Quelques jours après la visite du chef de l'État, la ville a été le théâtre dans la nuit de vendredi à samedi d'un déchaînement inégalé de violences et de pillages, des quartiers nord jusqu'au Vieux Port.
Pillages, incendies et affrontements avec les forces de l'ordre : quelques jours après la mort de Nahel lors d'un contrôle policier, Marseille a connu une nuit très tendue entre vendredi et samedi, obligeant le ministre de l'Intérieur à décider l'envoi de renforts policiers. Au total, le bilan est lourd : 95 interpellations, 31 blessés du côté des forces de l'ordre pour la plupart légers, de très nombreux feux de poubelles, trois véhicules incendiés et beaucoup de boutiques pillées, selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône.
Des groupes de jeunes, souvent masqués et «très mobiles» ont dévalisé plusieurs enseignes dans le centre, mais aussi dans certains quartiers populaires du nord de la ville. Un important incendie, «lié aux émeutes», selon une source policière, a aussi éclaté dans un supermarché. Quelques armes de chasse ont également été dérobées dans une armurerie mais sans munitions, selon la préfecture de police.
Les appels au calme ignorés
Après une nuit précédente marquée par des heurts, les appels au calme s'étaient pourtant multipliés à Marseille. La préfecture de police avait interdit la manifestation prévue en mémoire de Nahel, tué par le tir d'un policier lors d'un contrôle en début de semaine à Nanterre. Les transports en commun ont été arrêtés en début de soirée.
Malgré ces précautions, dès le début de la soirée, des groupes de jeunes se sont rassemblés dans le centre-ville, notamment sur la Canebière, célèbre artère conduisant au Vieux-Port. «Tout le monde déteste la police», ont-ils lancé en en s'approchant de fourgons des forces de l'ordre garés dans une rue adjacente.
Des projectiles ont été tirés sur les fourgons et la police a répondu par quelques tirs de gaz lacrymogène. Les groupes se sont dispersés, courant dans de petites rues, semblant jouer au chat et de la souris avec les forces de l'ordre.
Plusieurs boutiques ont été pillées, dont celle de l'enseigne de luxe Lancel, selon un photographe de l'AFP. Des jeunes garçons ont été vus en train de courir avec des habits neufs encore sur cintres et l'étiquette soldes visible.
Renforts policiers
Alors que des tirs de lacrymogène et des cris étaient entendus à nouveau, et qu'un véhicule des forces d'intervention du Raid passait en trombe vers le Vieux-Port, dans les airs l'hélicoptère de surveillance de la gendarmerie survolait la ville, relayé par un avion de la police.
Un peu plus tard dans la nuit, les groupes se sont déplacés, certains ont tenté une intrusion au grand centre commercial Les Terrasses du Port puis plus au nord dans les quartiers populaires que le président Emmanuel Macron a visité en début de semaine.
Près de la cité des Flamants, un incendie «lié aux émeutes», a touché un supermarché Aldi, selon une source policière. Les marins-pompiers confirment à l'AFP avoir déployé d'importants moyens pour éteindre les flammes.
«Les scènes de pillages et de violence sont inacceptables. Je condamne avec une totale fermeté ces actes de vandalisme et demande à l'État l'envoi immédiat de forces de maintien de l'ordre supplémentaires», a tweeté le maire de gauche Benoît Payan dans la nuit.
À peine plus tard, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé «des renforts importants», une compagnie de CRS et un hélicoptère de survol. La Pride de Marseille, qui était prévue samedi, a quant à elle été reportée à une date non précisée.
La veille, deux officiers de la police judiciaire de Marseille avaient été violemment agressés dans la nuit de jeudi en dehors de leur service, selon une information de La Provence , confirmée au Figaro. «Ils ont été battus comme des chiens», a déclaré par la suite Gérald Darmanin.