- Quel est l’intérêt de cette 2e édition des Salam Days ?
Les Salam Days sont à la fois une manifestation scientifique et syndicale. Le but de la manifestation est d’abord scientifique. Nous réaffirmons que nous sommes des scientifiques et notre fonction principale est de fournir aux malades des analyses médicales de qualité et aider le médecin à poser son diagnostic. Nous permettons également à nos adhérents et à l’ensemble des biologistes médico-libéraux de faire de la formation continue au contact des spécialistes étrangers présents.
Ils vont donc mettre à jour leurs connaissances et seront informés des nouvelles méthodes de biologie médicale. En parallèle, nous faisons aussi de l’activité syndicale. Ainsi, à travers des interventions, nous les amenons à réfléchir et à débattre de l’exercice de la biologie médicale en Algérie en 2023.
- Quelle est la nouveauté cette année ?
Contrairement à l’année passée qui fut une édition nationale, celle de cette année est internationale. Aussi, l’édition de l’année dernière était purement scientifique. Notre objectif était de réaffirmer que notre souci premier est la science et la formation continue, estimant que l’exercice et tous les autres soucis viennent après. Par contre, l’édition de cette année nous débattrons également des différentes problématiques de notre exercice. Il faut savoir que le laboratoire de biologie médicale est une entreprise à part entière.
Autrement dit, elle a des soucis de ressources humaines, des soucis de fiscalité et aussi des soucis d’organisation à proprement dire. Nous débattrons donc de tout cela. Toutefois, ce qu’il en ressort comme problème majeur est l’exercice illégal de la biologie médicale.
Nous ne pouvons pas demander aux biologistes médicaux de satisfaire tous les articles de lois, à savoir des exigences de superficie, de locaux, de matériel et des exigences réglementaires et constater en parallèle que des gens exercent illégalement la biologie médicale sans satisfaire aucune de ces exigences. Il s’agit-là d’une concurrence déloyale d’autant plus que ces structures ne payent même pas d’impôt sur l’acte de biologie médicale. Finalement, en termes de santé publique, c’est un danger, en termes de législation commerciale et législation de santé, c’est une infraction.
- Vous dénoncez le fait que la biologie médicale soit exercée indûment…
Il faut savoir qu’en Algérie, la biologie médicale est exercée dans le secteur public et privé. Dans le public, celle-ci se fait à travers les CHU et les différentes structures de santé par des hospitalo-universitaires, et dans le secteur privé, nous sommes quelque 1300 laboratoires répartis à travers tout le territoire national. Toutefois, nous souffrons d’un exercice illégal de la biologie médicale.
En effet, en parallèle à ces 1300 laboratoires disposant du diplôme de biologiste médicale ainsi qu’un agrément pour l’exercer, il y a tout de même des structures qui exercent la biologie médicale indûment. A titre d’exemple, il y a les officines pharmaceutiques, les médecins généralistes, les hématologues cliniciens, les centres de diagnostic et les cliniques qui ne disposent pas de spécialistes.
- Quel est le risque encouru pour les patients ?
Le risque, comme dans toutes les spécialités, lorsqu’on s’adresse à la mauvaise personne, on met sa santé en danger. Même si par le passé, nous avons toléré, en raison de l’absence de biologistes médicaux, que la biologie médicale se fasse dans des structures sans biologistes médicaux, nous estimons, qu’en 2023, le citoyen algérien mérite d’avoir une biologie médicale de qualité faite par de véritables biologistes médicaux.
- Quelle est votre stratégie pour contrer ces pratiques ?
Nous estimons qu’il est essentiel de nous former. Il faudrait qu’on puisse offrir la biologie médicale de qualité afin de satisfaire à la demande du patient et lutter contre cet exercice illégal. Nous concevons mal que le patient, en 2023, s’adresse à un «non biologiste médical» et paye le même prix pour des analyses qu’il pourrait se voir dispenser par un spécialiste.
C’est pourquoi, nous adressons un message aux pouvoir publics pour regarder vers cette spécialité, trop longtemps délaissée, et faire le tri. La loi sanitaire de 2018, à travers ses articles 251 et 252, est claire. Elle définit quelles sont les spécialités qui peuvent avoir un laboratoire d’analyses médicales. Nous ne demandons que l’application de cette loi. Sofia Ouahib