Depuis que l’inflation connaît une hausse sur le marché algérien, le rêve le plus logique des consommateurs est d’avoir accès aux produits alimentaires de base à des prix raisonnables.
Après les épisodes de la semoule et de l’huile de table, puis celui de l’oignon, ayant atteint, au mois d’avril dernier, le seuil phénoménal de 400 DA le kg, du jamais-vu en Algérie depuis l’indépendance, les dernières épreuves des légumineuses, puis la série à rebondissements des œufs et de la viande blanche, devenus des produits de luxe, les consommateurs vivent, désormais, de sérieuses appréhensions frisant la psychose, alors que nous sommes à moins de six mois du mois de Ramadhan.
Pourtant, et au vu des expériences de ces dernières années, de nombreuses solutions demeurent toujours possibles, si nos responsables s’engagent sérieusement et d’une manière durable à pérenniser les bonnes actions, au lieu de penser à recourir à la vieille «tradition» de l’importation. Tout le monde sait pertinemment que l’Algérie ne manque ni de richesses dans ses terres ni de citoyens et de citoyennes de bonne volonté.
Pour preuve, les leçons du Ramadhan de l’année écoulée sont encore là pour montrer la voie, et rappeler que les moyens sont toujours disponibles pour assurer un approvisionnement continu en produits de base, et à des prix accessibles. C’est la voie de la vente directe du producteur au consommateur grâce à ces marchés de la solidarité, lancés d’une manière conjoncturelle, puis fermés une fois le Ramadhan terminé, alors que c’est cette solution qu’il fallait perpétuer pour condamner les spéculateurs à disparaître.
On se rappelle encore que grâce à ces lieux, des producteurs d’œufs ont provoqué un véritable «séisme» dans les marchés, en proposant ce produit indispensable dans nos cuisines au prix de 16 DA l’unité, cassant toute la chaîne de la spéculation. Des éleveurs de volaille leur ont emboîté le pas pour le grand bonheur des chefs de famille. Les initiatives louables des ministères du Commerce et de la Solidarité, en ouvrant des espaces de vente à ces producteurs, mais aussi aux femmes travaillant à domicile, produisant divers aliments traditionnels, ont permis aux Algériens de passer un mois sacré dans le calme et la sérénité.
Ces mêmes citoyens qui ont vu leurs revenus s'épuiser quelques semaines après le mois du jeûne. Finalement, qu’est-ce qui empêche l’Etat et ses institutions de soutenir cette voie durant toute l’année et de ne pas se contenter d’un seul mois.
On n’a qu’à méditer sur la récente expérience lancée pour la première fois en Algérie, le 10 septembre en cours, par le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques en coordination avec la Chambre algérienne de la pêche et de l’aquaculture pour vendre les produits de la mer directement du pêcheur au consommateur dans l’ensemble des ports du pays. Une initiative qui a connu un énorme succès, en permettant à des milliers de familles aux revenus modestes de manger du poisson, devenu très cher dans un pays qui compte plus de 1200 km de côtes et des richesses marines inestimables.
Pourquoi l’Etat ne ferait-il pas de même pour les autres produits de base, en encourageant la vente directe du producteur au consommateur pour les viandes rouges, blanches, œufs, légumes, fruits et autres ? Les mécanismes ne sont pas difficiles à trouver. Il suffit de réfléchir sérieusement et faire en sorte que la mobilisation du Ramadhan ne soit plus conjoncturelle.