- Après les changements promis par la tutelle, comment qualifiez-vous l’état actuel des résidences universitaires, particulièrement durant la pandémie ?
D’abord, je vous résume l’état des résidences universitaires actuellement à l’échelle nationale en un mot, il est généralement «catastrophique», mis à part 10% des cités réalisées récemment. Nous avons constaté que la gestion des œuvres universitaires n’a pas fait l’objet du développement envisagé pour l’université. Précisément, Il y a des tentatives pour améliorer le système pédagogique, à travers l’ouverture d’espaces d’internet, l’enseignement à distance et autres.
Mais en parallèle, les résidences universitaires se trouvent dans les mêmes conditions des années 1990. Jusqu’à présent, nous parlons toujours de la même trilogie : «Restauration, transport et conditions d’hébergement».
Sachant que la résidence devrait être aussi un espace de développement culturel. Cela se fait à travers la mise à sa disponibilité des moyens nécessaires, dont l’internet haut débit, des bibliothèques avec de nouveaux ouvrages, des activités culturelles, des clubs et des conditions de vie favorables. Malheureusement aujourd’hui, l’étudiant ne réclame que de la bonne restauration, un endroit où bien dormir et le transport.
En plus de tout cela, il n’y a aucune coordination entre les autorités concernées durant cette pandémie. A titre d’exemple, pour imposer le protocole sanitaire, il faut qu’il y ait la disponibilité des produits d’hygiène et des outils nécessaires. Pour la consommation du budget octroyé à chaque résidence, il n’y a pas de chapitre consacré à l’achat des bavettes et autres produits, comme le gel hydroalcoolique.
- Les budgets ne sont-ils pas suffisants ?
Ils sont suffisants pour d’autres chapitres, comme la restauration... Donc, le gestionnaire ne peut pas les consommer pour l’achat des bavettes et des produits de désinfection. Nous avons soulevé ce problème à maintes reprises pour l’établissement d’un chapitre dans ce sens, mais en vain. Le protocole sanitaire n’est appliqué que verbalement.
- Qu’en est-il des projets de réforme et de l’enquête sur la gestion des DOU ?
Franchement, les promesses du ministère ne peuvent pas être considérées comme un projet. C’est un vieux discours qui dure depuis 20 ans. Rien de concret n’a été fait jusqu’à présent. Pour moi, ce n’est que de la poudre aux yeux et des promesses pour calmer les esprits après chaque incident. Croyez-moi, la pandémie a réussi à calmer la communauté estudiantine durant presque trois ans, face à la gestion actuelle des œuvres universitaires.
Si ce n’était pas la pandémie, nous ne nous serions pas tus. Car, il y a une grande différence entre les budgets colossaux débloqués et les dépenses sur le terrain. Aucune amélioration n’a été constatée. Certaines cités U sont fermées depuis 2011 pour des travaux de réhabilitation. Ces infrastructures ont subi une dégradation flagrante à l’échelle nationale et connaissent une surcharge.
Dans certaines cités, une chambre de deux personnes héberge 5 étudiantes. Pis encore, dans la wilaya de Médéa, les étudiants sont logés dans le pavillon d’un lycée depuis 10 ans, au moment où des résidences ont été réalisées, mais n’ont jamais été exploitées à cause d’un problème d’étanchéité ou autre. C’est un véritable problème de gestion, et c’est au ministère d’agir et d’assumer ses responsabilités. Les cités U ne sont pas des dortoirs. Elles doivent être des espaces d’activités pédagogiques et culturelles.
- Les stratégies du ministère ne sont-elles pas si efficaces ?
Exactement. En plus, les responsables de ces cités agissent avec un esprit individualiste. Je cite les exemples des résidences fermées, sans qu’il y ait un seul cas Covid signalé à leur niveau.
Au lieu de fermer juste pour ne pas travailler, il fallait penser à mettre une stratégie et des mesures barrières. Le niveau de l’étudiant, qui ne cherche qu’à avoir son diplôme, a régressé, et en parallèle, le directeur fait tout pour éviter les protestations. En résumé et comme l’a déclaré le président de la République : «La résidence universitaire est une zone d’ombre, même si elle se trouve dans la capitale.»