L’enseignement actuel de la langue amazighe ne permet pas une continuité entre les différents paliers. La loi 04-08 de janvier 2008 portant orientation sur l’éducation n’est pas conforme à la Constitution algérienne de 2020. Le constat est de Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA).
Le bilan de l’enseignement de tamazight a été débattu hier lors d’une rencontre, au cours de laquelle une convention a été signée entre le HCA et l’Ecole normale supérieure (ENS) de Bouzaréah (Alger) portant notamment sur l’accompagnement des enseignants de tamazight. M. Assad a affirmé qu’un plaidoyer a été adressé aux hautes autorités du pays afin d’amender la loi portant orientation scolaire, qui maintient le caractère facultatif de l’enseignement de cette langue.
L’article 34 de cette loi dispose clairement qu’une classe de tamazight peut être ouverte «à la demande sociale».
Un article qui demeure en principe aujourd’hui obsolète, car contraire à la Constitution, tranche le SG du HCA. Avec l’amendement de cet article, plusieurs obstacles disparaîtront, notamment le caractère facultatif de cet enseignement et sa continuité pour tous les paliers.
Il est constaté que cet enseignement manque de bases solides au primaire, étape cruciale pour assurer sa continuité dans les deux autres cycles.
Le HCA travaille encore sur les données chiffrées des élèves ayant opté pour son apprentissage. Il travaille aussi sur une carte de classes linguistiques permettant de répertorier l’ensemble des différents dialectes régionaux que l’enseignant doit maîtriser quelle que soit la wilaya où il est affecté.
L’objectif aussi, souligne Si El Hachemi Assad, est de «nationaliser» l’enseignement de cette langue. Statistiquement, son enseignement est dispensé dans 47 wilayas (mais pas dans tous les établissements), tandis qu’il est inexistant dans les 11 autres wilayas.
L’ENS Bouzaréah en est à sa cinquième promotion d’enseignants : un flux d’étudiants est enregistré dans cette filière, affirme Ratiba Guidoum, directrice de l’ENS. Et il ne s’agit pas seulement des étudiants venant des régions berbérophones.
Mais, beaucoup d’obstacles pédagogiques doivent être étudiés, selon Nacira Sahir, l’une des fondatrices du département de langue amazighe dans cette école, comme le recrutement, la perte d’encadrement, l’absence de laboratoire de recherche pour les pratiques technique de l’oral (timawi-th), le manque d’ouvrages et aussi des dysfonctionnements dans les passerelles pédagogiques. Mme Sahir a soulevé la problématique d’accès au master pour les étudiants de l’ENS par l’université de Béjaïa.
L’ENS Bouzaréah «traîne» encore dans la formation des professeurs d’enseignement primaire (PEP) alors que l’université de Batna prépare sa promotion de doctorants.
Statistiquement, 3744 enseignants suivent actuellement leur formation dans les différentes structures universitaires, dont 1469 affectés pour l’enseignement moyen (PEM) et 716 pour le secondaire.