En collaboration aussi avec l’Office national de la culture et de l’information (ONCI, la présidente de la Fondation aura le plaisir de présenter la composante nationale du jury de cette édition 2022 et annoncer officiellement les dates de déroulement des épreuves finales du concours dans l’enceinte du palais de la culture Moufdi Zakaria, ainsi que les soirées d’ouverture et de clôture avec proclamation du palmarès, à l’Opéra d’Alger Boualem Bessaïeh.
La fondation, qui porte son nom, a été créée le 22 mai 2008 par les mélomanes, professeurs de musique, amateurs et admirateurs du répertoire du maître Abdelkrim Dali, dans le but de sauvegarder son lègue et promouvoir la musique classique algérienne. Abdelkrim Dali, maître de la musique andalouse, fut un des hommes qui ont consacré leur vie à la création artistique et à la culture algérienne.
Par ses travaux et ses créations, il a contribué à l’enrichissement et à la sauvegarde du répertoire de la musique andalouse. Le cheikh a légué à l’Algérie un Diwan de poésie et un répertoire riche de plus de 700 heures d’enregistrements entre émissions de radio, de télévision et cours à l’INM, Institut national de musique. Le Cheikh a su réunir les deux grandes écoles de la musique classique algériennes, en l’occurrence, El Gharnati et la Snaa, ainsi que les genres dérivés que sont les hawzi, aroubi, hawfi, maghrabi et madih.
Gharnati de Tlemcen- çanaâ d’Alger
Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali est né le 21 novembre 1914 à Tlemcen dans le vieux quartier de Hart Erma. Le premier cheikh qui le découvre et qui lui dispense un apprentissage approprié n’est autre que le valeureux cheikh Abdeslem Bensari, suivi plus tard de cheikh Omar El Bakchi en passant par cheikh Lazaar Bendali Yahia. Il n’était âgé que de 14 ans, lorsqu’il arrivait à maîtriser le r’bab, le luth, la flûte et le violon alto. A la même époque, il apprend à interpréter correctement le chant traditionnel. Il intègre tour à tour l’orchestre de ses deux maîtres pour rejoindre ensuite l’ensemble musical de cheikha Tetma, avec laquelle il participera à l’animation d’innombrables fêtes familiales et galas publics. Il fait partie momentanément de l’association El Andaloussia d’Oujda dirigée par Cheikh Mohamed Bensmain. C’est en 1930 qu’il réalise deux premiers enregistrements de disques 78 tours qu’il fera suivre de plusieurs séries jusqu’en 1950 avec les célèbres poésies Ana el kaoui, Amersouli, et El hadjam.
Son style particulier, qui tient du classique ghernati de Tlemcen et du hawzi a fait de lui une nouvelle figure au sein de l’élite artistique nationale de l’époque. Installé à Alger en 1945, il est intégré au sein de l’ensemble de musique classique andalouse de la radio que dirigeait Mohamed Fekhardji, il participera en qualité de musicien-luthiste. Cet important contact, ajouté aux conseils prodigués par le maître Mahieddine Lekhal avec lequel il fit de grands progrès. Son nouvel apport a été la conception d’un genre nouveau qui assemble le style gharnati de Tlemcen, son école d’origine et la sanaâ d’Alger, son école d’adoption.
Cette fusion a fait de lui un maître incontesté. Cheikh Abdelkrim Dali, devant l’intensité de ses activités et de son succès populaire, va s’investir dans la formation dès l’année 1951 à l’école municipale de musique d’Hussein Dey. Abdelkrim Dali fit son entrée au conservatoire municipal d’Alger en 1957 une année après la mort du maître Mohamed Fekhardji. Au lendemain de l’Indépendance nationale, il continua son action tous azimuts, il est membre de l’orchestre de la Radio télévision dirigé par les Cheikh Abderezak Fekhardji et Mustapha Skandrani à partir de 1964, artiste interprète représentant l’école tlemcénienne en Algérie et à l’étranger, et professeur au Conservatoire d’Alger, titulaire de chaire de l’enseignement vocal et instrumental.
«Rihla hidjazia »
En 1971, c’est au tour de l’Institut national de la musique de lui faire appel dans le cadre de son projet de recherche du patrimoine lyrique national. Il demeura fidèle à cette institution jusqu’à la fin de ses jours en qualité de chercheur dans un domaine qui faisait de lui un érudit. A ce titre, il participera à l’élaboration de la célèbre œuvre anthologique de la musique andalouse Mouachahat oua Ezdjal, tous styles confondus, en usage en Algérie, parue aux éditions SNED de l’époque.
C’est en 1969 qu’il effectue le pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam et à son retour il enregistre un poème historique intitulé Rihla hidjazia : Al hamdoulilah nelt qasdi ou blaght m’nay, qu’il précède d’une chanson de fête qui ne s’effacera jamais de l’esprit des Algériens, il s’agit de Saha aidkoum, chanson qui n’a pu à ce jour être supplantée (2012). Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali a permis à plusieurs jeunes talents de suivre sa voie.
Ce sont Abdelkader Rezkellah, Nouri Koufi, Nacreddine Chaouli, Hadj Kacem Brahim, Abdelhamid Taleb Bendiab, pour ne citer que ceux-là. Il s’éteint le 21 février 1978 en son domicile à Hydra et il a été inhumé au cimetière de Sidi Yahia à Alger.