Il ne s’agit pas d’une révélation obtenue d’un quelconque oracle ni tirée d’une «boule de cristal» ! L’analyse sociopolitique de la France profonde actuelle et des courants violents qui la traversent, permet de tenter cette hypothèse prospective.
En effet, l’effondrement de la gauche et l’implosion de la droite ont laissé émerger les courants politiques extrêmes, de gauche comme de droite qui, certes, élargissent leur électorat par leurs discours racistes enflammés qui font remonter à la surface de la société française, de vieilles blessures mal cautérisées, ni par le temps et encore moins par la production intellectuelle de ses élites, comme si l’«empire français» et sa grandeur d’antan pouvait renaître de ses cendres tel le phénix !
Il est clair qu’une large majorité de la population française vote, aujourd’hui, à droite et n’étaient les maladresses inimaginables de F. Fillon, ce dernier aurait été président de son pays et son courant politique aurait eu une large majorité au Parlement, dans ce que certains appelaient une «élection imperdable» ! Le seul bémol était la conjugaison de la candidature Marine Le Pen, la situation économique et sociale du pays et la pandémie qui risquait de produire un puissant «vote sanction» qui aurait mis le président actuel en difficulté, voire lui faire perdre l’élection présidentielle.
Face à ce danger réel, la «boite noire» française a créé un avorton politique du nom d’Éric Zemmour, pour imploser l’extrême droite, comme elle l’a fait pour la gauche et la droite classique, misant tout sur le centre droit ! La parade est sans appel et ce «roque» va permettre au président actuel de jouer sur du velours, se permettant le luxe suprême de ne pas faire campagne ou, du moins, la faire à minima.
La crise ukrainienne et la présidence tournante de l’UE vont certainement jouer en sa faveur et le présenter comme le candidat le plus préparé à «protéger» la France et ses intérêts bien compris, ce qui va se traduire par une victoire nette (au moins trois points) contre n’importe quel candidat, au second tour. Si on ajoute à cela les statistiques économiques et sociales (croissance et emploi), qui ont atteint un niveau jamais égalé depuis au moins une décennie, nous avons là tous les éléments qui confortent notre hypothèse. Notre pays doit tirer toutes les conséquences de cette analyse prospective, tant sont lourds et complexes les dossiers bilatéraux qui nous attendent.
Le «pragmatisme politique» doit nous servir d’instrument privilégié de négociations, loin des professions de foi et autres réactions épidermiques, qui ont prévalu jusqu’à présent. Tout en traçant les lignes rouges, à ne pas dépasser, les contentieux passés et présents, les axes stratégiques de coopération futures doivent être définis avec minutie, de manière à éviter les incompréhensions qui ont toujours imposé des relations algéro-françaises, en dents de scie, depuis notre indépendance.
Par Dr Mourad Goumiri
Professeur associé