Esprit maléfique

20/04/2022 mis à jour: 00:12
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C’est quasiment une habitude obsessionnelle qu’à chaque Ramadhan que Dieu fait, des intégristes périmés par le temps et surtout la raison tentent vainement de marquer leur présence. 

L’occasion du mois de la piété et de la spiritualité est interprétée par leur esprit étroit comme un moment sacré pour imposer leurs idées ténébreuses. Pourtant, dans toutes les choses de la vie. Ils jettent leur dévolu sur la femme et sur l’expression de la joie de vivre. Les résidus de la décennie noire distillent, par à-coup, leur force de nuisance à l’endroit des activités culturelles. Les faits et gestes de la femme sont minutieusement passés au peigne fin dans ses rôles d’actrice des séries télévisuelles. Tout passe au crible d’une morale étriquée. Même la trajectoire d’un regard n’a pas échappé à la quête d’un quelconque motif d’allure scandaleux. Une scène, pour le moins anodine, du feuilleton Babor ellouh a servi d’argument inespéré aux tenants de cette morale pour monter au créneau en criant au scandale. 

La vertu du mois sacré est violée. La sentence est sans appel, cautionnée même par le zèle d’une institution de la République. C’est encore une fois de plus la réincarnation de l’histoire de «la vieille qui arrêta un voleur», osons-nous qualifier ce tragique épisode dans la scène cinématographique nationale. 

La spéculation sur les produits alimentaires, particulièrement ceux de première nécessité, la triche criminelle sur la qualité de ces produits ainsi que l’augmentation effrénée de leur prix ne semblent pas préoccuper un tant soit peu l’esprit de ces bien-pensants. Ils sont peut-être considérés comme péchés mignons, facilement excusables. Lors de la prière du vendredi, il est préféré de rabâcher les sempiternelles histoires du moyen-âge que de faire face aux problèmes du quotidien, loin des stéréotypes et autres mimétismes du passé. 

La toute récente sortie scandaleuse d’un imam illuminé d’Imchadalen, à l’est de Bouira, relance le débat des libertés en général et l’utilisation de la religion au service d’une idéologie rétrograde. Honteusement, ce nervi n’a pas trouvé mieux pour perturber une soirée artistique autorisée que de lancer insultes de tous genres à l’adresse des festoyeurs avec force décibels du mégaphone de la mosquée hermétiquement fermée. Ce énième dérapage d’une personne censée rassembler les citoyens réduit l’estime infinie dont jouissait autrefois l’imam à l’intérieur du pays. La manipulation du fait religieux à des fins purement politiques a fini par redéfinir les rapports entre fidèles et «imamat». La relation prend dangereusement l’allure de dominés-dominant. Et pour mieux souligner cette intrusion insensée, la passerelle de la communication a grandement rétréci. 

L’arabe académique en vigueur dans les mosquées des zones rurales laisse sur leur faim la majorité des fidèles. La tutelle des Affaires religieuses, par le biais de ses structures régionales, doit travailler en étroite collaboration avec les populations locales représentée par une kyrielle d’associations pour instaurer un climat serein loin de l’autoritarisme attentatoire à l’esprit de la tolérance et du vivre-ensemble.

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