Les rédacteurs du rapport de l’ex-Cnuced estiment que la diminution des flux d’IDE vers le secteur manufacturier «entrave gravement» la capacité des économies moins développées à moderniser leurs méthodes de production et à adopter de nouvelles technologies.
Le paysage complexe de l’investissement direct étranger (IDE) mondial a fait l’objet d’un rapport de l’ONU Commerce et Développement (ex-Cnuced). Le rapport met en lumière dix changements transformationnels dans les priorités d’investissement vers les industries et les régions, telles que redessinées par les tendances sur les chaînes de valeur mondiales et les dynamiques géopolitiques.
Il souligne la nécessité d’intégrer la durabilité et le développement dans les stratégies d’investissement. Un diagnostic en 10 tendances de l’IDE et de leurs implications pour le développement fait ressortir, comme il fallait s’y attendre, que les tensions géopolitiques affectent de plus en plus les flux d’IDE dans le monde.
En effet, et selon le rapport, les investissements entre pays géopolitiquement éloignés – ceux qui ont des intérêts politiques ou des politiques étrangères divergents – ont diminué de 23% en 2013 à 13% en 2022. «Cette tendance est devenue particulièrement prononcée dans l’industrie manufacturière lorsque les tensions commerciales ont commencé à s’intensifier en 2019», a-t-on précisé. Aussi, l’IDE peine à suivre le rythme du PIB et du commerce.
Le rapport indique que depuis 2010, le PIB mondial et le commerce ont augmenté en moyenne de 3,4% et de 4,2% par an, même dans un contexte de tensions commerciales croissantes. Dans le même temps, la croissance de l’IDE a stagné à un niveau proche de zéro.
Ce décalage, explique-t-on, reflète «la prudence accrue des investisseurs en raison de l’évolution de la production internationale et des chaînes de valeur mondiales, de la montée du protectionnisme et de l’aggravation des tensions géopolitiques». Il souligne également que les pays en développement dont le développement économique dépend des investissements directs étrangers sont particulièrement vulnérables aux variations de flux d’investissement.
Une des tendances qu’à fait ressortir aussi le rapport de l’ONU commerce et développement est la marginalisation accrue des pays moins développés. «Les flux d’investissement mondiaux privilégient de plus en plus les secteurs des pays développés et des principaux marchés émergents.
Cette orientation étroite tend à exclure les pays plus petits et moins développés, ce qui aggrave leur vulnérabilité économique», a-t-on souligné. Et de préciser que la part des projets d’IDE dans les pays les moins avancés (PMA) est passée de 3% au milieu des années 2010 à seulement 1%. En outre, l’IDE dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure a diminué d’un tiers au cours des deux dernières décennies.
Les IDE dans les services augmentent
Par ailleurs, les flux d’investissements sont en train d’augmenter dans les services et de stagner dans les industries manufacturières. Et d’indiquer qu’entre 2004 et 2023, la part des nouveaux projets transfrontaliers dans le secteur des services est passée de 66 à 81%. Simultanément, les investissements dans les services au sein des industries manufacturières ont presque doublé pour atteindre environ 70%, sous l’effet des progrès technologiques rapides.
En revanche, l’IDE vers l’industrie manufacturière a stagné pendant deux décennies avant de connaître un ralentissement significatif, avec un taux de croissance annuel composé négatif de -12% au cours des trois années qui ont suivi l’épidémie de Covid-19.
Les rédacteurs du rapport de l’ex-Cnuced estiment que la diminution des flux d’IDE vers le secteur manufacturier «entrave gravement» la capacité des économies moins développées à moderniser leurs méthodes de production et à adopter de nouvelles technologies.
En outre, il a été question de la diminution du rôle de l’IDE en Chine, puisque les multinationales ont montré moins d’enthousiasme à lancer de nouveaux investissements en Chine, selon le rapport. «Toutefois, le pays occupe toujours une position dominante dans l’industrie manufacturière et le commerce mondiaux, ce qui témoigne d’une transformation de son modèle de production international», a-t-on tenu à souligner.
Comme il a été mis en exergue la hausse en flèche des investissements vers les technologies environnementales, puisque les IDE dans les technologies environnementales telles que l’énergie éolienne et solaire se sont révélés être le secteur à la croissance la plus rapide en dehors des services. Leur part dans le total des nouveaux projets dans les secteurs autres que les services est passée de 1% à 20% au cours des deux dernières décennies.
De même, les projets d’IDE dans la fabrication de véhicules électriques et de batteries ont augmenté de 27% par an depuis 2016. Enfin, l’ONU Commerce et Développement a recommandé une action immédiate pour garantir que les bénéfices de l’investissement soient distribués plus équitablement et soient alignés sur des objectifs de développement primordiaux.