Elle doit verser 2 millions de Dinars de dédommagement : Louisa Hanoune condamnée pour diffamation

13/05/2023 mis à jour: 06:57
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Louisa Hanoune, SG du PT - Photo : B. Souhil

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a été condamnée jeudi à une amende de 30 000 DA et un dédommagement estimé à 2 millions de dinars au titre de réparation du préjudice subi par la plaignante Nadia Labidi, ancienne ministre de la Culture. La défense de Mme Hanoune compte faire appel.

Une amende de 30 000 DA a été infligée à Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), assortie du versement à l’ancienne ministre de la Culture, Nadia Labidi, d’une somme de 2 millions de dinars au titre de réparation du préjudice subi. C’est le verdict prononcé jeudi par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger, après une mise en délibéré sous huitaine de l’affaire jugée le 4 mai. Une affaire relative à la plainte déposée par Mme Labidi en 2015 contre Mme Hanoune pour diffamation. Lors du procès, le procureur a requis une amende de 30 000 DA, alors que la plaignante avait réclamé un dédommagement de 10 millions de dinars.

Membre du collectif de la défense de la prévenue, Me Boudjemaa Ghechir a annoncé la décision de faire appel de la sentence. Tout en affirmant qu’il «respecte» la décision de justice, Me Ghechir a tenu à rappeler toutefois «que cette affaire remet sur le tapis le respect des principes consacrés par la Constitution et la doctrine internationale, qui assurent au député une immunité lorsqu’il exerce son mandat de parlementaire». «Malheureusement, relève cet avocat de la défense, certaines institutions du pays confondent entre responsabilité et immunité. Nous devons interpeller les instances législatives, la Cour constitutionnelle et la Cour suprême sur cette grave confusion», a-t-il souligné.

Egalement avocat de la défense, Me Adnane Bouchaib a précisé que «c’est la troisième fois que les responsables du Parti des travailleurs sont condamnés pour diffamation contre Nadia Labidi, ancienne ministre de la Culture». «Les deux premières fois ce fut Djelloul Djoudi qui fut condamné deux fois, en première instance et en appel, à une peine sévère de trois mois de prison avec sursis», a précisé l’avocat, selon lequel, «la lutte pour faire triompher la vérité a été longue, durant près de huit ans, mais ma cliente et moi avons toujours fait confiance à la justice de notre pays».

Pour sa part, le PT a réagi dans un communiqué rendu public jeudi dernier, en rappelant que «la plainte pour diffamation a été déposée en 2015 par Nadia Labidi, ex-ministre de la Culture», à la tête du secteur à l’époque des faits, contre la secrétaire générale du parti «alors députée à l’Assemblée nationale bénéficiant de l’immunité parlementaire (…), suite à ses déclarations révélant que la ministre était en situation de conflit d’intérêts, ainsi que sur sa gestion des deniers publics et d’octroi des marchés publics».

Le PT estime que «le collectif de défense de la secrétaire générale a mis à la disposition du tribunal toutes les preuves et tous les documents qui confirment que la secrétaire générale agissait comme députée et utilisait de ce fait ses prérogatives, telles qu'énoncées dans la Constitution en ce qui concerne l’interpellation et le contrôle de l’action de l’Exécutif. Pour cela, le collectif des avocats, en accord avec la secrétaire générale, a décidé de faire appel du verdict devant la cour».  Cette affaire, faut-il le rappeler, remonte à 2015 lorsque Nadia Labidi, alors ministre de la Culture, a déposé plainte contre Louisa Hanoune, alors députée à l’ANP, pour avoir dénoncé «le conflit d’intérêt dans la gestion du département de la Culture».

La ministre a estimé que les révélations de la députée étaient «diffamatoires et attentatoires à sa personne et à sa famille» alors que Mme Hanoune s’est défendue, en affirmant qu’il s’agissait de l’accomplissement de son «devoir de parlementaire», «celui de contrôler la gestion de l’argent public et de dénoncer toute forme de dilapidation des deniers publics». «J’ai constaté, avec des preuves à l’appui, un conflit d’intérêt. Ce délit est à l’origine des dépassements et violations enregistrés ces dernières années pour lesquels plusieurs ministres sont en prison. Mon statut de député m’oblige à interroger et à demander à un ministre de rendre des comptes», avait affirmé Mme Hanoune.


 

 

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