L’infatigable artiste peintre et plasticienne Djahida Houadef à l’Institut Cervantès à Alger avec une nouvelle collection de peinture très colorée.
Le ton est donné avec cette remarquable exposition de peinture intitulée «Musique aux couleurs méditerranéennes», qui se tient jusqu’au 19 mars. Cette éclatante exposition de peinture, réalisée entre 2023 et 2024, regroupe 25 œuvres aux dimensions variées.
Avec le doigté personnalisé de l’artiste Djahida Houadef, le regard est en admiration devant cette symphonie de tableaux aux tracés justes et aux couleurs vives. En observant de plus près ces acryliques sous toiles, on distingue des scènes de vie qui évoquent la richesse et la diversité de la musique algérienne avec toutes ses fusions ancestrales et universelles.
On distingue également une redondance de femmes à l’allure élégante, à la beauté ineffable et une luminosité propre à la Méditerranée. Avec la philosophie qu’on lui connaît et avec une grande sagesse, l’artiste peintre Djahida Houadef explique : «La musique est une expression artistique adoptée par toutes les couches sociales quel que soit le niveau intellectuel, écoutée par les petits et grands, elle nous transporte, mais porte aussi des messages, revendique et réalise des acquis.»
On l’aura compris, cette exposition se décline sous la forme d’une collection qui se veut être caractérisée par une culture d’ouverture, de spiritualité et d’apprivoisement entre les individus, les sociétés et les nations, c’est du moins ce que rappelle notre brillante plasticienne.
Elle explique aussi que certaines pièces de cette collection portent aussi un hommage à quelques femmes artistes «qui ont mené un long combat contre les interdits, les tabous et les noirceurs appliquées sur l’image de la chanteuse, de la musicienne algérienne, qui a fait preuve de beaucoup de résistance, pour exprimer sa personnalité, son existence et son statut de femme artiste».
A titre d’exemple, l’œuvre intitulée «M’3alma» est un beau clin d’œil à Hasna El Becharia, «une rebelle et héritière d’une grande famille de musiciens gnawa, qui se révoltait en fabriquant elle-même son gombri et jouait en cachette. Et qui a réussi en bravant vents et marées pour mener sa musique à l’international», note Djahida Houadef. Dans «Pouvoir magique à la flûte», on aperçoit un flûtiste dératiseur, nettoyant une population d’une éventuelle peste.
Pour Djahida : «Un flûtiste en colère et offensé, kidnappeur d’enfants, se venge d’une promesse non tenue. Une nouvelle version de flûtiste au féminin, née sensible, rêveuse et d’un imaginaire à l’infini, soutenue par l’apprivoisement de la flore et la faune vu la beauté de sa nature, joue des rythmes porteurs de musicalité. Le souffle de sa flûte n’est pas vain, tous les oiseaux habités par la liberté et l’envol, la suivent pour ensemencer l’amour… Rien que l’Amour.» Dans «Les ondes des cœurs», un couple de femmes jouant au banjo et à la mandoline est en parfaite symbiose avec ses instruments musicaux.
Le regard de ces sujets est certes concentré, sur l’instrument, mais l’esprit surfe au gré de l’inspiration. Notre artiste Dajhida Houadef, dont la peinture n’a plus aucun secret pour elle, souligne que la programmation de cette collection en ce mois des droits des femmes n’est pas fortuite.
«C’est, dit-elle, une exposition qui marque un arrêt dans le temps, pour réviser l’histoire de toutes les luttes des femmes, mettre les points sur les réalisations, les initiatives et tout ce qu’il faut réglementer encore pour la considération de la femme, cet être humain, qui rêve, qui projette de construire un avenir robuste basé sur son égalité et sa complémentarité avec l’homme.
Une équation dans l’exactitude des valeurs qui permettra aux perspectives d’êtres vraies et surtout justes.»
En somme «Musique aux couleurs méditerranéennes» est une exposition à ne rater en aucun cas. Elle procure une bouffée d’oxygène colorée.
L’univers personnel et singulier de Djahida Houadef nous attire irrésistiblement. Les tons chaleureux, la précision des formes et la palette chatoyante suggèrent un talent et une intelligence, confirmant la maturité de cette artiste dans le développement d’un style propre qui irradie le regard de tout visiteur.