L’annonce du 3 juillet, émanant des autorités chinoises et portant sur les nouvelles mesures d’exportation de gallium et de germanium à partir du 1er août, suscite l’inquiétude de l’Union européenne (UE).
Le fait que les exportations de ces deux métaux rares nécessiteront une licence avant de pouvoir être autorisées semble en effet soulever les appréhensions des partenaires européens de la Chine, qui a justifié ces mesures par la nécessité de «préserver la sécurité et les intérêts nationaux».
Cette décision intervient, faut-il le noter, quelques semaines après que les Etats-Unis aient renforcé les restrictions à l’exportation des semi-conducteurs vers la Chine, une manière de faire pression sur leurs alliés pour suivre la démarche. Une mesure qui ne fait qu’illustrer la rivalité technologique croissante entre les deux pays, et qui s’annonce lourde de conséquence sur l’Europe.
La Commission européenne s’est en effet dite hier «inquiète» des restrictions que la Chine va imposer sur les exportations de deux métaux rares, indispensables aux semi-conducteurs et dont elle est le principal producteur, Bruxelles appelant Pékin à respecter les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Et pour cause, ces restrictions interviennent dans un contexte de tensions internationales grandissantes autour des semi-conducteurs, sur fond de rivalité technologique avec les Etats-Unis, et alors que l’UE cherche à réduire sa dépendance aux matériaux critiques venant notamment de Chine.
«La Commission prépare une analyse détaillée de ces annonces et de leur impact potentiel sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et l’industrie européenne», a indiqué une porte-parole de l’institution reprise par l’AFP.
«La Commission est inquiète que ces restrictions à l’exportation n’aient rien à voir avec la nécessité de préserver la paix, la stabilité et les obligations de non-prolifération liées aux traités internationaux», autant de motifs invoqués par Pékin, a-t-elle poursuivi. «Nous appelons la Chine à adopter une approche où les restrictions et contrôles sont basés sur des considérations de sécurité claires dans le respect des règles de l’Organisation mondiale du commerce», a ajouté la porte-parole, selon qui l’UE pourrait envisager «des actions dans le cadre de l’OMC».
A titre indicatif, selon des chiffres de la Commission, la Chine représente 80% de la production mondiale de gallium, que l’on trouve dans les circuits intégrés, les LED et les panneaux photovoltaïques, et autant de la production planétaire de germanium, indispensable pour les fibres optiques et l’infrarouge.
La Chine, qui cherche à devenir autonome dans la conception de semi-conducteurs, dénonce ces mesures qui visent, selon elle, à maintenir la suprématie américaine dans ce domaine. La Commission a proposé en mars une nouvelle législation pour réduire la dépendance de l’UE aux matériaux critiques, avec l’objectif d’ici 2030 de ne pas dépendre d’un pays tiers unique pour plus de 65% de ses importations pour chacune des 18 matières premières jugées stratégiques.