Suite aux feux de forêt qui ont touché la région de Béjaïa, de nombreuses opérations de dépollution de l’environnement ont été engagées par les collectivités locales, avons-nous constaté.
En parallèle, le débat autour de la problématique des dépotoirs sauvages est relancé à travers les médias publics, montrant l’ampleur de l’échec des responsables locaux dans la mise en place des structures, comme les Centres d’enfouissement techniques (CET) et l’installation des décharges contrôlées. Faisant état de plusieurs projets de CET et de décharges contrôlées bloquées par des oppositions citoyennes ou par l’absence d’assiettes foncières, le wali a jeté la balle dans le camp des élus locaux, notamment, les P/APC.
Il a suggéré, comme l’une des solutions pour résoudre le problème de manque de foncier, que «L’Etat est même prêt à acheter des terrains qui serviront pour la réalisation des décharges contrôlées, afin d’éradiquer les dépotoirs sauvages», comme celui de Aokas, près des plages, de celle de Taskeriout, de la région de Sidi Aïch où des citoyens se sont opposés farouchement à ces installations.
A titre d’exemple, sur le CW21, reliant la pénétrante de Béjaïa à la RN26, le décor de cette route, qui traverse des champs de pastèques et de melons, est abîmé par la décharge d’Amizour, implantée au cœur d’une ferme pilote.
Il y a au moins 5 ans, l’APC d’Amizour, confrontée au problème d’installation d’une décharge au profit de la commune, a été obligée «de tronquer pas moins de 12 hectares de terres agricoles», selon le rapport d’une association écologique, pour y implanter un dépotoir provisoire.
Mais voilà que l’absence de nouvelles alternatives et le peu d’entrain des responsables, à trouver une solution définitive, a installé ce chancre dans la durée. Créée par l’APC au milieu de terres agricoles et près du lit de la Soummam, le dépotoir menace en premier lieu la santé publique à travers l’infection de l’eau, des plantations et de l’air chargé de particules nocives et des odeurs nauséabondes, respirées par les usagers de la CW21 et des riverains sur plusieurs kilomètres à la ronde.
L’odeur, la fumée et parfois des sacs en plastique portés par le vent, traversent plusieurs kilomètres, avant d’être déposés sur des hectares de champs cultivés et jusqu’à dans les agglomérations. Des habitants de Boukhalfa, un des plus grands villages d’Amizour en termes du nombre de la population, attestent eux aussi, «qu’il n’est pas rare où l’on sente ces odeurs qui émanent de la décharge sauvage d’Amizour, sise à 1 km à vol d’oiseau des premières maisons».
Dans cette localité, une proposition de création d’une décharge intercommunale, à la lisière de trois communes relevant de la daïra d’Amizour, n’est toujours pas exploitée sérieusement pour connaître les véritables motifs du blocage de cette option. La décharge de Bourbatache, responsable de nombreux départs de feu, a été certes, fermée officiellement le mois de juin de l’année passée par l’ex-ministre de l’Environnement. Seulement, selon le constat des riverains, «elle n’a pas cessé de recevoir les ordures, qui sont éliminées par incinération».
Cependant, une enveloppe de 10 milliards de centimes a été mobilisée par le ministère de l’Environnement pour son éradication et l’aménagement du site. Reconnaissant le retard mis pour sa mise en service, les responsables de l’APC d’El Kseur estiment qu’à présent, la nouvelle décharge contrôlée est fin prête.
L’éradication de cette décharge, située au cœur d’un massif forestier, bute sur l’opposition des citoyens. Recevant comme toutes les décharges, des déchets de toutes natures, le volume des amas d’ordures est réduit en lui mettant le feu, augmentant ainsi les risques d’incendies gigantesques.
Ce genre de décharges «empoisonne le sol et les cours d’eaux puisqu’elles se situent près des cours d’eau, et au milieu des forêts», estime Karim Khima, président de l’association Ardh, qui appelle «à l’adoption d’une vraie politique de gestion des déchets comprenant des solutions de tri, de récupération et de recyclage des déchets valorisables».