Le Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo) a interpellé, il y a quelques jours, le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique pour mettre un terme au diktat de certains opérateurs pharmaceutiques qui imposent «les ventes concomitantes et en packs aux pharmaciens» et font «de la rétention de stock».
A l’issue de sa réunion en session ordinaire, le conseil national du Snapo a appelé les membres de la corporation, plus particulièrement les pharmaciens, «à boycotter les établissements pharmaceutiques de distribution en gros qui leur fixent des restrictions et des conditions commerciales illégales et contraires à l’éthique et à la réglementation en vigueur».
L’organisation a dénoncé dans un communiqué «une augmentation drastique des pratiques illégales de certains distributeurs en gros des produits pharmaceutiques à l’encontre des pharmaciens d’officine».
Ces derniers imposent aux pharmaciens d’officine, selon les auteurs du communiqué, des conditions commerciales contraignantes et contraires à la déontologie et à l’éthique de la profession, ce qui entraîne une «grave perturbation et une pénurie provoquée de certains médicaments, associée au constat de cas de non-respect par certains opérateurs pharmaceutiques de leurs engagements à exécuter les programmes de fabrication et d’importation dans les délais et les quantités impartis».
Les médicaments les plus touchés sont, détaille le Snapo, ceux en situation monopolistique fabriqués par un seul producteur. En plus des dénonciations et de l’appel au boycott des distributeurs «sans scrupule», l’organisation envisage de lancer dans les prochains jours une plateforme numérique pour signaler les pratiques et les pressions subies sur le terrain.
Et pour permettre également la notification des médicaments indisponibles ou sous tension, mentionnant le nom du fournisseur ne les possédant pas, dans l’unique but de «coordonner au mieux avec les autorités compétentes afin de lutter contre ce fléau qui gangrène le secteur». Dans ce sillage, le Snapo exhorte le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique à «intensifier» les opérations de contrôle et à prendre les mesures nécessaires pour dissuader les contrevenants et garantir une distribution fluide des produits pharmaceutiques aux pharmaciens d’officine.
Les accusations du Snapo ont fait réagir l’Association des distributeurs pharmaceutiques algériens (Adpha) qui tient, à son tour, le Syndicat des pharmaciens d’officine pour responsables de la perturbation du marché du médicament. «Les termes utilisés dans le communique du Snapo, qui nous a d’ailleurs surpris, est loin des règles professionnelles que respectent la plupart des distributeurs», dénonce l’Adpha dans un communiqué.
Appel à la «retenue»
L’Association des distributeurs rappelle que le règlement des problèmes du secteur se fait via un «dialogue transparent et responsable» impliquant tous les représentants de la chaîne de distribution et sous l’égide du ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, dans le cadre de l’Observatoire de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques et de ses groupes de travail et non pas «par des communiqués interposés».
La même association a rappelé qu’au cours des deux dernières années, la collaboration coordonnée entre les syndicats du secteur a été l’un des facteurs qui a contribué à l’avancement de nombreux dossiers , «toutefois, le retour à une politique de communiqués unilatéraux constitue un obstacle à la réalisation des objectifs communs», s’inquiètent les dirigeants de l’Association qui appellent à la «retenue».
«Même si nous comprenons la pression exercée par la base syndicale sur ses responsables pour obtenir des solutions immédiates à des problèmes anciens et complexes, nous appelons tout de même les responsables syndicaux à faire preuve d’un minimum de retenue pour éviter de saper le capital confiance construit au fil des années de travail en commun», lit-on dans le communiqué.
Pour l’Association, «le non-respect des textes de loi chez une minorité d’acteurs ne doit pas être imputé aux seuls distributeurs, mais s’étend également aux fournisseurs, aux fabricants et aux pharmaciens, et il ne faut pas faire de cette minorité l’arbre qui cache la forêt des acteurs intègres qui ont toujours prouvé leur capacité à fournir et à acheminer les médicaments à l’échelle nationale».