Le ministère des Transports a annoncé «l’exonération de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les billets du transport aérien des voyageurs, en provenance ou à destination de 10 aéroports du Grand Sud, dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de l’article 90 de la loi de finances 2022».
Cette mesure concerne les vols de et vers les aéroports «d’Adrar, Bordj Badji Mokhtar, Djanet, Illizi, In Guezzam, In Salah, Tamanrasset, Timimoun, Tindouf et In Amenas», mais va-t-elle pour autant relancer la destination touristique du Grand Sud ?
Les avis des professionnels du voyage sont partagés. Car la fréquentation dépend en grande partie aussi du nombre de vols et donc de l’accessibilité à ces territoires. Le ministère en question promet en tout cas que cette mesure sera «élargie aux aéroports des autres wilayas du Sud dans le cadre du projet de loi de finances complémentaire (PLFC) 2022».
Une mesure qui est censée, certes, relancer le tourisme au Sud, mais aussi de permettre aux habitants du Sud de découvrir les régions du nord du pays et surtout séjourner dans les stations balnéaires en été. Yacine Hammadi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, avait indiqué dans une précédente déclaration que «la révision des prix des billets d’avion vers les wilayas du Sud est une étape urgente pour stimuler le tourisme dans ces régions».
La réduction des prix du transport aérien était, selon lui, «une urgence après nos demandes répétées et un travail commun entre les ministères du Tourisme et des Transports et après la consultation du Premier ministre».
Tarifs préférentiels
Par ailleurs, Air Algérie permet, depuis quelques années déjà, aux agences de voyages de bénéficier «de tarifs préférentiels, lorsqu’il s’agit de réservation de groupes». Le gouvernement semble avoir pris conscience du fait que le tourisme et le transport aérien sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Le transport aérien est considéré par les spécialistes comme l’un des éléments qui compose le produit touristique, il est «crucial pour le tourisme», selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).
Et dans ce cadre, la compagnie aérienne nationale est considérée par le gouvernement comme partie prenante dans la nouvelle stratégie touristique. Sur le plan économique, les liaisons aériennes avec des prix raisonnables favorisent les déplacements des opérateurs vers les villes du Sud, une situation qui permet aux hôtels de travailler et augmenter leurs taux d’occupation (TO) des chambres en plus de la restauration.
Cela va aussi relancer les packagings et réactiver la convention avec Air Algérie et les hôtels. En d’autres termes, cela fera travailler les hôtels, les résidences et les partenaires du Sud. Une convention a été signée en décembre 2020 entre Air Algérie et le groupe public HTT dans le cadre du «comité de pilotage». Le but était de commercialiser des produits hôteliers et touristiques à des tarifs préférentiels, étudiés sous forme de packages.
Le tourisme interne est considéré comme important pour redynamiser le secteur dans le Sud et le Grand Sud. Un potentiel touristique encore inexploité à ce jour. La distance et la difficulté de se rendre dans le Grand Sud en avion sont un grand handicap.
Les propriétaires d’agences de tourisme de la région affirment que l’activité touristique reste l’otage de cette situation, car ni les agences de tourisme n’ont pu développer leurs activités, ni Air Algérie n’a réussi à développer un programme pour faciliter la tâche aux voyageurs qui souhaitent visiter les régions du Sud.
Des déplacements pour se soigner aussi
Le prix du billet n’est pas cher uniquement pour les touristes, mais aussi pour les citoyens qui souhaitent se déplacer du Grand Sud vers le Nord pour se soigner. Une grande frange de la population souffre en silence, car elle n’a pas suffisamment de capacités financières pour se déplacer vers le Nord. Brahim Hadj Nacer, manager général de Zyriab Voyages, pense que cette exonération de la TVA pour les billets d’Air Algérie est «assez intéressante pour les habitants du Sud et du Nord, car il y aura jusqu’à 5000 DA de différence et le prix sur Alger-Tamanrasset peut baisser jusqu’à 24 000 DA. C’est quand même 2 heures de vol.
En plus des 50% de réduction accordée comme tarif groupe aux agences de voyages vers Tamanrasset et Djanet. Air Algérie répond favorablement s’il y a de la disponibilité. Mais il faut préciser que c’est une initiative qui va plus profiter aux particuliers et aux couples qui vont faire une sacrée économie».
Il ajoute : «Elle rendra les déplacements plus faciles, mais il faut être franc, elle ne va pas pour autant relancer la destination du Grand Sud. Il faut la conjugaison de tous les efforts des opérateurs et intervenants de la chaîne touristique (hôteliers, agences...) pour que la destination puisse être plus fréquentée».