Si elle a irrité les autorités algériennes, la récente résolution du Parlement européen sur la question des droits de l’homme n’a pas créé de crise majeure et les choses semblent s’estomper.
Alger s’est gardé de répondre de manière officielle à l’institution, laissant à divers milieux de la société politique et civile le soin de le faire en insistant sur sa posture de «deux poids deux mesures» dans de multiples dossiers, le plus flagrant concernant la question palestinienne : hormis quelques courageux députés, le Parlement européen s’est toujours gardé d’aller au fond du problème qui est la perpétuation, depuis 1948, d’un hideux système d’apartheid en Palestine avec un volet racial et une facette répressive.
La finalité israélienne de ce système est de parvenir à terme, par le sang et la terreur, à un «grand remplacement» des Palestiniens par des colonies juives, tout cela au grand jour, avec la collaboration directe et indirecte des nations occidentales. Cette évolution, qui est en train d’être accélérée par de fanatiques gouvernements d’extrême droite, n’est pas vue par le Parlement européen.
Elle mène pourtant et inexorablement vers le gommage définitif de l'identité palestinienne. Sur un autre dossier, celui de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les parlementaires ont renoncé à la posture noble qui aurait dû être la leur, celle de l’encouragement de la négociation et la recherche de la paix.
Au lieu de cela, le Parlement s’est engouffré dans le sillon de la guerre systématique contre la Russie, tracé par les capitales européennes et Bruxelles, sous la houlette des Etats-Unis. Certes, il doit être tenu compte du sort de la population ukrainienne, mais le devenir du peuple russe ne peut être mis de côté, encore moins sacrifié, dans cette guerre vis-à-vis de laquelle nombre de pays émergents ou du tiers-monde ont choisi d’être neutres et surtout positifs pour préserver la paix dans le monde. Le Parlement européen ne peut cautionner une évolution visant à faire de la Russie et de son peuple des «parias» dans le monde.
Pour en revenir à la résolution sur l’Algérie, le silence des autorités officielles algériennes n’indique pas nécessairement qu'elles y sont insensibles. Certaines critiques ou propositions jugées censées sont susceptibles d’être prises en considération, mais avec le temps dans un climat apaisé.
Il faut attendre et espérer. Pour l’heure, le plus urgent pour les autorités est de sauvegarder le processus de normalisation des relations entre Paris et Alger, le point d’orgue étant la visite fin juin du président Tebboune en France. Alger semble avoir relativisé le fait que l’aile macronienne à Bruxelle a pesé pour que soit adoptée la résolution.
Elle ne veut pas y voir un geste grave d’hostilité susceptible d’aboutir à l’annulation pure et simple du déplacement à Paris, déjà reporté dans le sillage de l’affaire Amina Bouraoui. Le président Macron avait affirmé il y a quelques temps, et cela semble être toujours d’actualité, «qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que l’on fait depuis des années maintenant avec l’Algérie ne réussisse pas».
Paris et Alger semblent vraiment ne pas voir s’installer de nouveau une grave tension, alors même qu' il y a beaucoup à faire entre les deux capitales sur les plans de l'économie, des flux migratoires, de la mémoire et de la sécurité. Macron avait mis en avant l’«énorme travail sur la mémoire» entre l’Algérie et la France. «On va continuer ce travail avec nos jeunesses, on a fait un gros travail sur le plan économique et militaire», citant la visite du général d’armée, Saïd Chanegriha, en janvier en France.
Le chef d’Etat français a aussi évoqué la question de la mobilité et des visas avec l’Algérie, affirmant qu’il a confié au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères la mission d'établir une politique claire de lutte contre l’immigration clandestine sans qu’il y ait un impact sur les étudiants, les artistes et le rapprochement entre les familles.