Exportations et diversification économique : Les conseils avisés de Ali Bey Nasri

10/06/2023 mis à jour: 07:01
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Photo : D. R.

Avec seulement 60 entreprises actives sur les 1629 recensées, l’Algérie fait face à un paysage d’exportation restreint. Cette réalité souligne l’urgence de mettre en place des mesures pour réduire la dépendance aux hydrocarbures et encourager une économie plus diversifiée.

Réformes procédurales, vision à long terme et exploration de secteurs porteurs sont nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux fixés et ouvrir de nouveaux horizons économiques. «Nous avons 1629 exportateurs recensés, dont seulement 10 entreprises représentent 80% du volume des produits exportés. Sur les 20% restant, 50 entreprises représentent 69%. Donc réellement, le paysage de l’export est très réduit.

Concrètement, sur les 1629 entreprises qui exportent, nous n’avons que 60 qui activent réellement. C’est un chiffre très faible qui ne nous permettra pas de réduire notre dépendance aux hydrocarbures et favoriser une économie plus diversifiée», a déclaré mercredi Ali Bey Nasri, consultant formateur à l’export, vice-président de l’Association nationale des exportateurs algériens, lors d’une conférence-débat organisée par le forum d’El Moudjahid et dont le thème a porté sur la diversité économique.

Ali Bey Nasri a insisté sur la nécessité de mettre en place tous les outils de facilitation du climat d’affaires et de l’activité d’exportation. «Nous pouvons mettre tous les objectifs possibles mais si nous n’avons pas le climat nécessaire et adéquat, les atteindre sera impossible. Justement, nous nous sommes surpassés depuis 2020 en atteignant des records en matière d’excédent commercial, notamment en exportations hors hydrocarbures. Cette année, les 13 milliards de dollars fixés comme objectif par le président de la République ne peuvent être atteints que si des mesures d’accompagnement sont mises en place. Avec les efforts de tous les acteurs jumelés, nous ne pourrons atteindre que 10 milliards de dollars.

C’est un challenge difficile à relever !» souligne-t-il, avant de s’étaler sur les actions à mettre en place pour y arriver. Selon M. Nasri, il est primordial de revoir tout le système procédural lié à l’activité de l’export. Il cite en premier lieu la loi sur le change, la fiscalité, la nécessité d’avoir une vision sur le long terme et surtout la diversification des ressources économique et l’exploitation du potentiel.

«Les décisions radicales n’ont servi aucune politique de l’Etat. Interdire l’exportation de certains produits agroalimentaires, comme le sucre ou les pâtes, fait perdre à la balance commerciale des rentrées énormes. Il aurait été plus judicieux de mettre en place les licences d’exportation avec un suivi numérisé de toutes les actions d’import et d’export. En tant que porte vers le continent, pourquoi ne pas initier des points de relais ou de transition des produits vendus en l’état destinés à des marchés hors le local. Les commissions que nous pourrions gagner de ces actions portuaires pourraient relever la balance commerciale», propose M. Nasri avant de s’étaler sur les secteurs porteurs qui peuvent carrément remplacer les hydrocarbures.

Il cite, dans ce sens, la céramique, les services, les minerais et métaux rares, le textile ou encore le pharmaceutique. Pour l’exportation de la production agricole, l’invité du Forum d’El Moudjahid n’a pas mâché ses mots en disant que le secteur est sous-qualifié et vieillissant.

La solution est, selon lui, d’encourager les jeunes diplômés des universités en mettant à leur profit tous les moyens, essentiellement des terres, pour lancer des projets agricoles innovants et intelligents. «Nous sommes dans un pays qui découvre de nouvelles terres chaque année. Plus encore, tout ce que produit l’Algérie se vend, y compris les escargots. Cela paraît un business banal, mais ils sont très demandés en Italie, voire dans toute l’Europe.

Si l’on veut sortir de la dépendance aux hydrocarbures, il faut élargir les horizons, faciliter les procédures, s’ouvrir au monde et surtout investir efficacement par secteurs d’activité et par zones d’excellence», abonde-t-il, avant de conclure en appelant les hautes autorités à faire un bilan de la stratégie nationale de l’exportation débattue et validée en 2018. 
 


 

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