On ne compte plus les années durant lesquelles les Algériens ont vécu le calvaire après l’Aïd El Fitr et l’Aïd El Adha à la recherche d’une baguette de pain.
Cela fait des lustres qu’ils se sont adaptés à cette situation, en s’armant de patience, dans l’espoir de passer des fêtes religieuses dans des conditions meilleures, mais qu’ils ne verront malheureusement jamais.
Comme c’était le cas lors du récent Aïd El Fitr, une bonne partie des boulangeries n’ont pas travaillé régulièrement pendant les trois jours de l’Aïd El Adha dans les grandes villes du pays.
Sur les réseaux sociaux, unique moyen d’expression citoyenne, les consommateurs n’ont cessé de crier leur ras-le-bol, alors que les images des longues files devant les boulangeries ont déclenché les commentaires les plus critiques.
C’est l’amer constat qu’on n’ose jamais évoquer au ministère du Commerce, où l’on se réjouit toujours dans pareilles occasions, en affichant les chiffres de ces milliers de commerçants ayant respecté la permanence. Une obligation perçue par les concernés eux-mêmes comme une mesure contraignante, car la majorité des citoyens ont déjà «fait le plein» de produits de base bien avant.
Mais, au-delà de cette autosatisfaction, la réalité du terrain a souvent démenti les statistiques. Il fallait faire le tour des grandes villes pour s’apercevoir que bon nombre de boulangeries avaient baissé le rideau durant les trois jours de l’Aïd El Adha. Les rares d’entre elles ont ouvert pour quelques heures proposant du pain de semoule. Le pain ordinaire était introuvable.
Le rush a eu lieu, par contre, chez les vendeurs informels exerçant sur la voie publique, ayant sauté sur l’occasion, bien que l’on ne soit jamais sûr de l’origine de ce qu’ils vendent. Même le fameux sachet de lait, qui tourne au moindre «coup de chaleur», s’est invité lui aussi dans les débats.
Depuis l’abondance observée durant le Ramadhan, où il a connu des pics de consommation, il commence à manquer depuis l’Aïd, ravivant la vieille habitude chez les gens devant se lever tôt le matin pour s’en procurer.
Alors, comment ose-t-on parler de disponibilité de produits alimentaires quand les commerces des fruits et légumes sont restés fermés pendant quatre jours, faute de marchandise ? Cette question et autant d’autres reviennent chaque année lors de ces deux fêtes religieuses, illustrant une problématique face à laquelle tout ce que les pouvoirs publics ont entrepris comme mesures a lamentablement échoué. Il n’échappe à personne dans toute l’Algérie que les fameuses permanences des boulangeries pour l’Aïd El Fitr et l’Aïd El Adha ont toujours été de la poudre aux yeux.
C’est juste pour éviter les sanctions des services du commerce. Rien de plus. Pour leur part, les gens du métier eux-mêmes ne s’en cachent pas. Ils savent pertinemment que les quantités de pain produites lors de ces trois jours sont loin de répondre à la forte demande exprimée, surtout durant l’Aïd El Adha, pour des raisons évidentes.
La majorité de la main-d’œuvre qualifiée dans cette activité, qu’on considère encore comme des «perles rares» en voie de disparition, ne réside pas dans les grands centres urbains.
Elle est contrainte d’aller fêter l’Aïd parmi les siens, ce qui provoque ce déficit. Une situation bien connue des autorités chargées du contrôle, et personne ne pourra dire le contraire. Malheureusement, ce problème, comme tous les autres, se pose déjà depuis des années à l’échelle nationale, sans jamais trouver de solution. Il restera encore en suspens jusqu’aux prochains Aïd El Fitr et Aïd El Adha.