Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a insisté samedi dernier auprès du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, pour soutenir, au Conseil de sécurité de l’ONU, la résolution palestinienne demandant des sanctions contre l’entité sioniste afin de mettre fin à ses actions unilatérales en Palestine occupée, bafouant le droit international. Dans le même temps et sur proposition de l’Algérie et de l’Afrique du Sud au 36e Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba était éconduite de la salle la diplomate israélienne ayant statut d’observateur, telle qu’inscrite unilatéralement Israël par l’ancien secrétaire général de l’instance africaine. Cette délégation de l’entité sioniste s’était infiltrée de façon illégale aux travaux du sommet, indique-t-on officieusement du secrétariat du sommet de l’UA.
Depuis une dizaine d’années, la «colonisation» diplomatique de certains pays africains (dont le tout dernier en date est le Soudan) et du monde arabe, qui ont noué des relations multiformes avec cet Etat raciste, se fait au pas cadencé. Israël, aidé en cela par son protecteur invétéré les Etats-Unis (Exécutif, Congrès, médias et lobbies réunis), a normalisé ses relations avec nombre d’Etats et de gouvernements arabes et africains, comme le Maroc, et dont le «mariage» n’est pas admis et rejeté par leurs populations.
Quid des assassinats et des souffrances du peuple palestinien à Ghaza, Jerusalem-Est ? Qu’en est-il des implantations israéliennes en Cisjordanie et des agressions constantes de la police et des extrémistes israéliens sur l’Esplanade des mosquées ? Ces pays arabes, musulmans et africains regardent ailleurs quand les enfants palestiniens sont massacrés, et déroulent le tapis rouge aux services israéliens et à leurs batteries d’influence cybernétique allant jusqu’à peser et fausser des élections souveraines, comme ce fut le cas récemment au Burkina Faso de l’avis même d’une enquête récente menée par un investigateur d’un média français qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Comment un pays spoliateur, occupant aussi destructeur peut-il avoir la passivité, voire l’aval à la limite de la complicité de pays membres de la Ligue arabe ou de l’Union africaine sur le traitement humiliant et sanglant envers un peuple qu’il opprime depuis 75 ans ? Pourtant, l'initiative de paix proposée par l’Arabie Saoudite et adoptée ensuite par la Ligue arabe stipule une normalisation complète avec Israël en échange d’une solution à deux Etats selon les frontières de 1967. Israël a fait la sourde oreille, préférant, au su et au vu du monde entier, continuer à mener sa politique de colonisation et de répression meurtrière.
Suivant l’exemple d’Amnesty International, un léger frémissement a émané de pays européens et de Washington clouant au pilori la politique israélienne dans la région. En effet, peu auparavant, Amnesty avait énoncé, dans un document de 213 pages publié en avril 2021, que «les autorités israéliennes commettent des crimes contre l’humanité et persécutent des millions de Palestiniens». En janvier 2021, une organisation israélienne des droits de l’homme, du nom de B’Tselem, a publié un rapport pour dénoncer le traitement qu'Israël fait subir à la population palestinienne placée sous son contrôle, et qui s’apparente ni plus ni moins à de «l’apartheid», telle que cette notion est définie par le droit international.
Réactions tardives contre les annexions israéliennes
Quatre pays européens et les Etats-Unis se sont élevés, il y a une semaine, contre le projet israélien de légaliser neuf colonies en Cisjordanie occupée et de procéder à la construction de nouveaux logements dans les colonies déjà existantes. Ils se sont opposés fermement à ces nouvelles installations qui vont «à contresens du droit international». Dans une déclaration commune, Washington, Paris, Berlin, Rome et Londres se sont déclarés, par le truchement de leurs ministres des Affaires étrangères respectifs, fermement opposés à ces intentions qui ne font qu'accroître les tensions entre Israéliens et Palestiniens et qui «nuisent aux efforts visant à parvenir à la solution négociée de deux Etats». En vérité, le cabinet israélien a présenté ces projets comme étant des mesures de rétorsion après les attaques de jeunes Palestiniens qui ont fait trois morts à Jérusalem-Est. Les neuf colonies projetées étaient jusque-là soi-disant illégales, car n’ayant pas reçu l’aval, au regard du droit israélien, du gouvernement. Pour l’ONU, toute entreprise de colonisation en Cisjordanie est illégale au regard du droit international. Les cinq pays signataires, «profondément préoccupés» par cette annonce, rappellent dans leur communiqué qu’«une paix globale, juste et durable au Proche-Orient doit être obtenue par des négociations directes entre les parties». Et de se lancer dans une profession de foi qui n’a jamais eu d’application réelle sur le terrain. Bien que le communiqué précise que ces Etats continueront à «suivre de près l’évolution sur le terrain portant atteinte à la viabilité de la solution à deux Etats et à la stabilité de la région dans son ensemble».
Près de trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie et voient, au fil des expropriations qui leur sont imposées, leur territoire se rétrécir au point d’avoir perdu depuis 1967 la moitié de sa superficie au profit des colons et des casernements militaires. Cette déclaration vient trouver donc une population palestinienne désabusée et qui ne croit plus en des déclarations d’intention occidentales qui restent sans lendemain. Israël a de tout temps agi impunément en terrain conquis au su et au vu de la communauté internationale. Car au bout de 55 ans d’occupation, rien n’a été fait pour endiguer cette invasion. Au contraire, le silence des principales capitales du monde et particulièrement les Etats-Unis a encouragé l’entité sioniste à étendre sa mainmise territoriale et confiner les Palestiniens dans des poches réduites, d’où ils ne peuvent se mouvoir sur le reste de la Cisjordanie.
On dénombre près de 130 colonies israéliennes et plus de 100 avant-postes militaires ainsi que des consernements fortifiés. Depuis donc 1967, la colonisation de ces Territoires palestiniens occupés militairement a été rampante et graduelle jusqu’à atteindre aujourd’hui près de 700 000 colons contre une population palestinienne estimée à trois millions d’individus. Les colonies en tant que telles ne sont rendues importantes que par les routes réservées à l’usage exclusif des Israéliens, les bases militaires, les zones tampons ainsi que la surface contenue de part et d'autre du mur de séparation (dit de sécurité), inaccessibles aux Palestiniens. Additionnées, toutes ces occupations s’étalent sur 50% de la superficie de la Cisjordanie d’avant 1967.
Tous les gouvernements israéliens qui se sont succédé depuis cette date, quelles que soient leurs couleurs politiques, ont travaillé activement à l’expansion et à la multiplication des colonies dans les Territoires palestiniens occupés. Face à la densité croissante de celles-ci, les colonies représentent aujourd’hui un obstacle majeur à la création deux Etats israélo-palestiniens et leur démantèlement devient au fil du temps problématique. C’est le but qu’ont toujours poursuivi les gouvernements sionistes, celui de bloquer tout processus de paix et maintenir le statu quo au désavantage des Palestiniens sous occupation constante. Les difficultés nées de ces occupations sont complexes et travaillent à terme pour l’annexion totale de la Cisjordanie. D’abord parce que une catégorie d'extrémistes religieux sont attirés par ces installations pour assouvir leurs croyances «bibliques» radicales, selon lesquelles toute la région comprise entre le Jourdain et la Samarie appartiendrait en exclusivité au peuple juif. Ces colons n’hésitent pas à recourir à la violence contre les populations palestiniennes. L’installation de fait de ces Israéliens déplacés par le gouvernement en Cisjordanie et sous la surveillance de l’armée s’est également accomplie pour des raisons stratégiques.
Au regard du droit international, cette occupation est illégale, mais le gouvernement israélien, signataire de la quatrième convention de Genève, n’hésite aucunement à fouler au pied celle-ci. Idem pour le statut de Rome, qui définit le transfert de population d’une puissance occupante vers le territoire occupé comme un crime de guerre. De ce fait, Israël est passible du Tribunal pénal international (TPI) dont les règles sont précisément énoncées par le statut de Rome et fait encourir des accusations réprimées par le CPI comme un «crime de guerre». Avant cela, en 2004, la Cour internationale de justice a statué sur un tel méfait sioniste stipulant qu’il était contraire au droit international. Plus loin dans le temps, en 1980, la résolution 465 du Conseil de sécurité de l’ONU souligne que toutes dispositions prises par Israël pour la construction des colonies contrevient directement au droit international dont la quatrième convention de Genève, qui en précise les atteintes criminelles. Israël a toujours vécu dans l’impunité et au mépris du droit international et n’est pas prêt à renoncer à ce statut particulier soutenu, vaille que vaille, par le veto inconditionnel des Etats-Unis au Conseil de sécurité.