Le terrible drame qui a secoué la ville de Bordj Bou Arréridj, au sixième jour du mois de Ramadhan, continue d’alimenter les débats et de provoquer des réactions, mais surtout susciter un énorme élan de solidarité manifestée par une population qui s’est sentie vraiment touché par cette dure épreuve vécue par la famille Hammouche, ayant perdu dix de ses membres, et toutes les victimes parmi les voisins.
Dès que la nouvelle funeste de l’explosion est tombée jeudi, des riverains et des citoyens du mouvement associatif de la ville de Bordj et d’ailleurs se sont activés pour se constituer en collectif, en coordination avec la cellule de proximité de la Direction de l’action sociale (DAS), pour venir en aide aux sinistrés et leur apporter un tant soit peu de réconfort dans cette triste circonstance. Ainsi, des dizaines de citoyens ont convergé vers les lieux du drame pour installer une table et partager le repas de la rupture du jeûne avec les sinistrés.
Le wali s’est déplacé, vendredi, sur les lieux pour consoler les sinistrés, en remettant les clefs aux rescapés de la catastrophe, les Hammouche père et fils, mais aussi pour écouter les préoccupations qui fusaient de tous bords des autres citoyens du site de l’accident touchés par la déflagration.
«C’est pour cela que je suis là. Je suis là pour m’occuper de chaque cas et tous les sinistrés seront pris en charge, sans exception. Nous avons une équipe hautement qualifiée dans le contrôle technique des constructions, de CTC dépêchée spécialement depuis Alger pour détecter la moindre faille dans les réseaux d’AEP, d’assainissement, de gaz, et de la fibre optique. Comme nous avons mobilisé des équipes de psychologues et de médecins pour la prise en charge totale des familles et sur tous les plans», a-t-il déclaré en présence de nombreux citoyens.
Préserver la dignité des victimes
Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 2h, les citoyens ont senti l’odeur du gaz s’échapper d’un regard d’assainissement. Ce qui a fait craindre un nouveau cauchemar. «Cela fait trois jours que nous vivons une véritable psychose et parfois à la belle étoile, puisque les toits se sont envolés, à la merci du froid et de la faim. Nous sommes trois familles sinistrées occupant l’immeuble que vous voyez insalubre. Nous apprécions la compassion de la presse, qui transmet nos préoccupations, mais ce qui nous agace ce sont les photos de nous et de nos habitations qui pullulent sur les réseaux sociaux.
A travers vous, je lance un appel aux internautes et leurs followers juste de mettre un terme à la diffusion de notre misère, car nous trouvons cela cynique», nous dit un riverain sinistré. Un autre voisin, sinistré aussi, enchaîne : «Nous, les sinistrés, occupons cinq habitations endommagées, dont celle des Hammouche qui a été complètement rasée. La veille (nuit de vendredi à samedi), nous avons senti l’odeur du gaz s’échapper, et aussitôt nous avons plongé dans la psychose de revivre le même scénario de jeudi. Nous avons bloqué la route pendant longtemps, car nous ne voulions pas revivre le même cauchemar. Maintenant que nous l’avons écouté attentivement, le wali qui nous a promis de prendre toutes nos doléances en main, ne doit pas nous décevoir, nous lui demandons de veiller personnellement sur nous pour éviter toute tergiversation.»
Justement, hier samedi, tout le quartier qui a connu le drame s’est vu coupé des réseaux d’électricité, du gaz, d’assainissement et d’AEP pour pouvoir élaborer l’inventaire avant de permettre aux différentes équipes d’entamer les travaux dans les plus brefs délais.
Beldjoud : «Chacun assumera ses responsabilités, qu’il soit responsable ou citoyen»
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, a affirmé vendredi que «les instances compétentes ont ouvert une enquête par le biais du procureur de la République pour déterminer les causes de l’explosion de gaz dans une habitation familiale qui s’est effondrée, jeudi, à la cité 5 Juillet au chef-lieu de wilaya, faisant, selon le dernier bilan, 10 morts et 17 blessés». «Les conclusions de l’enquête seront communiquées à l’opinion publique», a indiqué le ministre dans une déclaration à la presse en marge des condoléances présentées au frère du propriétaire de la maison effondrée, au centre-ville de Bordj Bou Arréridj, en compagnie du ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, et de la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Kaouther Krikou. «Chacun assumera ses responsabilités, qu’il soit responsable ou citoyen, pour éviter le renouvellement de ce genre d’incident», a-t-il assuré selon l’APS qui a rapporté l’information. M. Beldjoud a, selon la même source, affirmé que «la délégation ministérielle est venue aujourd’hui à Bordj Bou Arréridj pour présenter les condoléances au nom du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, suite à ce drame qui a frappé l’Algérie toute entière en ce mois de Ramadhan», priant Dieu d’accorder sa Miséricorde aux personnes décédées. Il a, à propos de ce sinistre, ajouté que «les premières données indiquent la présence d’une fuite de gaz», soulignant que la maison qui s’est effondrée avait «satisfait à toutes les normes légales dont le permis de construire et le certificat de conformité, de même que le réseau de gaz de la cité a été dernièrement renové». Auparavant, les membres de la délégation ministérielle se sont enquis de la santé des deux blessés qui se trouvent sous surveillance médicale à l’hôpital Lakhdar Bouzidi de la ville de Bordj Bou Arréridj. La délégation s’est également rendue sur les lieux de l’explosion pour constater les dégâts de ce tragique accident et écouter les préoccupations des citoyens qui habitent dans le voisinage de la maison effondrée, qui ont fait part de leurs «craintes de l’effondrement de leurs habitations suite aux dégâts occasionnés par la puissante explosion et de la nécessité d’exiger des comptes aux responsables de ce tragique incident». M. Beldjoud a assuré, à ce titre, qu’«une enquête a été ouverte», affirmant que «les services techniques détermineront l’ampleur des dégâts subis par leurs maisons». «L’Etat algérien n’abandonnera jamais ses citoyens et prendra en charge les sinistrés comme il l’a déjà fait dans des accidents analogues», a-t-il ajouté. A. Z.