Érosion du pouvoir d’achat : L’activité commerciale impactée

18/02/2022 mis à jour: 02:55
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La hausse des prix des produits de large consommation a gravement entamé le budget et le moral des classes les plus défavorisées, et même de la classe moyenne, gagnée elle aussi par la précarisation sociale. 

Avec la crise économique qui s’installe dans la durée, les ménages ont changé leurs habitudes de consommation, entre économies et privations. L’effondrement du pouvoir d’achat des Algériens, couplé à la stagnation des salaires, n’a pas été sans conséquences sur les commerces de détail, touchés principalement par le recul des ventes, de l’avis des commerçants et des consommateurs. «Avec la hausse généralisée des prix des produits alimentaires, je dois avouer que ne je ne peux plus m’offrir certains produits autrefois accessibles, comme les bananes et les dattes, dont les prix sont actuellement hors de portée. Cela fait longtemps que je fais attention à mes dépenses.

 C’est scandaleux qu’on en arrive au point où l’on réduit la population à vivoter», peste un enseignant d’une école publique, accosté à la sortie d’une supérette de proximité, sise au quartier populaire de Belouizdad. Pour tenter de joindre les deux bouts, ce salarié de la Fonction publique, qui cumule un second emploi, dit prodiguer des cours privés aux particuliers. 

Comme lui, de nombreux Algériens, déjà durement affectés par la crise sanitaire, sont confrontés à des fins de mois compliquées. «Les Algériens achètent de moins en moins et c’est compréhensible au vu du pouvoir d’achat qui ne cesse de se détériorer. Cette situation se répercute négativement sur notre chiffre d’affaires. Les pouvoirs publics se montrent impuissants devant la dérégulation du marché», déplore le propriétaire d’une supérette, mitoyenne à la place du 1er Mai. Conséquence de la faiblesse du pouvoir d’achat, la liste des personnes qui font des achats à crédit auprès de ce magasin de proximité s’allonge. «Avec les différentes charges à honorer, dont le loyer et les taxes, c’est très difficile de sortir la tête de l’eau», se plaint-il. 

Celui-ci n’est pas le seul à se plaindre de la baisse de la consommation. «C’est clair. Les Algériens ont bien réduit drastiquement leur consommation de viande rouge, dont les prix sont inabordables, y compris pour la classe moyenne. Idem pour la consommation du poulet, autrefois accessible. De nos jours, les citoyens s’approvisionnent en petites quantités ! Nos revenus s’en trouvent grandement affectés, alors qu’on doit faire face à des charges qui sont en hausse. Tenir un commerce dans ces conditions n’est plus rentable», soutient le propriétaire d’une boucherie. 

Ce dernier confie que certains magasins du quartier ont mis la clé sous le paillasson depuis quelques années déjà. 
La même tendance est également observée dans les magasins d’habillement. «Avec l’effondrement du pouvoir d’achat qui remonte déjà à plusieurs années, nous enregistrons une baisse des ventes dans notre magasin. On est loin de la période de l’aisance durant laquelle les consommateurs pouvaient s’offrir, par exemple, deux articles pour le prix d’un. 

Evidemment, cela nous inquiète de plus en plus ! On ne sait plus de quoi sera fait demain !» affirme le gérant d’un magasin de vêtements algérois. Ce dernier pointe un doigt accusateur vers les gouvernements successifs, responsables, à ses yeux, de la «crise économique» qui n’en finit pas. 

Il soulève également la problématique de l’informel qui parasite toute action de soutien à la consommation. «Nous payons trop de charges, contrairement aux commerçants qui travaillent dans le secteur informel. Si la situation persiste, on songe à fermer boutique et changer d’activité», conclut ce commerçant.

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