Kaouther Messaoudi, 42 ans, est licenciée en droit, et mère de cinq enfants, trois garçons âgés de 22, 18 et 11 ans et deux filles de 18 et 8 ans.
Elle inaugure une carrière littéraire avec Rida El Fakiha (Le Consentement du fruit) paru chez les éditions El Mouthakaf. Bien qu’elle ait une vie familiale très chargée, elle a su trouver le temps pour écrire.
Ce roman lui a pris trois ans pour l’écrire. Et elle en très fière. Kaouther Messaoudi dédie son roman Rida El Fakiha (Le Consentement du fruit) à tout ce qui sont patients, ceux qui prennent leur mal en patience, qui acceptent leur destin dans la vie, ceux qui sont désintéressés, détachés, généreux. «Je leur dédie ce roman où j’ai mis et donné un peu de mon âme, où j’ai semé la sève de mes sentiments et répandu les graines de l’espoir…Je dédie aux généreux ces mots… Tout celui qui recherche une chose avec force et qu’il n’arrive pas à atteindre, son âme s’accrochera à quelqu’un et continuera à vivre et poursuivra son chemin qu’il n’a pas choisi tout en vivant, et ce, sans nuire aux autres… Le consentement du fruit, son goût, est une amertume. Mais nous offre la quiétude et la paix de l’âme. A tout ceux qui se sont vu imposer une séparation, je leur dédie ces mots…»
(Kaouther Messaoudi, 42 ans, est licenciée en droit, et mère de cinq enfants, bien qu’elle ait une vie familiale très chargée, elle a su trouver le temps pour écrire)
L’école des femmes
Le pitch de Rida El Fakiha (Le Consentement du fruit), signé Kaouther Messaoudi ? Ahmed est un Algérien, exerçant le métier de sculpteur sur cuivre, c’est artisan et «artiste», transformant ses communes pièces et simples feuilles en œuvres d’arts brillantes ne se ressemblant pas entre elles, habitant le quartier pittoresque, ancestral et populaire de La Casbah, à Alger, avec sa famille, où il mène une vie paisible, heureuse, appréciant tous les instants de cette existence dont la simplicité et facilité sont le secret de ce bonheur.
C’est comme un conte de Propp. Il y a une situation initiale et puis surgit un «aléa», un déséquilibre. Et puis interviennent les opposants et les adjuvants. Et puis équilibre, happy-ending. Ahmed découvre, par hasard, une médaille ancienne d’une valeur inestimable au fond d’un oreiller de sa défunte mère. Un coussin qu’on avait complètement oublié dans une dépendance de sa demeure. Cette découverte n’était pas une médaille et un pendentif de pacotille. Mais un bijou de famille onéreux et «diamanté» datant de l’époque ottomane. Et du jour au lendemain, Ahmed change de statut dans la société.
D’artisan, «journalier», travaillant à la fortune du pot, au rang de nanti. Simultanément, un tournant ans la vie de son épouse Zahra vient ajouter son grain de sel dans le foyer conjugal. Zaha est un férue du 4e art. En catimini, à l’insu de son mari, elle d’adonnera à sa passion. Et elle se découvrira un talent salué par les professionnels. Alors qu’elle vit cloîtrée à la maison, c’est une femme au foyer. Alors, elle osera. Elle osera braver le tabou : être artiste, être comédienne, faire du théâtre, donner la réplique à des hommes... Et ce, contre l’avis de son époux Ahmed, qui, sans qu’elle lui en parle, est contre cette mauvaise idée et décision.
Bien que ses enfants ayant besoin d’elle. Alors, ce n’est plus la paix dans le ménage. Le «divorce à l’algérienne» menace. Le conflit s’installe, on s’entre-déchire, dans un climat délétère, vicié par l’absence, les déplacements, les voyages, les décès…
Un chemin tortueux et pas du tout pavé de bonnes intentions. Chacun campe sur ses positions immuables, ses convictions ne changeant et n’avançant pas d’un iota. J’y suis, j’y reste sur ma position. Rida El Fakiha (Le consentement du fruit) son goût est amer mais il procure une sérénité et une quiétude sans pareil…
Rida El Fakiha , un beau scénario de film
Rida El Fakiha, de Kaouther Messaoudi, parle de destins, de regards, de routes, de chemins croisés que tout sépare. Mais à travers le cheminement des mots, cette autrice nous rappelle qu’il ne faut forcer le destin. C’est comme cela et pas autrement. On sent qu’elle a la foi, sans connotation théologique. Elle la transmet et communique au fil des chapitres. Elle laisse entrevoir, une heureuse issue, peut-être que tout va s’arranger. En fait, elle ouvre des portes, des fenêtres, sur une clarté.
Cette lueur d’espoir. «Tant que nos rêves précèdent nos espoirs, comme si nos vies sont éternelles, nous avons de l’ambition pour demain bien que nous savons que cela ne nous appartient pas. Un voyage sans retour. C’est le destin, c’est lui qui trace votre route. Ce qui est étrange, c’est que nous continuons à espérer, à rêver, jusqu’à la dernière minute. On vit, et le rêve nous divertit…» Rida El Fakiha, de Kaouther Messaoudi, c’est aussi une histoire, une intrigue historique, datant de l’époque ottomane, où cette médaille précieuse est un indice, un objet délictuel, d’un crime passionnel commis alors. Donc, amour, jalousie et pouvoir gravitent autour de cette «love story» ottomane qui ne sera élucidé que deux siècles plus tard. Une sorte d’une enquête pos-ottomane, anachronique, à la Au nom de la rose d’Umberto Eco. Rida El Fakiha, de Kaouther Messaoudi, est en fait un beau scénario de film pour le cinéma.
«La passion pour l’écriture m’a toujours accompagnée»
C’est mon premier roman Rida El Fakiha. La passion pour l’écriture m’a toujours accompagnée. Depuis mon enfance. Depuis l’école primaire. Je tenais un cahier, pas un journal intime, où je consignais mes impressions, des humeurs, mes petits secrets… Et avec l’éclosion des réseaux sociaux, j’ai commencé à écrire sur Facebook. Et j’ai rencontré des gens qui ont aimé ce que je faisais et ils m’ont encouragée à continuer dans la littérature, écrire un livre… Et voilà, j’écris sur une histoire algérienne.
Cela a été facile pour moi, car je connais la mentalité de la femme algérienne et l’homme algérien. Sinon, je ne pouvais pas écrire un roman sur une histoire d’un autre pays… nous confiera Kaouther Messaoudi avec enthousiasme. Elle déjà sur un autre roman et prépare un recueil de contes pour enfants.