-Comme chaque Ramadhan, l’audience télévisuelle et sur internet (réseaux sociaux) augmente. Quelles sont les tendances de cette année ?
En effet, pendant le mois de Ramadhan, la fréquentation de la télévision et des réseaux sociaux augmente par rapport au reste de l’année. Selon le premier rapport de l’étude d’audience Day After Recall, réalisée par l’institut Immar pour la période du 2 au 4 Ramadhan, une pénétration journalière moyenne de 71% (soit 23 millions d’Algériens de 15 ans et plus) a été enregistrée pour les réseaux sociaux, tandis que la pénétration journalière moyenne de la télévision a atteint 60% (19,4 millions d’Algériens de 15 ans et plus). Ces niveaux de pénétration sont très proches de ceux du Ramadhan 2022, bien qu’on note une légère baisse d’audience pour la télévision. Cette baisse peut s’expliquer par la diffusion intensive des programmes télévisés sur les plateformes sociales, ce qui a pour effet de transformer une partie des téléspectateurs passifs en téléspectateurs actifs qui consomment les programmes télévisuels à l’heure et au rythme souhaités.
-Encore une fois, on remarque une pléthore de publicités, notamment sur les chaînes privées. Est-ce efficace ?
Dans la pige publicitaire TV de l’institut Immar, composée de 11 chaînes de télévision (4 chaînes publiques et 7 chaînes privées), nous constatons un volume publicitaire très élevé au cours des 10 premiers jours de ce mois de Ramadhan, en particulier sur les chaînes privées qui captent plus de 80% des diffusions publicitaires. Environ 33 000 diffusions ont été recensées (soit 3,3K par jour) avec des écrans publicitaires contenant jusqu’à 49 spots.
Il est clair que l’efficacité des publicités est affectée par la saturation des écrans. Ces tunnels publicitaires incitent les téléspectateurs à changer de chaîne, ce qui nuit considérablement à la visibilité des spots publicitaires. Par ailleurs, les tarifs très bas pratiqués par les chaînes privées encouragent les annonceurs à s’adresser directement à la télévision sans passer par des agences spécialisées en publicité. Ces agences sont pourtant capables d’optimiser le planning média de l’annonceur en se basant sur des données d’audience, comme cela se fait dans les marchés organisés d’autres pays. Cet écosystème de diffusion à la télévision affecte également d’autres médias de proximité, tels que la radio, qui se trouve éclipsée par la télévision. En effet, même les annonceurs régionaux, malgré leurs activités géographiquement limitées, optent pour la télévision au détriment de la radio.
-Quelles sont les marques et les secteurs d’activité qui ont la cote ?
En ce qui concerne le volume publicitaire, le secteur agroalimentaire (incluant l’alimentation et les boissons), constitué de nombreux annonceurs, occupe la première place du classement des secteurs d’activité, avec près de 40% de part de voix publicitaire. Il est suivi par le secteur des télécommunications (24%), celui des cosmétiques et de l’hygiène corporelle (11%), les secteurs de l’entretien ménager (10%) et de l’équipement électroménager (7%), qui complètent le top 5 des secteurs d’activité. De plus, le top 5 des annonceurs comprend trois opérateurs de télécommunication : ATM Mobilis se place en tête du classement avec 12% de part de voix publicitaire, suivi de Faderco (6,7%), Djezzy (4,8%), Ooredoo (4,7%) et Ramy Food (3,9%).
Propos recueillis par Kamel Benelkadi