C’est donc à l’initiative du club scientifique Errazi que cette rencontre s’est ouverte hier dans une certaine fébrilité qui marquait les étudiants du club au niveau de l’auditorium relevant de l’université Abderrahmane Ibn Khaldoun devant un auditoire, disons-le sans ambages, peu intéressé et à l’aune d’une politique qui reste à déterminer. Et pour cause, passées les interventions protocolaires, dont celle du docteur Belgoumène Berrezoug, qui «salua l’initiative et affichant sa volonté d’appuyer toutes les initiatives scientifiques» que le directeur de l’institut des sciences vétérinaires, docteur Benallou Bouabdellah, a pris la parole pour planter une banderille, dire ses ressentiments envers la situation du cheval dans notre pays, les dysfonctionnements dans lesquels est engluée cette même politique du cheval et, par conséquent, des échecs qui n’ont pu valoir un développement harmonieux. Plein de dépit et usant d’un ton qui tranche avec la langue de bois, le directeur de cet institut prestigieux, qui continue de fournir depuis 1984 date de sa création beaucoup de promotions de docteurs en médecine vétérinaire, constate impuissant «qu’il y a un échec en matière de développement et de perspectives pour le cheval en Algérie», car nonobstant des aléas objectifs ou non, «il y a une certaine marginalisation». Il ajoute avec emphase que «beaucoup ne mesurent pas la donne, alors que le monde du cheval vit une situation difficile depuis les années 1990». Docteur Benallou pour illustrer la donne a été jusqu’à fouiner dans sa mémoire pour se rappeler de cette réflexion qu’un de ses collègues de la même promotion, qui a fini dans une APC, lui a assené en 1991. «C’est en fouinant dans les archives de cette assemblée, lui explique son ami «que j’ai trouvé consigné dans un carnet de notes d’un militaire français, disant tout l’attachement de l’Algérien au cheval». Ce colon avait relevé que «la fierté d’un Algérien était intimement lié au cheval» et qu’«il fallait travailler pour lui ôter cet amour envers le noble équidé et donc d’un des constituants de sa personnalité». La sentence du docteur Benallou a été cinglante : «Il n’existe ni la génétique ni de politique claire» bien que, conclut-il, «nous formons et c’est aux autres de parachever l’œuvre». Quelle belle entrée en matière. Lui succédant, le directeur des services agricoles n’a pas été très loquace et son intervention, timide, résumait hélas, à elle seule, la problématique du cheval. Le DSA en évoquant le recensement équin a évoqué quelque 6000 têtes sur un parc équin à l’échelle nationale de l’ordre de 51 300. Un chiffre qui reste comme tous les autres chiffres aléatoires, car beaucoup d’éleveurs n’auraient pas été inscrits, pour une raison ou une autre. Evoquer la filière équine en Algérie c’est incontestablement parler de l’élevage et donc fatalement du rôle assigné à l’ONDEEC, à l’alimentation, l’accompagnement, les centres d’insémination artificiels et de beaucoup d’autres maillons d’une chaîne. Le présent colloque bien que dédié à certains des aspects techniques voire à portée culturelles, comme «l’importance de l’échographie dans la reproduction équine», par le professeur Benallou Bouabdellah, «prise en charge de tumeur de la granulosa» de Khiati Baghdad, «rôle du cheval barbe dans l’identification du patrimoine culturel de Tiaret» de Banaïssa Halima, «la semence équine» docteur Mohamed Amine Ayad, «fréquence des endométrites dans la région de Tiaret» de Boubakeur Batoul, «moyens de diagnostic des endométrites post-saillie chez la jument reproductrice» docteure Aït Abdelkader Sakina, «tumeurs fréquentes chez les équidés» du docteur Hemida Houari, «le dopage chez les chevaux» docteur Berrezel Farrah, «l’endurance équestre» Safi Youcef, «l’impact de l’équithérapie sur les indicateurs de stress chez le cheval» docteur Bencharef Yasmine, «aspect histopathologique de la cirrhose hépatique chez les chevaux de la région de Batna» docteur Djallal Eddine Rahmoun et «chevaux en Algérie : barbe ou arabe barbe» par madame Aumassip Ginette. Outre les communications, le colloque se distingue par la présence de beaucoup de partenaires, d’organismes et d’entreprises naissantes, d’associations œuvrant dans le domaine du cheval et par l’échange d’expériences dans le cadre de l’entrepreunariat nées de l’incubateur de projets et donc débat sur les opportunités d’investissements dans le cadre de la nouvelle loi. Au troisième jour et en clôture de ce colloque, il y aura un concours : allure et beauté des équidés au niveau du haras national Chaou-Chaoua. Concours qui se décline en compétitions sur trois catégories. Poulains et pouliches de moins de trois ans, les juments et les étalons.