Une commission parlementaire au Brésil a recommandé, hier, l’inculpation de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro pour tentative de coup d’Etat, dans son rapport d’enquête sur les émeutes du 8 janvier à Brasilia.
Après avoir entendu durant cinq mois des dizaines de personnalités, civiles et militaires, lors d’audiences publiques parfois mouvementées, la commission d’enquête a retenu quatre chefs d’accusation contre M. Bolsonaro : tentative de coup d’Etat, tentative d’abolition violente de l’Etat de droit, violence politique et association criminelle. Le rapport doit encore être soumis au vote des membres de la commission. S’il est approuvé, il sera envoyé au parquet qui décidera d’inculper ou non l’ancien président (2019-2022).
Le 8 janvier, des milliers de partisans de Jair Bolsonaro ont saccagé les lieux de pouvoir dans la capitale brésilienne, appelant à une intervention militaire pour déloger du pouvoir le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, une semaine après son investiture. Les dégâts avaient été considérables, dans des scènes qui ont rappelé l’assaut du Capitole à Washington par des partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021. «Jair Messias Bolsonaro a été l’auteur, moral ou intellectuel, des attaques perpétrées contre les institutions», dit le rapport de la commission d’enquête parlementaire lu, hier, par la sénatrice Eliziane Gama.
Avant même sa défaite face à Lula au scrutin d’octobre, M. Bolsonaro «a utilisé l’appareil de l’Etat pour poursuivre son principal objectif : l’érosion des institutions jusqu’à leur destruction totale, pour se maintenir au pouvoir, de façon pérenne et autoritaire».
Le rapport réclame, au total, l’inculpation de 61 personnalités, civiles et militaires. Parmi elles, le général Walter Braga Netto, ancien ministre de la Défense et candidat à la vice-présidence aux côtés de Jair Bolsonaro, il y a un an. Anderson Torres, ancien ministre de la Justice, qui était responsable de la sécurité du District fédéral de Brasilia, le 8 janvier, est également visé, tout comme de nombreux généraux. Le rapport de plus de 1300 pages doit être voté aujourd’hui, mais son approbation est une formalité, la base parlementaire du gouvernement Lula étant majoritaire parmi les 32 membres de la commission d’enquête.
En parallèle, la Cour suprême a commencé à juger certains individus accusés d’avoir pris part directement aux émeutes. De lourdes condamnations sont déjà tombées, avec des peines de 12 à 17 ans de prison.