L’adhésion à la NDB offre désormais à l’Algérie, selon le ministère, de «nouvelles perspectives» pour soutenir et renforcer son essor économique à moyen et long termes.
L’Algérie vient d’intégrer la banque du groupe des BRICS, devant ainsi le neuvième pays membre de cette institution financière internationale, la Nouvelle Banque de développement (NBD), à l’issue de la réunion annuelle de son conseil de gouverneurs, qui s’est déroulée il y a deux jours à Cape Town en Afrique du Sud. «A l’issue de la 9e réunion annuelle du conseil des gouverneurs de la Nouvelle Banque de développement (New Development Bank-NDB), tenue le samedi 31 août 2024 à Cape Town (Afrique du Sud), l’adhésion de l’Algérie à cette institution a été officiellement approuvée», selon un communiqué rendu public par le ministère des Finances.
Créée en 2015 par le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), la NDB est une banque multilatérale de développement, dont la mission principale est de mobiliser des ressources pour financer des projets de développement durable dans les marchés émergents et les pays en développement. Outre les cinq pays fondateurs, la NDB, dotée d’un capital de 50 milliards de dollars, qui devrait être porté à 100 milliards, compte comme membres le Bangladesh, les Emirats arabes unis et l’Egypte.
Le ministère des Finances affirme qu’«avec son adhésion en tant que membre de cette importante institution de développement, bras financier du groupe des BRICS, l’Algérie franchit une étape majeure dans son processus d’intégration au système financier mondial et devient ainsi le 9e pays membre de la NDB». Cette décision a été confirmée par la présidente de la NDB, Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue des travaux du Conseil des gouverneurs.
C’est en juillet de l’année dernière, soit un mois avant la tenue du sommet des BRICS le 23 août 2023 en Afrique du Sud, que le président Tebboune annonçait pour la première fois, sur la télévision chinoise CCTV, que l’Algérie avait demandé officiellement à rejoindre la Nouvelle Banque de développement, avec une première contribution à hauteur de 1,5 milliard de dollars.
Le siège de cette banque est situé à Shanghai, en Chine. Elle compte soutenir «des projets d’infrastructure plus risqués» que ceux finançaient par la Banque mondiale et le FMI. «Nous avons demandé officiellement à rejoindre le groupe des BRICS et sa Nouvelle Banque de développement en tant qu’actionnaire, avec une première contribution à hauteur de 1,5 milliard de dollars», avait-il affirmé, cité par El Moudjahid dans son édition du 22 juillet 2023.
L’adhésion de l’Algérie aux BRICS, avait-il déclaré, «ouvrira de nouvelles perspectives économiques». Lancé formellement en 2009, ce groupe était alors composé de cinq pays fondateurs : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Lors du sommet d’août 2023, un élargissement du groupe a permis l’adhésion de six pays : l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, l’Ethiopie, l’Iran et l’Argentine.
Performances économiques
La demande d’adhésion de l’Algérie n’avait pas été acceptée. Pourquoi ? Si la question a hanté plus d’un, elle n’a pourtant pas suscité l’intérêt qu’elle mérite pour tenter de percer le secret, préférant laisser courir la rumeur sur le rôle joué par l’un ou l’autre des pays membres.
Par ailleurs, quelques informations parcellaires, non recoupées, avaient alors mis le curseur sur les faiblesses de l’économie algérienne face aux supposés critères d’adhésion, comme le niveau du PIB par habitant, la diversification de l’économie ou encore le faible niveau des exportations hors hydrocarbures. Quand d’autres privilégiaient simplement les méandres de la géopolitique.
A la veille du sommet de 2023, toujours sur le même canal chinois, M. Tebboune affirmait ce qui suit : «Nous œuvrons pour un monde multipolaire et nous réclamons, avec la Chine, la révision de plusieurs aspects relatifs aux institutions onusiennes, pour ne citer que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), qui ne servent plus les pays pauvres et émergents.»
Les BRICS avec leur nouvelle banque comptent en effet offrir une alternative aux institutions de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale. La NDB n’assortit pas ses prêts de conditionnalités contraignantes qu’on connaît par exemple au FMI, les considérant comme autant de volontés d’ingérence par les pays en crise.
Son projet de créer une monnaie unique va-t-il aboutir ou faire les frais d’un manque de consensus au sein du groupe ? Cette banque internationale annonce qu’elle se concentre principalement sur le financement de projets d’infrastructure, y compris des systèmes de distribution d’eau et des systèmes de production d’énergie renouvelable.
Les BRICS représentent actuellement 42% de la production pétrolière mondiale de pétrole, 29% du PIB mondial, 25% des exportations mondiales et 45% de la population de la planète. L’adhésion de l’Algérie à cette banque va-t-elle lui permettre de poursuivre son ambition de rejoindre les BRICS ? La question mérite d’être posée à présent.
D’autant que le ministère des Finances souligne que «les performances remarquables enregistrées ces dernières années, en matière de croissance économique, soutenues par des réformes multisectorielles, ont permis à l’Algérie d’être considérée, grâce aussi à son classement récent en tant qu’économie émergente de tranche supérieure, comme un partenaire fiable et dynamique au sein de cette institution». L’adhésion à la NDB offre désormais à l’Algérie, selon le ministère, de «nouvelles perspectives» pour soutenir et renforcer son essor économique à moyen et long termes.