La deuxième session du dialogue stratégique algéro-italien, tenue dimanche et lundi à Alger, a permis aux deux parties de procéder à une évaluation d’étape de la coopération bilatérale. «Les deux parties ont procédé à une évaluation d’étape de la coopération bilatérale et de ses perspectives, dans les domaines d’intérêt commun, à la lumière des conclusions adoptées lors de la première session dudit dialogue tenue à Rome, ainsi que les recommandations entérinées par les deux parties lors de la 4e session du sommet bilatéral tenue à Alger», a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Co-présidée par les secrétaires généraux des ministères des Affaires étrangères des deux pays, cette rencontre a porté essentiellement sur les relations bilatérales et les questions politiques et de sécurité globale. «Ce mécanisme bilatéral de coopération vient marquer la volonté partagée des deux pays d’œuvrer en faveur de l’approfondissement et de la consolidation de la coopération bilatérale, conformément au mémorandum d’entente signé entre l’Algérie et l’Italie, instituant ce dialogue stratégique», selon le même communiqué.
Lounes Magramane, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, a, dans ce cadre, «procédé avec son homologue italien, Ricardo Guariglia, à un échange approfondi sur les relations bilatérales algéro-italiennes ainsi que sur les questions d’actualité régionale et internationale d’intérêt commun, en particulier la question du Sahara occidental, la situation en Libye, au Mali et au Sahel», a ajouté la même source.
A l’issue de cette session, il a été procédé à la signature par les deux secrétaires généraux d’un procès-verbal consignant les conclusions de cette réunion, et à la signature d’un accord de coopération entre l’APS (Algérie Presse Service) et l’Agenzia Nova (agence de presse italienne).
Les échanges fréquents et approfondis entre les deux pays témoignent clairement d’une convergence totale sur les questions d’ordre politique. Mais surtout d’un regain d’intérêt de la part de l’Italie pour la région nord-africaine, en particulier l’Algérie. L’Italie multiplie, depuis plusieurs mois, les initiatives d’appui au développement en direction de l’Afrique. Elle affiche clairement l’ambition d’appuyer les économies africaines afin de limiter les flux migratoires qui s’accentuent au large de ses côtes.
Plan Mattei
Outre cet aspect, l’Italie, fortement impactée par le conflit en Ukraine, cherche à assurer sa sécurité énergétique. L’Algérie dispose, en ce sens, de tous les atouts pouvant permettre à l’Italie de garantir son approvisionnement en énergie à travers le projet du futur gazoduc Galsi. Celui-ci devrait permettre dans un premier temps l’exportation de gaz vers Piombino (Italie), mais également servir à l’acheminement d’hydrogène et d’ammoniaque.
Le plan Mattei, promu par la Première ministre italienne Giorgia Meloni, intègre aussi une approche collaborative avec les pays d’Afrique en général et de l’Afrique du Nord en particulier. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tayani, avait avancé, en novembre dernier, la somme de 100 milliards d’euros pour le financement de ce plan.
Même si les détails de ce plan, qui porte le nom du fondateur de l’entreprise pétrolière italienne (ENI), Enrico Mattei, ne sont pas encore clairs, il est probable qu’il tentera d’esquisser un nouveau partenariat entre Rome et les pays africains autour de la question énergétique. Enrico Mattei plaidait en faveur d’un modèle vertueux de collaboration et de croissance entre l’Union européenne et les nations africaines pour briser l’oligopole des «Sept Sœurs», formule qu’il a inventée pour faire référence aux compagnies pétrolières dominantes du milieu du XXe siècle.
Précisons que l’Italie devrait abriter en juillet et octobre prochain deux importantes rencontres internationales. En juillet, un congrès mondial sur la migration clandestine est prévu à Rome. Le sommet Italie-Afrique est, lui, annoncé pour le mois d’octobre et pourrait servir de tremplin pour ce plan Mattei.
Le président Tebboune s’est entretenu, dimanche par téléphone, avec son homologue italien, Sergio Mattarella, sur les relations bilatérales. Ils ont discuté de «l’éventuelle participation du président de la République à deux importantes rencontres prévues en juillet et en novembre en Italie».