FAF : Méconnaissance des règlements

21/06/2023 mis à jour: 12:22
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Photo : D. R.

La Fédération algérienne de football (FAF) contrôle-t-elle vraiment ce qui se fait au niveau des ligues et ses autres démembrements dont elle est responsable et sur lesquels elle exerce une responsabilité ? Pas sûr, pour ne pas dire, du tout. Le propos va être étayé par des preuves puisées de faits réels et récents.

Trois affaires ont défrayé la chronique sans provoquer la moindre réaction de la fédération. D’abord, il y a l’affaire des réserves déposées par le club RAAD (Ain Defla) contre 3 joueurs de l’USMM Hadjout (division interrégions-LIRF). En fait, dans cette affaire, il y a deux volets.

Le premier concerne la prise en charge des réserves de RAAD et le second sur les règles communes aux autorités juridictionnelles que la commission de recours fédérale n’a pas observées. Commençons par le premier aspect (les réserves). La commission de discipline de la LIRF a traité l’affaire en première instance et a débouché RAAD au motif que les 3 joueurs de l’USMM Hadjout objet des réserves n’étaient pas suspendus à la date du match RAAD-USMMH (05.05.2023). En réalité, un joueur sur les trois cités était particulièrement visé.

C’est Mohamed Mecheri qui était signataire au CRB Beni Tamou durant la saison 2022. Il avait écopé de 4 matchs de suspension avec ce club. Il n’a pas participé à 3 matchs lors de la 8e, 9e et 10e journées avec le CRBBT. Le 6 février 2022, il rejoint l’équipe du CB Beni Slimane dans le cadre du mercato hivernal 2022.

Le 18 février 2022, il n’a pas participé avec son nouveau club à la première journée de la phase retour. Jusque-là, tout est clair et en règle. Mohamed Mecheri a purgé ses 4 matchs de suspension avec son club initial (Beni Tamou) et ensuite son nouveau club (Beni Slimane). La commission de recours l’affirme dans ses attendus.

La même commission donne une autre tournure à l’affaire et décide : «Ce joueur a donc purgé ses sanctions durant la phase retour dans 2 clubs différents (son ancien club et son nouveau club)  ce qui n’est pas réglementaire. Il doit purger ses sanctions de phase retour dans un seul et même club. Art.12.1 du règlement du statut et du transfert des joueurs».

Le règlement dit que la sanction suit le joueur et pas que le joueur doit purger sa sanction dans un seul club. Il s’agit d’une lecture erronée des règlements généraux. Le joueur a purgé la totalité de sa peine (3 matchs avec Beni Tamou et 1 match avec Beni Slimane). La saison suivante 2022-2023, il rejoint l’USMM Hadjout et n’est sous le coup d’aucune suspension (non purgée).

Le 05.05.2023, date de la rencontre RAAD-USMMH, il n’était pas en situation irrégulière. Son club (Hadjout) peut se pourvoir devant le TAS algérien et obtenir gain de cause. Ne nous attardons pas sur «les réserves insuffisamment motivées», article 84-85 des règlements généraux du fait que la transcription des réserves sur la feuille de match ne mentionne pas la structure (ligue) ayant prononcé la sanction.

Le prononcé de la sanction contenu dans les attendus de la commission de recours fédérale est en fait nul et non avenu à la lumière de l’article 38 des règlements de gouvernance de la FIFA (organes juridictionnels) dispose «la composition, les pouvoirs ainsi que les procédures des organes juridictionnels de la FIFA (commission de discipline, commission de recours et la commission d’éthique) sont définis dans les statuts, le code disciplinaire et le code d’éthique de la FIFA.

L’article 82 du code disciplinaire de la FIFA, chapitre séances, précise : les commissions siègent valablement si au moins 3 de leurs membres sont présents». La séance du 08 juin 2023 de la commission de recours s’est tenue en présence de 2 membres seulement (le président et un membre). Est-ce normal et conforme aux règles communes aux autorités juridictionnelles ?

La seconde affaire, passée sous silence, concerne la programmation de la dernière journée du championnat de la ligue de wilaya d’Alger. Une journée à enjeu puisque 3 équipes se tenaient dans un mouchoir. CRB Tessala El Merdja (42 points), NR Bouchaoui (39 points) et NRB Souidania (39 points). Au programme de l’ultime journée, il y avait NRB Souidania-CRBTM et NRB-ARS.

La logique et le bon sens auraient voulu que les deux rendez-vous soient programmés à la même heure. La Ligue de wilaya d’Alger a programmé le premier match à 14h 30 et le second à 16h 30. L’intégrité de la compétition a-t-elle été respectée comme le préconise la morale et l’éthique partout dans le monde. Sauf dans le football algérien.

La troisième affaire concerne la Ligue régionale de Saïda (LRFS) qui a organisé une assemblée générale extraordinaire (AGEX) le 6 juin 2023 à Saida «pour la désignation d’un commissaire aux comptes», comme le précise l’intitulé de la convocation. C’est incroyable.

A la fin des travaux, le président de la ligue, Yacine Benhamza, a déclaré devant micros et caméras : «Aujourd’hui, on a tenu une assemblée générale extraordinaire (AGEX) conformément aux statuts de la FAF et de la ligue de Saïda avec un seul point inscrit à l’ordre du jour. L’élection du commissaire aux comptes pour les exercices 2023, 2024 et 2025».

Le président de la ligue régionale de Saïda ignore-t-il à ce point ce que précise l’article 29 des statuts de la FAF (et des ligues) ? Il ne sait pas que l’AGEX ne peut se prononcer que sur un seul des 3 points suivants ; changement du siège de la fédération (la ligue), modification des statuts, dissolution de la fédération (la ligue) ?

C’est grave. C’est bon. Le football s’est définitivement égaré dans les méandres de la méconnaissance des règlements. Pendant ce temps-là, la fédération regarde ailleurs. Dramatique où en est arrivé le football algérien. 

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