C’est en tout cas le sens du communiqué du ministère des Affaires étrangères expliquant le mouvement qui a concerné 24 ambassadeurs, 15 consuls généraux et 9 consuls. Il intervient au moment où l’Algérie a décidé de rouvrir son ambassade dans la capitale ukrainienne, mesure que les experts ont vue comme une volonté algérienne de «réaffirmer» son attitude de non-alignement dans le conflit opposant la Russie et l’Ukraine. Cette position s’est dernièrement exprimée dans un vote à l’Assemblée générale des Nations unies consacré à la guerre russo-ukrainienne. L’ouverture de l’ambassade algérienne à Kiev se veut un message rassurant aux Ukrainiens et à leurs alliés occidentaux, notamment américains, très sourcilleux sur ce dossier. Avec Moscou, est programmée une visite du président Tebboune qui devra consolider les relations bilatérales entre les deux pays, mais en même temps faire connaître aux dirigeants russes la position algérienne qui est le retour de la paix dans la zone sans s’aligner sur aucune des deux parties. D’un autre côté, l’Algérie se propose de devenir membre non permanent du Conseil de sécurité et le vote pour cela aura lieu en juin prochain. Nombre de pays, le dernier en date l’Arabie Saoudite, se sont engagés à soutenir sa candidature. Si elle est élue, l’Algérie ajoutera sa voix à toutes celles qui, au plan international, demandent une refonte totale du Conseil de sécurité, dominé par cinq grandes puissances possédant la bombe nucléaire. Le constat aujourd’hui est que si la guerre froide a été enterrée, le monde actuel n’a pas beaucoup changé au plan des relatons internationales, et l’ONU ne peut plus continuer de fonctionner avec la philosophie d’antan. Ont émergé depuis 1946 une multitude d’Etat-nations et diverses organisations régionales exprimant de larges intérêts, revendiquant une égalité internationale et une meilleure défense de leurs droits. Ils estiment que le monde, qui a trop souffert de la confrontation des blocs, a besoin d’un nouvel ordre international basé sur le multilatéralisme et le respect des différences idéologiques politiques et culturelles. Le droit de veto n’a pu mettre fin à de terribles guerres dans tous les continents. Il n’a servi qu’à défendre les intérêts de la puissance qui le détient. C’est également cette conviction qui a poussé l’Algérie à vouloir intégrer les BRICS, bloc qui regroupe de moyennes puissances, tels la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil en mesure de porter la voix du tiers-monde et de contrebalancer le poids du Conseil de sécurité de l’ONU.
Adossée à son héritage historique de non-alignement, l’Algérie plaide pour la fin de la décolonisation du Sahara occidental. Ses appels au respect de la légalité internationale et son plaidoyer pour l’autodétermination du peuple sahraoui rencontrent de plus en plus d’échos favorables se traduisant par des reconnaissances de plusieurs capitales de la RASD. Depuis 1975, ce pays est occupé par le Maroc soutenu par quelques Etats, dont l’Espagne, en froid avec l’Algérie. Dans ses relations avec les pays arabes, l’Algérie a indéniablement marqué un point en réunissant le Sommet de la Ligue arabe en septembre dernier. Il s’est achevé avec une déclaration et un soutien à la résistance palestinienne, qui a entamé un processus de réconciliation entre les différentes factions palestiniennes, notamment l’Autorité palestinienne et le Hamas. Vis-à-vis des pays africains, l’Algérie tente de rattraper un immense retard dont la responsabilité incombe au président défunt Bouteflika, qui leur a tourné le dos durant tout son règne, dilapidant le capital de sympathie engrangé au lendemain de l’indépendance. Elle se montre particulièrement attentive aux bouleversements à ses frontières, notamment au Sahel et en Libye, en proie à la déstabilisation terroriste. Tout en tentant de renouer avec son rôle moteur au sein de l’Union africaine, l’Algérie vient de décider de s’investir dans la lutte contre le sous-développement en Afrique. Elle se fera à travers une Agence internationale de coopération, qui devra mettre à la disposition des pays africains une aide aux projets de développement d’un milliard de dollars. Au plan des échanges, elle fait avancer avec le Nigeria et le Niger le projet d’un grand gazoduc traversant l’Algérie en direction de l’Europe et des lignes aériennes et maritimes sont ouvertes avec certaines capitales, voire même routières avec la Mauritanie, tandis que le projet historique de la route transsaharienne connaît une avancée substantielle.