Le nom de la ville de Kouba lui vient du mot arabe qûbba, allusion à un mausolée coiffé d’une immense coupole dominant autrefois la plaine et le port d’Alger. A une certaine époque, les femmes affluaient de toutes parts dans l’enceinte de ce marabout, elles s’installaient sous l’ombre d’un énorme olivier qui l’ombrageait, s’y livraient à des collations et des papotages. Ce dôme (qûbba) fut bâti en 1543 par Hadj Pacha, dont le nom complet est El Hadj Bachir ben Ateladja le Turc, un dignitaire qui avait sa résidence de plaisance dans le coin. Ce dernier exerçait à cette époque le commandement de la Régence d’Alger, d’où d’ailleurs l’appellation ancienne de fahs qûbbat El Hadj Pacha, qui fut par la suite par une tendance à l’abréviation raccourcie pour devenir fahs El Qûbba, puis finalement El Qûbba ou carrément Kouba.
Implantée sur le sommet des collines verdoyantes du Sahel algérois, à 127 mètres d’élévation, El Qûbba est l’une des grandes villes des faubourgs d’Alger. De cette situation élevée, comme tant d’autres lieux qui couronnent les hauteurs de cette localité, on peut jouir d’un panorama à couper le souffle avec sur le versant septentrional des pentes qui descendent pour rejoindre la plaine du littoral ainsi que la baie d’Alger et son port. Du côté méridional, on peut observer la chaîne de l’Atlas et la sublime Mitidja qui se déploie majestueusement à son pied.
Son territoire vallonné était naguère arrosé par un réseau de cours d’eau à l’image de l’oued Ouchayah coulant à l’est ou l’oued El Akbi au sud. A cause du phénomène d’urbanisation rapide, bien d’autres ruisseaux ont été tout simplement asséchés ou canalisés, à l’instar de l’oued Garidi à l’emplacement de l’actuelle rocade sud ou encore l’oued El Kniss, le cours d’eau qui balaie en dialecte local, traversant la partie septentrionale de l’agglomération.
Il y a longtemps, le site choisi pour la fondation de la ville d’El Qûbba était un milieu campagnard, sillonné de nombreux sentiers ombragés où dandinaient les mulets chargés de marchandises et où circulaient les diligences transportant les voyageurs d’Alger vers Blida. Son territoire vierge était dominé çà et là de cultures de maïs ou de potagers de légumes agrippés à flanc de coteau.
En périphérie de la bourgade primitive se voyaient quelques jardins fleuris, cernant des résidences de luxe mauresques à peine dissimulées derrière une végétation exubérante, aux branchages penchant gracieusement par-dessus des clôtures badigeonnées à la chaux. Au fil des siècles, ces espaces ont été littéralement transformés, laissant place aujourd’hui à un territoire entrecoupé d’une multitude de lotissements constitués de cités-dortoirs, de villas somptueuses et de grands immeubles de verre et d’acier.
Installation des premières colonies
Le centre de colonisation originel fut fondé en 1832 au quartier El Qubba Leqdima (Vieux-Kouba) à l’emplacement de djenane Kaïd Ali qui avait fait, à ce moment-là, l’objet d’un séquestre. Dans cette affaire, l’autochtone Ibrahim el Hanafi ben Mustapha ben Kaïd Ali, ne fut indemnisé que huit ans après avoir été dépossédé. Parmi ces jardins mauresques expropriés l’on peut également citer les propriétés de Ben Abdeltif, de Garidi, ou encore ceux qui étaient connus sous les noms de djenane El Bekkai et djenane Ezzaouia.
Les familles pionnières européennes qui inaugurèrent la colonie d’El Qubba étaient issues de diverses origines : bavaroise, wurtembergeoise, suisse et même alsacienne. Celles-ci avaient été détournées parmi des candidats à l’émigration vers l’Amérique au port du Havre et envoyées peupler les deux nouveaux centres de population d’El Qûbba et Dély Ibrahim.
Les mauvaises conditions climatiques et sanitaires contraignent, en 1833, les autorités en place d’abandonner le Vieux Kouba, puisque situé dans une profonde vallée insalubre, pour un autre lieu plus confortable. Le choix s’arrêta sur l’emplacement des propriétés dénommées respectivement Djenane Abdelatif et Djenane Souk Ali autrement dit dans l’actuel centre-ville qu’on désignait jadis sous le nom de Qûbba Neuf, El Qûbba j’dida par opposition au hameau initial que nous avons mentionné précédemment.
El Qûbba lekdima est l’un des deux noyaux initiaux de la ville d’El Qûbba où vivait une ancienne population autochtone. Leur douar se blottissait par le passé dans un paysage de toute beauté, composé de quelques habitations rudimentaires, de prairies et de plantations cernées de haies naturelles infranchissables de figuiers de Barbarie. Un vieux café maure jouxtait cet ancien espace de vie, celui-ci apparaissait comme un lieu de rencontres et d’échanges incontournables pour les habitants primitifs.
Au tout début de son existence, El Qûbba comptait en réalité trois petits villages, l’un d’eux longtemps surnommé le quartier de Vieux-Kouba où s’y implantaient simultanément mais séparément, le douar des autochtones et le premier centre civil européen qui lui, jouxtait la première garnison française. Le troisième hameau était celui appelé le nouveau Qûbba, placé lui aussi dès le départ, juste à proximité d’un camp militaire.
Le nom de la ville de Kouba lui vient du mot arabe qûbba, allusion à un mausolée coiffé d’une immense coupole dominant autrefois la plaine et le port d’Alger. A une certaine époque, les femmes affluaient de toutes parts dans l’enceinte de ce marabout, elles s’installaient sous l’ombre d’un énorme olivier qui l’ombrageait, s’y livraient à des collations et des papotages.
Ce dôme fut bâti en 1543 par Hadj Pacha, dont le nom complet est El Hadj Bachir ben Ateladja le Turc, un dignitaire qui avait sa résidence de plaisance dans le coin. Ce dernier avait exercé à cette époque le commandement de la Régence d’Alger, d’où d’ailleurs l’appellation ancienne de fahs qûbbat El Hadj Pacha, qui fut par la suite par une tendance à l’abréviation raccourci pour devenir fahs El Qûbba, puis finalement El Qûbba, transcrit présentement Kouba.
L’ancien mausolée turc disparu vers 1848, remplacé en plein cœur de la cité par l’église Saint-Vincent de Paul qui arbore une silhouette néo byzantine. L’esplanade qui jouxte cet ancien lieu de culte est vraiment unique en son genre, elle a l’aspect d’une grande terrasse offrant des points de vue dignes des plus belles cartes postales.
El Qûbba était considéré comme un lieu de villégiature très prisé des grosses fortunes et des hauts dignitaires turcs dont certains avaient édifié ou se rendaient tout simplement acquéreurs de fabuleux palais émergeant au milieu des vertes frondaisons comme de jolis gros cubes blancs réalisés dans le style oriental.
Jardins luxuriants et étendues vierges
L’on citera entre autres jardins mauresques, djenane Ben Omar, djenane M’hamed Si el Haoues, djenane Chaouch, localisé naguère entre El Qûbba et Gué-de-Constantine, djenane Cheikh Ali Ben Amin, plus connu sous le nom de villa Dar Ben Redouane. Il existait une autre propriété non moins célèbre qui appartenait au khaznadji, le trésorier du dey d’Alger, connue sous le nom de djenane Boudharba. Celle-ci s’implantait à mi-chemin entre les quartiers d’El Qûbba j’dida et El Qubba Leqdima, servit au lendemain de l’occupation de caserne aux troupes.
Ces années-là, les alentours immédiats de cette localité du Fahs algérois s’apparentaient à une contrée sauvage, où l’homme pouvait être exposé à bien de dangers. Le journal Akhbar, paru le 5 février 1852, signalait une fillette dévorée par une panthère dont nous vous soumettons ici un extrait.
«Samedi dernier, vers trois heures du soir, l’épouse d’un colon espagnol était occupée dans un champ à moitié défriché, situé à quelque distance de Kouba et à proximité des hautes broussailles. Elle avait avec elle sa petite fille âgée de quatre ans qu’elle avait déposée à l’ombre, sous une touffe de palmiers nains. Tout à coup, un cri perçant se fait entendre. La femme se redresse. Que voit-elle ? Une panthère qui était sortie du fourré et qui tenait entre ses dents sa fillette, et la regardait elle-même avec des yeux flamboyants.
A cet instant, la malheureuse mère demeure sans mouvement, sans voix, et comme pétrifiée. Le fauve profitant de cet instant d’indécision, s’éloigne avec sa proie, et, d’un bond, s’enfonce dans les broussailles. Alors, la femme s’élance sur les traces de sa fille qui venait de disparaître en tendant vers elle ses petits bras... La panthère, en se glissant au milieu des broussailles ainsi qu’un serpent, avait déjà gagné du terrain.
La femme pouvait deviner la direction de sa marche, à l’agitation des feuilles et des branches, et, d’ailleurs, elle était guidée par les gémissements de son enfant. Pendant plusieurs minutes, elle poursuivit la panthère au milieu de ce fourré inextricable. On dit qu’elle trouva d’abord un des petits souliers de l’enfant, puis, à quelques pas, accrochée à une branche d’aloès, un lambeau d’indienne provenant de sa robe ...puis son autre soulier... puis des gouttes de sang toutes fraîches qui rougissait la terre… La femme tomba ensuite évanouie et ne sera retrouvée qu’une heure plus tard, par son mari.»
La toute première mairie du bourg était logée dans une vieille maison autochtone qui, autour de 1889, menaçait déjà ruine et dont on ne retrouve désormais plus aucune trace. La deuxième dans l’histoire de la ville occupait un des points culminants du quartier El Qûbba neuf, accostée alors de chaque côté des deux petits pavillons des écoles de filles et de garçons. L’hôtel de ville qui l’a remplacée depuis 1935 surplombe à présent une large esplanade.
L’immeuble l’abritant se présente sous la forme d’un grand corps central, adossé de deux ailes de bâtiment. Au niveau de l’aile droite, au rez-de-chaussée, il y a le service d’état civil, tandis que l’aile gauche accueille un poste de police.