Le cap est ainsi mis sur les systèmes d’irrigation intelligents, et sur les alternatives de rationalisation de consommation. Il s’agit d’affecter un nouveau périmètre d’irrigation de 800 000 hectares à l’horizon 2025 notamment.
En attendant, pour le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR), il y a lieu de sauver cette campagne. Si durant la campagne céréalière 2021/2022, la production était en hausse par rapport à la campagne précédente avec une récolte de plus de 41 millions de quintaux, soit une hausse de 48%, pour cette saison, le bilan risque de baisser eu égard à la faiblesse des niveaux de pluviométrie.
Et ce, même si le gouvernement table sur de meilleurs chiffres cette année. Mais, avec des précipitations en forte chute depuis l’automne dernier, un mois de mars à sec et un mois d’avril (attendu pour sauver la saison) qui s’annonce également aride dans les régions céréalières (selon les prévisions météorologiques), les indicateurs sont inquiétants en cette période sensible et décisive pour cette filière stratégique. Des indicateurs que les prévisions mondiales font ressortir non seulement pour l’Algérie mais pour toute la région MENA (Moyen-Orient, Afrique du Nord).
La Banque mondiale (BM) évoque dans son dernier rapport de risque d’accentuation d’insécurité alimentaire avec l’ampleur de la sécheresse alors que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoit une baisse sensible de la production : «En Afrique du Nord, les déficits pluviométriques laissent anticiper des récoltes de blé inférieures à la moyenne en 2023, après les résultats déjà faibles de 2022», estime la FAO dans son dernier bulletin d’informations citant, entre autres, l’exemple de l’Algérie qui, faut-il le souligner, reste l’un des principaux importateurs de blé en Afrique avec la multiplication des opérations d’achat ces dernières années.
C’est justement cette dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs que le gouvernement cherche à limiter en tablant sur 71,8 millions de quintaux en 2024 et sur une autosuffisance en blé. Fin janvier dernier, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, avait même enjoint l’Exécutif de redoubler d’efforts en vue d’accroître les rendements à 30 quintaux/hectare dans l’objectif d’assurer «dans les plus brefs délais» cette autosuffisance. Mais, faudrait-il mettre en place les conditions nécessaires à cet effet à travers une stratégie bien ficelée et un calendrier d’application.
Ce qui a fait défaut dans les différents programmes mis en œuvre jusque-là. C’est le cas pour la généralisation de l’irrigation d’appoint dans les cultures céréalières, un plan qui a accusé un grand retard à rattraper.
Le cap est ainsi mis sur les systèmes d’irrigation intelligents, et sur les alternatives de rationalisation de consommation. Il s’agit d’affecter nouveau périmètre d’irrigation de 800 000 ha à l’horizon 2025 notamment. En attendant, pour le ministère de l’agriculture et du développement rural (MADR), il y a lieu de sauver cette campagne. Dans ce sens, le MADR a appelé le 30 mars dernier tous les producteurs de céréales des wilayas du Nord à entamer l’irrigation complémentaire en vue de sécuriser la production.
Le but étant d’atteindre les objectifs fixés en matière de production de céréales et d’éviter les effets négatifs de la pénurie d’eau. Pour cela, l’implication de tous les acteurs est plus que nécessaire à commencer par les administrations locales à savoir les services des filiales agricoles des daïras, les stations régionales de l’Institut national des sols, de l’irrigation et drainage (Insid) dont le rôle est important dans la vulgarisation de l’irrigation complémentaire même si les alertes ont été données très tôt cette année.
Aussi, pour encourager les agriculteurs à opter pour cette solution qui reste cependant coûteuse pour de nombreux céréaliculteurs, les banques sont appelées à jouer le jeu en facilitant et en allégeant l’octroi des crédits l’achat des équipements d’irrigation.