Elles vivent dans la précarité et ne profitent pas de leur labeur : Une initiative pour sortir les artisanes de l’informel

05/06/2022 mis à jour: 07:50
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Suite à l’impact dévastateur de la pandémie et des incendies de forêt sur le pouvoir d’achat des artisans, un programme d’accompagnement des femmes artisanes vient d’être initié par Chanez Kechoud et Hassiba Boufedji. 

«La situation des artisanes est très grave. Les feux de forêt et la Covid-19 ont vraiment impacté négativement le travail et savoir-faire locaux. L’idée est de monter des ateliers de formation au bénéfice des femmes artisanes afin de les aider à développer un label en intégrant la sphère légale», nous explique Chanez Kechoud, en marge des travaux d’une rencontre à Messaad sur la kachabia et le burnous. 

Un atelier pilote, qui a eu lieu dans un village à Cherchell, avec les artisanes travaillant la matière du Doum (palmier nain), a permis à de voir de près la situation de précarité dans laquelle vivent ces femmes. 

«Nous leur avons proposé notre accompagnement comme un renforcement de capacité sur deux aspects, l’un sur le produit lui-même et l’autre sur le coût. Nous avons constaté qu’elles vendaient à perte, nous leur avons donc proposé d’apprendre à évaluer le coût de production selon la législation du travail. Nous leur avons aussi suggéré de s’insérer socialement en obtenant la carte d’artisane. Elles nous ont confié qu’elles n’avaient même pas de quoi payer les cotisations. Ceux qui achètent leurs produits à des prix très bas les revendent à des prix quatre fois plus chers sur le marché. Un petit panier de 250 DA se retrouve à 1200 da sur le marché, et cela sans qu’elles en soient les réelles bénéficiaires, parce qu’elles travaillent dans l’informel», nous explique notre interlocutrice, qui remarque que c’est la même situation pour les artisanes tissant l’étoffe du burnous et de la kachabia à Messaad. 

Pour tisser 3 m2 d’étoffe à base de poils de chameau, il faut au moins deux mois de travail aux artisanes pour un coût estimé à 30 000 DA et vendu à 45 000 DA. 

Ce qui leur fait une marge bénéficiaire de 15 000 DA qu’elles se partagent à deux, soit 7500 Da chacune par mois, sachant que le prix d’un burnous ouabri sur le marché oscille entre 80 000 et 200 000 da. 

«Nous souhaitons développer notre programme d’accompagnement en arrivant à toucher le maximum d’artisanes dans toutes les régions d’Algérie. Ce sont ces femmes qui sont les véritables gardiennes du savoir-faire ancestral, et c’est à elles que doivent revenir tout le mérite et la reconnaissance. Ce sont ces petites mains cachées qu’il faut valoriser», note Chanez Kechoud. 

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