Entrepreneuriat en Algérie : La recherche, parent pauvre des budgets des entreprises

15/11/2023 mis à jour: 17:36
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Le président du CREA, Kamel Moula

La part de la recherche développement (R&D) dans les entreprises algériennes, qu’elles soient privées ou publiques, est toujours insignifiante alors que c’est la clé de l’innovation. En dépit des tentatives successives des pouvoirs publics de mettre en place des politiques d’innovation, à même de permettre la construction d’un système national d’innovation (SNI) efficace, les résultats restent timides en matière d’encouragement de l’entrepreneuriat ; de création d’emplois et d’améliorer les performances de l’économie nationale. 

Menée essentiellement au niveau des entités économiques, des universités et des centres de recherches, la R&D se cherche donc aujourd’hui des moyens de promotion. Cette question et bien d’autres liées au monde de l’entrepreneuriat font l’objet, depuis hier, de débats, à l’occasion des journées de l’entrepreneuriat organisées par le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) à Alger. L’objectif étant de mettre en contact les jeunes porteurs de projets avec les entreprises, les investisseurs, les représentants du patronat et les décideurs à qui ils ont soulevé leurs préoccupations. 

Des préoccupations liées notamment à l’écosystème dans lequel évoluent les start-up en Algérie. En plus de permettre aux startuppers de présenter leurs idées et leurs solutions, la célébration de la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat cette année sous le slogan «L’Entrepreneuriat au cœur du renouveau algérien» a regroupé les principaux acteurs de l’économie de la connaissance autour de dossiers aussi importants que l’innovation et la R&D. L’occasion pour les représentants du gouvernement de dresser le bilan de ce qui a été fait dans ce cadre au cours de ces dernières années et d’aborder les perspectives lesquelles s’annoncent intéressantes, à la faveur des mesures arrêtées, selon le ministre de l’Economie, de la Connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, Yacine El Mahdi Oualid, qui a annoncé le lancement, en janvier 2024, de l’agence nationale de l’auto-entrepreneur. 
 

L’agence nationale de l’auto-entrepreneur opérationnelle en janvier 2024 

Cette agence vise à contribuer à la régulation des nouvelles activités économiques, notamment dans le numérique, et à développer l’esprit entrepreneurial, en facilitant l’accès des jeunes à l’auto-emploi et en favorisant leur intégration dans l’économie formelle. Elle sera notamment chargée de la mise en place et de la gestion du registre national de l’auto-entrepreneur à travers la plateforme électronique d’inscription créée à cet effet. Les premières cartes seront d’ailleurs délivrées avant fin janvier 2024 et les auto-entrepreneurs bénéficieraient d’une réduction des taxes de 5 à 0,5% (mesure contenue dans le projet de loi de finances 2024). 

C’est ce qu’a indiqué le ministre qui ajoutera, en marge de la rencontre : «C’est un véritable service de e-gouvernement qui sera mis en place». Il ne manquera pas, par ailleurs, de réaffirmer l’engagement du gouvernement à accompagner les porteurs de projets en encourageant notamment les entreprises à investir dans la R&D pour plus de compétitivité.

 L’objectif, selon Yacine El Mahdi Oualid, est de doubler le nombre de petites entreprises pour chaque 10 000 habitant. Mais surtout de tripler, à l’horizon 2028, les dépenses dédiées à la R&D. «Nous voulons que les entreprises algériennes investissent plus dans l’innovation et la recherche et se rapprochent plus de l’université à travers un certain nombre de mesures», appellera-t-il. Il citera, dans ce sillage, les avantages fiscaux dont les entreprises peuvent bénéficier quand elles s’engagent dans la recherche avec des réductions d’impôt allant jusqu’à 30%. 

«Aujourd’hui, les principaux moyens de financement sont des initiatives portées par le gouvernement alors que dans tous les pays du monde, c’est le secteur privé qui agit sur l’innovation», a relevé le ministre. 

De son côté, le président du CREA, Kamel Moula, a relevé la nécessité d’orienter la formation universitaire en fonction des besoins du monde des affaires. «L’entreprise passe par l’innovation, et l’innovation passe par l’université alors qu’il n’y a pas de passerelle entre les deux parties», résumera-t-il, plaidant pour un nouveau départ dans ce sens. 

D’où l’intérêt de ces journées qui seront clôturées demain par une rencontre entre le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, et les opérateurs économiques.    

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