Expulsion des étrangers et ouverture de centres de rétention en dehors de l’UE : Sous domination de la droite, l’Europe se barricade

13/03/2025 mis à jour: 12:24
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L'Europe, qui voit l'arrivée de pouvoirs d'extrême droite xénophobes se barricade davantage

L’Union européenne veut plus d’étrangers… sans papier sur son territoire. Résultante de la montée de la droite et de l’extrême-droite dans de nombreux pays, la politique de l’Union européenne (UE) envers les immigrés devrait connaître un profond changement. 

Elle a, en tout cas, dévoilé les grands axes de sa nouvelle stratégie mardi dernier. Une longue série de propositions ont été faites pour notamment accélérer les expulsions d’étrangers en situation irrégulière. 
L’Europe tente, dans ce sens, de donner un  cadre légal à la création de centres pour migrants en dehors de ses frontières. 

En effet, la Commission européenne a notamment présenté ses propositions concernant des «hubs de retours», réclamés avec force par certains Etats membres de l’Union et très critiqués par les ONG. Ainsi, l’UE envisage de mettre en place «un dispositif permettant aux Etats membres d’ouvrir des centres pour migrants dans des pays en dehors de l’UE». Et cela, avec l’idée d’y envoyer des personnes, dont la demande d’asile aurait été rejetée et faisant face à une obligation de quitter le territoire : les fameux «hubs de retours». 

La commission ne prévoit pas d’ouvrir ses propres centres, laissant cette faculté aux Etats membres. L’Europe veut également appliquer des «règles et sanctions plus strictes pour les déboutés d’asile refusant de quitter le territoire européen comme des confiscations de documents d’identité, des détentions et des interdictions d’entrée prolongées sur le territoire». 

Pour donner encore de l’efficacité à ce durcissement, la commission insiste aussi que la «reconnaissance mutuelle des décisions prises par tel ou tel Etat membre, l’idée étant qu’une décision prise en Autriche puisse s’appliquer en Espagne». 

Ces mesures, estime Magnus Brunner, le commissaire à l’origine du texte, «redonneront aux gens le sentiment que nous avons un contrôle sur ce qui se passe en Europe». «Sur toutes les questions d’asile, on voit bien l’impatience des Etats membres qui veulent des propositions fortes de Bruxelles», affirme Camille Le Coz, directrice associée au centre de réflexion Migration Policy Institute Europe.

Forte mobilisation des ONG contre le projet

Elle note qu’une «ribambelle de questions subsistent toutefois autour de cette proposition». Elle cite notamment l’administration de hubs de retours. «Personne ne sait exactement comment ça va être mis en place. Qui va les financer ? Est-ce qu’il y aura de l’argent européen, avec quel pays, pour quel profil», énumère l’experte, soulignant qu’il «est peu probable que l’on assiste, dans les faits, à une multiplication de ces centres», explique-t-elle. 

Pour entrer en vigueur, cette proposition devra être approuvée par le Parlement européen et les Etats membres de l’UE. Le commissaire européen Magnus Brunner a dit espérer son adoption «dès que possible». 

Le premier pays à s’exprimer contre le projet est l’Espagne pour qui ce «projet ne respecte pas les droits humains». Les pays scandinaves et les Pays-Bas poussent au contraire pour la création de ces hubs, espérant même pouvoir lancer des initiatives très prochainement. 

«Nous avons essayé d’autres systèmes durant des années, ils ne fonctionnent pas», justifie Johan Forssell, le ministre suédois des Migrations, auprès de l’AFP. Les ONG de protection des exilés se mobilisent contre le texte, craignant, à l’image de l’International Rescue Committee, qu’il n’entraîne «une recrudescence des violations de droits humains». 

«Ces centres de retour sont la porte ouverte à des zones de non-droit et aux conditions de détention les plus affreuses pour les ressortissants de pays tiers», a renchéri l’eurodéputée écologiste Mélissa Camara, cité par l’AFP.  Madjid Makedhi

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