Avec les taxes, il est difficile d’absorber le circuit informel, alors que le commerce électronique est un des leviers pour y parvenir,
estiment les opérateurs sur le terrain.
La 6e édition du forum Rakmana, organisé hier à Alger par le Groupement des acteurs algériens du numérique (GAAN), a mis en exergue et présenté les dernières avancées du «e-commerce et du e-paiement en Algérie» en présence de Nawel Benkritly, DG de la Satim, Baya Hanoufi, PDG d’Algérie, Madjid Messaoudène, DG du GIE Monétique et du président du conseil d’administration de la BEA.
Dans son discours, Tadjeddine Bachir, président du GAAN, a indiqué qu’au sein du groupe, «nous considérons que le paiement et le commerce électroniques représentent deux piliers de la transformation numérique, et des facteurs importants pour le développement et le renforcement de l’économie du pays. Leur développement est très important pour l’écosystème numérique en Algérie».
Le GAAN apprécie le récent accord entre Algérie Poste, GIE Monétique et Satim, selon lequel l’interopérabilité du service de paiement électronique a été lancée, considéré comme «une étape importante pour faciliter l’adoption du paiement électronique dans les e-services et les plateformes de e-commerce, au fur et à mesure que les charges et les coûts d’intégration de la plateforme de paiement diminuent et surtout que le nombre d’utilisateurs s’élargit».
Actuellement, il est estimé à dix millions de porteurs de cartes de paiement, entre la carte Edahabia d’Algérie Poste et les cartes bancaires (CIB).
L’accord est ainsi une réelle opportunité pour impulser le paiement électronique en Algérie. Cependant, la loi des finances 2022 risque de stopper les élans et remettre les compteurs à zéro.
«C’est un pas en avant, mais malheureusement la loi de finances 2022 nous a fait reculer de deux pas : elle a ramené la taxe à valeur ajoutée sur le commerce électronique à 19%, alors que le pourcentage était de 9%, et cela est venu complètement à l’opposé de ce que nous réclamions en termes d’incitation fiscale en faveur des commerçants et des clients utilisant le paiement électronique.»
A cet égard, le GAAN met en garde contre «l’émergence d’un marché parallèle sur internet plus important que le marché parallèle actuel, dont parlait le président de la République, en raison des taxes qui dissuadent les commerçants d’adopter le paiement électronique». Il a été noté aussi lors de cet événement que les efforts déployés pour vulgariser le paiement électronique sont insuffisants, notamment en ce qui concerne la sensibilisation à travers les médias lourds et les réseaux sociaux.
La plateforme d’intégration du paiement électronique www.cibweb.dz «est un grand bond en avant» par lequel le propriétaire de la boutique en ligne demande l’intégration du paiement électronique directement sans se déplacer, ces démarches, qui prenaient auparavant jusqu’à 4 mois, sont maintenant achevées en moins d’un mois.
Il ne suffit pas de fournir le service avec tout ce que cela implique comme énormes investissements et le recrutement de nombreuses ressources humaines sans promouvoir sa commercialisation auprès du citoyen et surtout lui apprendre à s’en servir et lui faire toucher du doigt les bénéfices qu’il en tirera. Il est devenu aussi «urgent de revoir la loi 18-05 du 10 mai 2018 relative au commerce électronique afin de l’adapter aux évolutions actuelles».
A cet égard, le GAAN, en concertation avec tous ses membres, prépare des propositions concrètes dans ce domaine qui seront soumis au gouvernement. Espérons que cette fois, elles seront prises en considération. Avec les taxes, il est difficile aussi d’absorber le circuit informel, alors que le commerce électronique est un des leviers pour y parvenir.
Le nombre de distributeurs automatiques de billets (DAB) opérationnels au niveau national a atteint 3053 appareils, tandis que le nombre des terminaux de paiement électronique (TPE) était de 39 000 unités à la fin 2021. C’est ce qu’indiquent les données de la Société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim).
Freins à la généralisation de l’usage du numérique
Par ailleurs, la taxation du matériel informatique (serveurs, stockages, disques durs, imprimantes, ordinateurs) va aggraver aussi le retard numérique de l’Algérie et de certains projets de digitalisation.
Elle impacte lourdement les TIC dans notre pays. Des projets qui concernent aussi les entreprises ou les institutions publiques, telles que la Cnas, les ministères de la Justice et de l’Intérieur, parce que ce sont des outils qui sont des plateformes d’infrastructures pour que l’information circule.
Un grand nombre est consommé par l’Etat dans les grands projets de modernisation structurés. L’outil informatique reste un intrant pour l’économie nationale.
Les taxes constituent aussi un frein certain pour généraliser l’usage du numérique dans les différents secteurs et permettre l’essor d’une société de l’information et d’une économie de la connaissance. Alors que le taux de pénétration des smartphones/tablettes a évolué significativement en Algérie, ils demeurent des appareils adaptés d’abord pour un usage de consommation de contenu.
La crise de Covid-19 a mis en exergue le faible taux de pénétration des ordinateurs chez les étudiants, les employés et les ménages. La base installée des ordinateurs personnels ne dépasse pas les 3 millions d’ordinateurs pour une population qui dépasse les 40 millions de citoyens, dont 40% environ au sein des administrations et entreprises, ce qui a réduit significativement l’éventail des solutions envisageables pour assurer une flexibilité dans le lieu de travail ou d’apprentissage.
Dans ce cadre, il y a lieu de revoir à la baisse les taux de taxation actuels en droits et taxes appliqués aux ordinateurs personnels et d’autres équipements informatiques essentiels (switch et routeurs, serveurs, etc.) qui se trouvent actuellement à un niveau excessif, rendant ainsi l’accès à un outil aussi essentiel que l’ordinateur impossible pour la plus grande frange de la population.