C’est lors d’un Conseil des ministres, tenu il y a quelques semaines, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné des instructions pour obliger toutes les communes du pays à utiliser l’énergie solaire dans l’éclairage public.
Une démarche qui a pour but de rationaliser la consommation d’électricité. Toutefois, les interrogations restent nombreuses face à ce type d’énergie. El Watan Environnement démêle le vrai du faux.
Pour que cela fonctionne, il faut qu’il fasse beau. Vrai et Faux
Tawfik Hasni, Expert en énergie et en efficacité énergétique, estime que cela dépend de la technologie utilisée. «Le photovoltaïque (PV) n’a pas besoin de rayons solaires pour produire de l’électricité. De la lumière même diffuse lui permet de fonctionner. Le rendement sera plus faible», explique-t-il. Ajoutant que les concentrateurs solaires utilisant des photons solaires porteurs de chaleur nécessiteront des radiations solaires.
«Les rendements des concentrateurs solaires augmentent avec la température ambiante élevée. A l’inverse, le rendement du PV diminue avec l’augmentation de la température ambiante», précise-t-il. De son côté, Bachir Laaouar, chercheur spécialiste en énergie solaire, estime que cela dépend de l’autonomie de la batterie. A cet effet, il explique que pour dimensionner un éclairage solaire, il faut prendre en considération le nombre des jours d’autonomie en plus de la décharge approfondie. Cela équivaut, en général, à 30% selon la zone d’installation (sud 2 J/nord 4 J).
L’éclairage solaire coûte trop cher. Vrai et Faux
Selon Tawfik Hasni, l’éclairage solaire coûte effectivement trop cher. A cet effet, il explique : «L’éclairage est principalement électrique et l’usage est prévu la nuit. Le PV ne fonctionne pas la nuit. Il faut un stockage électrique dans des batteries. Ceci est certainement plus cher.» Précisant au passage que l’éclairage des autoroutes est encore plus cher. Selon lui, le stockage dans des batteries sera d’autant plus important lorsque la durée d’éclairage est longue.
«La durée de vie des batteries conventionnelles ne dépasse pas les 5 ans avec une bonne maintenance. Par ailleurs le vandalisme est hélas fréquent», ajoute-il. Tous ces facteurs expliqueraient, selon lui, les coûts élevés. Toutefois, M. Bachir Laaouar ne partage pas son avis assurant, quant-à-lui, que l’éclairage solaire coûterait moins cher. «A titre d’exemple : Pour un nouveau projet d’éclairage d’une longueur de 1 km, l’estimation de la technologie solaire est moins chère que la conventionnelle de cinq fois (câblage + armoire + trancher…)», assure-t-il.
L’éclairage solaire n’est pas adapté à toutes les régions du pays ? Vrai
Selon Bachir Laaouar, pour favoriser une zone au projet solaire, il faut avoir un gisement solaire annuel. «Les zones ou le gisement ne dépasse pas les 6000 Wh/m² sont des zones non adaptées au solaire», affirme-t-il.
L’éclairage solaire n’a d’intérêt que pour les lieux non-raccordés à l’électricité. Faux
Les spécialistes s’accordent à dire que cela est faux. En effet, selon Tawfik Hasni, l’éclairage solaire à partir de PV, une fois le problème de stockage résolu, devrait s’imposer. «L’autoproduction en Europe se fait en milieu urbain», assure-t-il.
L’éclairage est moins puissant que celui des lampes traditionnelles. Faux
Pour M. Hasni, cela est faux dans la mesure où l’usage se limite à l’éclairage. De son avis, la puissance consommée globalement n’est pas importante. «Cependant, les autres usages, particulièrement la chaleur, exigeront une puissance d’énergie solaire plus importante», explique-t-il. De son côté, M. Laaouar explique qu’une lampe de 200 lum/W (électrique) est mieux que 90 lum/W, que ce soit pour un éclairage traditionnel ou solaire.
La batterie ne tient jamais très longtemps. Vrai et Faux
La encore, les experts ne sont pas d’accord. En effet, selon M. Hasni, cela est vrai dans la mesure où même les batteries des véhicules ne dépassent pas les 5 ans. «Toutefois, il est toujours possible d’utiliser des batteries au lithium. La contrainte dans ce cas est que cette option trop coûteuse», propose-t-il. De son côté, M. Laaouar estime qu’il faut seulement exiger un nombre de cycles pour la batterie. «Dans le marché, il existe des batteries de 7000 Cycles. 7000/365=20 ans (la durée de vie)», précise-t-il.
L’éclairage solaire est moins fiable que l’éclairage traditionnel. Faux
Selon M. Hasni, aujourd’hui, avec un mixte Energie solaire à concentration et du PV, on arrive à produire 24 heures sur 24 à un coût compétitif avec les cycles combinés au gaz.
«La fiabilité en conséquence n’en est que plus grande, car il y a toujours un stockage d’énergie disponible. Il est également possible d’hybrider avec du gaz pour les cas de secours», assure-t-il. De son côté, M. Laaouar ajoute que le LED fonctionne toujours en courant continu CC, un courant électrique dont l’intensité est indépendante du temps (constante).
Les lampadaires solaires dénaturent le paysage. Faux
Selon les experts, ces lampadaires s’intègrent parfaitement au paysage et sont même assez design.
La maintenance nécessaire à ce type d’installation coûte cher ? Faux
Selon M. Laaouar, Le LED a une durée de vie de plus de 50 000 h, soit environ 10 ans. Celle du module photovoltaïque dépasse les 20 ans, et celle de la batterie dépasse les 10 ans. Le principale, selon lui, et de seulement bien exiger les caractéristiques et les conditions technique dans les cahiers des charges.
On peut réduire la facture globale grâce à l’énergie solaire. Vrai
«Cela est possible à 100% même», assure M. Laaouar. La seule condition, selon le spécialiste, est d’avoir des lampes avec un input électrique faible mais au nombre de lumens/W élevé.