. Un public toujours impatient, mais qui sait apprécier les bons passages musicaux.
Bilal est venu avec sa propre formation qui l’accompagne habituellement. Une complicité qui s’affine avec le temps et qui met plus en valeur le style et la manière de chanter qui le caractérise. La soirée s’est terminée tard dans la nuit.