Le plan de prévention et de lutte contre les incendies de forêt sera prêt avant le 1er juin prochain avec de nouvelles mesures qui viendront renforcer le dispositif déjà existant. Dans cet entretien, le directeur général de la Direction générale des forêts (DGF), Djamel Touahria, affirme qu’un dispositif innovant pour la détection précoce des incendies sera opérationnel cette année avec une éventualité de le généraliser l’année prochaine à d’autres wilayas.
- Où en êtes-vous dans les préparatifs du plan national de prévention et de lutte contre les incendies de forêt ?
La préparation de cette campagne suit son cours normal, ainsi les moyens humains et matériels sont mobilisés. Pour les infrastructures ayant trait à cette opération notamment, ouvertures et aménagement de pistes, ouvertures et aménagement de tranchées pare-feux, construction et aménagement de points d’eau ainsi que la construction et l’aménagement de postes de vigie sont en cours de réalisation, et nous comptons les réceptionner avant l’ouverture de la campagne, soit au 1er juin 2024. Ces infrastructures viendront en renfort au dispositif déjà mis en place.
- Un nouveau projet de prévention et détection précoce des feux de forêt, basé sur une solution innovante développée par une startup algérienne, vous a été présenté en hiver 2023. Sera-t-il opérationnel pour cet été ?
L’administration forestière encourage et accompagne tout porteur de projets et d’idées innovantes liées aux nouvelles technologies contribuant directement à l’amélioration des dispositifs mis en place dans la cadre de la prévention et de lutte contre les incendies de forêt.
La DGF se réjouit d’accueillir une startup algérienne émergente porteuse de solutions innovantes pouvant être d’une grande utilité dans la détection et l’alerte précoce. Ainsi, nous avons reçu l’offre d’une startup algérienne que nous avons accompagnée à installer ses équipements sur un site à titre expérimental au niveau de la willaya de Tizi Ouzou.
Ce travail a été effectué durant le mois de novembre 2023, juste après la clôture de la campagne, des résultats satisfaisants ont été enregistrés. Pour la généralisation de l’utilisation de ces équipements au niveau des différents massifs, nous devrions attendre l’évaluation des résultats de la campagne 2024.
- Il a été instruit de privilégier davantage des actions proactives. Concrètement, qu’est-ce qui a été entrepris à ce jour ?
Avant de répondre à cette question, il est utile de vous informer que les actions proactives s’articulent autour de quatre axes distincts. Il s’agit d’abord de la sensibilisation. C’est une activité qui se fait continuellement pendant toute l’année, à commencer par les écoles, les prêches au niveau des mosquées, l’utilisation des médias (radio, télévision, les spots publicitaires, la réalisation des espaces verts au niveau des établissements scolaires avec la participation des élèves…).
Puis, le lancement des travaux et accompagnement des riverains à la forêt : les populations riveraines à la forêt bénéficient des programmes de développement sur budgets de l’Etat, notamment l’acquisition de ruches d’abeilles, de plantations fruitières et l’utilisation de certains produits de la forêt à titre gracieux sans porter préjudices à celle-ci.
A mentionner aussi les travaux à réaliser par l’administration forestière. Ces travaux se résument par l’ouverture et l’aménagement de pistes, l’ouverture et la construction des points d’eau et de postes de vigie ainsi que les travaux sylvicoles. Les travaux à réaliser par les utilisateurs des espaces forestiers doivent être obligatoirement achevés avant l’ouverture de chaque campagne des travaux d’entretien.
Concernées par ces travaux, plusieurs parties, notamment Sonelgaz doit procéder à la création de tranchées de 15 mètres de largeur sous les lignes électriques de haute tension. La SNTF, censée dégager des abords des voies ferrées sur 5 mètres de part et d’autre.
La DTP qui doit dégager les accotements des routes nationales et wilaya et aussi les directions des services agricoles qui doivent procéder à la création de tournières autour des parcelles agricoles situées à la lisière des massifs forestiers.
Sonatrach doit, quant à elle, procéder au dégagement de la végétation aux abords des conduites de gaz traversant les massifs forestiers. Quant au dégagement de la végétation autour des installations téléphoniques érigées à l’intérieur des massifs forestiers, ils doivent être assurés par les opérateurs eux-mêmes.
- Quelles sont les leçons à tirer des incendies dévastateurs qui ont touché le pays ces dernières années ?
A l’instar des pays du bassin de la Méditerranée, notre pays est exposé annuellement au risque d’incendies de forêt qui s’accentuent d’année en année.
En plus des menaces sur la vie et les biens des citoyens, les pertes énormes du patrimoine forestier et la destruction des écosystèmes en causant des préjudices à la faune et à la flore, ce fléau est devenu de plus en plus dévastateur accentué par les changements climatiques (des températures dépassant 50° accompagnées de vents violents).
A cela s’ajoutent la négligence et les comportements négatifs de certains riverains et utilisateurs des espaces forestiers sans omettre la non-exécution de certaines mesures préventives entre autres, le dégagement de toutes les végétations susceptibles d’été sources de déclenchement de foyers d’incendie.
Le bilan de la campagne 2023 fait état de 41 594 hectares dans 1052 foyers d’incendie. Par détails, 11 487 hectares de forêt, 10 195 hectares de maquis, 10 943 hectares d’arbres fruitiers de montagne et 8959 hectares de broussailles sont ravagés.
- Outre ces pertes du foncier forestier et contrairement au passé, on enregistre de plus en plus de pertes humaines...
Cette année, la Commission nationale de la protection des forêts (CNPF) a été installé cette année plutôt que d’habitude, soit le 27 février dernier, et ce, dans l’objectif d’avoir une meilleure préparation à la saison.
L’idée est de sensibiliser tous les acteurs et les intervenants. Pour pallier justement ce fléau, des mesures exceptionnelles sont prises en matière de prévention, d’organisation et d’intervention et de lutte active en collaboration avec tous les acteurs concernés.
A la lumière des incendies de forêt enregistrés au cours des dernières années, une stratégie de prévention et de lutte contre ce fléau est mise en œuvre afin d’assurer une coordination efficace entre les acteurs qui interviennent directement dans la lutte, d’une part, et d’autre part, d’impliquer la société civile de manière organisée à travers un plan d’intervention multi-sectoriel.
Les hautes autorités du pays accordent une grande importance à la préservation des vies des biens des citoyens et du patrimoine forestier en mobilisant les moyens matériels (acquisition de camions anti-feu et de moyens de détection précoce des incendies de forêt) pour assurer l’efficacité de la première intervention sans oublier les efforts consentis par les éléments du ministère de la Défense nationale qui interviennent directement au niveau des foyers pour l’évacuation des populations en danger et dans l’extinction des feux par l’utilisation de moyens aériens dans des zones à reliefs escarpés. Ajoutons à cela le rôle actif des walis qui suivent et dirigent de près les opérations sur le terrain.
- D’une grande envergure et d’une importance nationale, le projet de réhabilitation, de développement et d’extension du barrage vert a adopté une nouvelle approche et dimension. Où en est l’avancement de ces opérations ?
Le programme de relance du barrage vert qui a une durée de 40 mois est lancé officiellement le 29 octobre 2023, par le président de la République à partir de la wilaya de Djelfa, par le lancement des plantations. Aujourd’hui à pratiquement la fin de la campagne de plantation, nous sommes à 7300 ha plantés, soit 6 millions de plants mis en terre pour la première tranche 2023.
Ces plantations visent la reconstitution des écosystèmes forestiers à travers les plantations forestières, la mise en valeur des terres à travers les plantations fruitières et rustiques visant aussi l’amélioration des conditions de vie des populations et la fourniture d’unité fourragères par le biais des plantations pastorales et fourragères étant donné que 63% de l’aire du barrage vert est steppique.
A cela, j’ajoutent les actions de protection qui sont en cours, à savoir les mises en défens et les actions de conservation des eaux et des sols qui sont à 53%, ainsi que les actions structurantes, notamment les actions de désenclavement des exploitations agricoles et des ménages ruraux ainsi que les actions de mobilisation de la ressource hydrique qui sont en cours de réalisation.
Par ailleurs, il y a lieu de préciser que le but de ce programme, c’est de créer un dynamisme socio-économique et un développement durable dans cette région steppique à travers les 13 wilayas, 183 communes, 1200 localités concernées, abritant 7 millions d’habitants.
Aussi, ce programme a pour objectif d’assurer la résilience de cette région face aux changements climatiques et un rempart contre la désertification et les problèmes d’ensablement qui pourraient atteindre le littoral vu la dégradation continue des sols et la sécheresse qui est de plus en plus étalée durant ces dernières années.
A cet effet, il est à signaler que le programme de relance du barrage vert est une opportunité pour conjuguer les efforts de toutes les parties prenantes pour mener à bien ce programme. Pour cela, ce programme se poursuit jusqu’à 2030 à travers des inscriptions annuelles qui permettent de créer de l’emploi à travers les chantiers de mise en œuvre des actions citées précédemment.
- Dans le cadre de la relance de l’activité de chasse, des mesures nécessaires étaient prises pour conférer davantage d’efficacité, en procédant à l’organisation et à la formation des chasseurs pour obtenir un permis de chasse. Quelle est la situation ?
Effectivement dans le cadre de la relance effective de l’activité de la chasse en Algérie, des mesures ont été prises par la DGF, à savoir : la formation des chasseurs pour l’obtention du permis de chasse.
L’administration des forêts assure en effet le stage de formation des chasseurs pour l’obtention de l’attestation d’habilitation à être titulaire de permis de chasse. Un stage de trois jours est organisé en plusieurs sessions au cours de l’année. A ce jour, 23 453 chasseurs ont été formés, dont 22 312 ont obtenu leurs permis de chasse.
Puis vient l’identification et la délimitation des territoires de chasse destinés à l’amodiation. Un arrêté portant fixation des territoires de chasse destinés à l’amodiation a été signé le en août 2022, par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, identifiant, à travers 36 wilayas, où il a été fixé 392 terrains à amodier pour la chasse, couvrant une superficie globale de 511 577 ha.
Pour la campagne cynégétique 2023-2024, 185 territoires de chasse ont été amodiés au niveau de 28 wilayas, couvrant une superficie de 57 772 ha. Et pour la préparation de la prochaine campagne cynégétique 2024-2025, d’autres territoires de chasse destinés à l’amodiation vont être rajoutés, où les propositions sont en cours de validation.
S’agissant de la préparation de plan de chasse et afin d’établir le plan de chasse et définir le quota de gibier à prélever par chasseur et par journée de chasse, en période de chasse autorisée, deux opérations de dénombrement, la première au printemps et la deuxième en été sont effectuées à travers les territoires des conservations des forêts.
Pour cette année, la première opération de dénombrement a été effectuée, et nous sommes en phase de récolte des données. Le plan de chasse de la saison 2024-2025 sera préparé sur la base des données des deux opérations de dénombrement, ainsi que bilan de la saison de chasse écoulée et sera soumis, pour avis, au conseil supérieur de la chasse et du patrimoine cynégétique, qui va tenir sa réunion avant l’ouverture de la campagne de chasse septembre 2024.