Moscou a exprimé sa volonté de ne pas reconduire l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes. La Russie a, selon plusieurs médias, annoncé hier la fin «de facto» de l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes quelques heures après une attaque nocturne de l'armée ukrainienne avec des drones navals contre le stratégique pont de Crimée.
Signé en juillet 2022 sur les rives du Bosphore et déjà reconduit à deux reprises, l'accord, qui a expiré hier à minuit, a permis de sortir, en une année, près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, en dépit du conflit. Moscou affirme, à travers le porte-parole du Kremlin, que «dès que la partie (des accords) concernant la Russie sera satisfaite, la Russie reviendra immédiatement à l'accord sur les céréales». Ledit accord avait pour but de limiter les risques de famine dans le monde à la suite de la guerre en Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine, rappelle-t-on, a dénoncé à plusieurs reprises les obstacles à l'exportation des produits alimentaires et engrais russes, qui devait accompagner celle des produits ukrainiens. «Le principal objectif de l'accord, la livraison de céréales aux pays dans le besoin, notamment sur le continent africain» n'était, a-t-il considéré, «pas réalisé».
La Turquie, l'Ukraine et l'ONU ont été notifiés de la décision du Kremlin, a indiqué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Toutefois, le président turc Recep Tayyip Erdo-gan ne perd espoir de le voir aboutir et s'est dit même convaincu que son «ami M. Poutine veut poursuivre l'accord» permettant l'exportation des céréales d'Ukraine en mer Noire.
Berlin, de son côté, a appelé «la Russie à rendre possible la prolongation de l'accord» et «ne pas faire supporter les conséquences de ce conflit (ukrainien) aux plus pauvres de la planète».
Pour sa part, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a fermement condamné la décision «cynique» de Moscou alors que le gouvernement britannique l’a jugée, lui, «très décevante». L'attaque ukrainienne par drone naval qui a touché le pont de Crimée, reliant la Russie à la péninsule annexée de Crimée en 2014, a tué deux civils.
Le porte-parole du Kremlin a toutefois assuré que la décision de non-reconduction de l'accord et l'attaque n'étaient pas liés, expliquant qu' «avant même cette attaque, c'était la position du président Poutine». Grâce à cet accord, le Programme alimentaire mondial (PAM) a pu soulager une dizaine de pays en situation critique comme l'Afghanistan, le Soudan ou le Yémen.
En fin d’après-midi d’hier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, selon la presse, affirmé que Kiev était disposée à continuer ses exportations de céréales via la mer Noire malgré l'annonce par Moscou de la fin «de facto» de l'accord sur ces livraisons. «Même sans la Russie, tout doit être fait pour que nous puissions utiliser ce couloir (pour les exportations) en mer Noire. Nous n'avons pas peur», a-t-il indiqué, selon des propos partagés par son porte-parole Serguiï Nykyforov sur Facebook.