El@n, un projet opportun pour les centres de langues des universités algériennes : «Etudier une autre langue consiste à apprendre d’autres mots pour désigner les mêmes choses mais aussi à apprendre une autre façon de penser à ces choses »

28/11/2023 mis à jour: 04:22
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S’il est vrai que les centres d’enseignement intensifs des langues sont une structure qui a été créée en 1981, après la promulgation de la loi d’arabisation, dans le but de former les enseignants algériens et d’améliorer leur niveau en langue arabe, il n’en reste pas moins que cette période étant révolue, ces structures universitaires ont, depuis 2004, connu des développements, tout en essayant de s’adapter tant pédagogiquement qu’administrativement, même si les textes réglementaires les régissant méritent d’être actualisés… 

En effet, ils ont, désormais, pour mission de former les étudiants et les enseignants universitaires en matière de langues étrangères, et aussi de répondre, dans une démarche d’implication avec l’environnement socioéconomique, à la demande d’un public extra-universitaire, de plus en plus important,  désireux d’apprendre ou d’améliorer, voire perfectionner son niveau de langue, principalement l’anglais devenue la destination de prédilection pour le voilier national.
 

Sur le réseau universitaire algérien actuel qui compte 112 établissements d’enseignement supérieur, dont 54 universités, 9 centres universitaires, 37 écoles nationales supérieures et 12 écoles normales supérieures, les CEIL n’existent pas dans la totalité de ces institutions. Leurs activités restent tributaires d’un nombre limité de projets de formation en matière de langues étrangères. Les démarches administratives, concernant l’actualisation et l’harmonisation de l’organigramme des CEIL  jusqu’ici engagées,  dans le but d’améliorer le rendement de cette importante, voire prometteuse structure, demeurent, il est tout à fait clair, insuffisantes et ont grand besoin d’être revitalisées dans une démarche qualité à même de leur permettre de jouer pleinement le rôle stratégique qui leur est dévolu. 
 

De fait, suivant l’article 17 de l’arrêté interministériel du 8 rajab 1425 correspondant au 24 août 2004, fixant l’organisation administrative du rectorat, de la faculté, de l’institut, de l’annexe de l’université et de ses services communs, publié au Journal officiel n°62 le 26 09 2004, l’organigramme de cette structure n’est pas clairement spécifié, l’article stipulant simplement que le CEIL comporte deux sections, une pour la programmation et une autre pour l’entretien et la maintenance. 
 

L’absence d’une clarification tant de ses missions, son organisation et son fonctionnement demeure une entrave quant aux grandes potentialités qu’il recèle. Cependant, un horizon prometteur et salutaire semble se dessiner avec l’éventuel statut de l’université que toute la communauté universitaire scrute telle la nuit du destin …! 
 

Chemin faisant, consciente de ces défis, l’université algérienne, ayant intégré dans ses structures, au sein de ses services communs, les Centres d’enseignement intensif des langues (CEIL), afin de permettre tant aux étudiants qu’aux corps enseignants, voire les externes de l’université l’apprentissage des langues étrangères suivant le CECRL, Cadre européen commun des références pour les langues, dont les niveaux de compétence sont au nombre de six (A1, A2, B1, B2, C1 et C2), elle s’évertue, depuis la décision des pouvoirs publics de redresser le gouvernail de la langue d’enseignement en changeant le cap du français vers l’anglais, de réaliser le défi de la formation tant des étudiants que du corps enseignant dans la langue de Shakespeare… ! 
 

Cette structure, qui s’est même impliquée avec l’environnement social et économique de l’université, dans le but de proposer une prestation, dont la démarche qualité est sa boussole de navigation, est devenue partenaire dans un projet européen intitulé «EL@N». 

L’objectif de ce projet, qui se résume dans «la modernisation de l’enseignement des langues étrangères dans les centres de langues des universités algériennes», est composé par un consortium de six universités algériennes (Ouargla, Guelma, Biskra, Béjaïa, UST Oran, et Tlemcen), trois universités européennes (Espagne, France et Italie) et une université turque. Ainsi et à la fin de ce projet, dont la réunion de clôture s’est effectuée les 5 et 6 novembre au niveau de l’université de Tlemcen, une pérennisation aura pour but de mettre à la disposition des centres d’enseignement intensif des langues des universités algériennes, une plateforme à même de leur offrir la formation des apprenants, à distance, dans les langues étrangères… avec comme perspective, un réseautage des centres de langue leur permettant tant d’uniformiser, voire standardiser leurs méthodes que de partager et mutualiser leurs expériences. 

Lancé officiellement en décembre 2019, ce projet, EL@N, de modernisation de l’enseignement des langues étrangères au niveau des CEILs, s’est trouvé visionnaire du e-learning, coïncidant tant avec l’enseignement à distance, devenu une obligation suite à la pandémie Covid-9  qui avait paralysé toute la planète à partir de mars 2020, que la forte implication de ces centres dans l’accompagnement du perfectionnement du corps enseignant dans la langue anglaise !
 

Dans le bilan final adopté par les universités partenaires de ce projet EL@N, au cours de la réunion de clôture tenue au niveau de l’université coordinatrice, la capitale des Zianides, les 5 et 6 novembre, les cinq objectifs préalablement tracés se résument comme suit :  

Objectif 1 : Mettre en place une plateforme numérique mutualisée et collaborative
 

Mettre en place une plateforme numérique mutualisée et collaborative en appui d’une part, aux formations assurées par les CEILs, et d’autre part, à leur mise en réseau. En ce sens, il s’agit d’optimiser l’utilisation de leurs ressources et de leur mise en commun pour améliorer l’offre de formation des CEILs.
 

Objectif 2 : Soutenir l’internationalisation des universités algériennes

Soutenir l’internationalisation des universités algériennes en accompagnant les programmes de mobilités Erasmus+ étudiants/staff académique et administratif par un soutien linguistique en ligne via la plateforme. Ces mobilités favorisent le rapprochement des cultures et l’ouverture des esprits au dialogue interculturel
 

Objectif 3 : Contribuer à une meilleure intégration des jeunes dans le marché du travail

Contribuer à une meilleure adaptation des jeunes diplômés universitaires au marché du travail et aux attentes du secteur socioéconomique, et favoriser ainsi leur employabilité en les dotant de compétences linguistiques, interculturelles et communicatives.
 

Objectif 4 : Harmoniser les contenus et les diplômes

Assurer une meilleure harmonisation des contenus et des diplômes délivrés par les CEILs à l’échelle nationale  
 

Objectif 5 : Acquérir une expertise en e-Learning

Acquérir une expertise en E-learning et dans les nouvelles approches pédagogiques (interculturelle…) avec le support des pays programmes. L’expertise et les bonnes pratiques acquises peuvent bénéficier à d’autres spécialités dans les universités algériennes. 
 

Ainsi, si c’était à partir du berceau de la civilisation des Zianides qu’un certain 27 novembre 2019 six universités algériennes, avec leurs partenaires de l’autre rive, en précurseur, pensèrent à l’EAD en s’ingéniant à la création de la plateforme d’enseignement des langues étrangères, l’objectif principal arrêté, en ce début de mois de novembre 2023, dans le même lieu emblématique, est de promouvoir le plurilinguisme et le dialogue des cultures via une modernisation des pratiques d’enseignement au niveau des CEILs, n’est-il pas vrai que «si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend, vous parlez à sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, vous parlez à son cœur»2.  Alors vivement le réseau algérien des CEILs ! Amen.

 

Par KHELFAOUI Benaoumeur

Enseignant-chercheur à l’université Kasdi Merbah de Ouargla

 

Notes :
1- Flora Lewis, journaliste américaine 
(1922-2002)
2- Nelson Mandela
 

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