Développements dangereux en Libye : Les efforts de l’Algérie pour éviter la reprise des affrontements

13/08/2024 mis à jour: 00:43
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Ahmed Attaf recevant dimanche l'ambassadeur de Libye à Alger, Saleh Hemma Mohamed Bagda

Le ministre des Affaires étran,gères, Ahmed Attaf, appelle à nouveau les «frères libyens à faire preuve de sagesse et de retenue», suite aux sérieuses menaces de la reprise des affrontements dans ce pays en crise. 

Ayant reçu, dimanche dernier, l’ambassadeur de Libye à Alger, Saleh Hemma Mohamed Bagda, le chef de la diplomatie algérienne insiste sur la «préservation de l’acquis majeur réalisé dans le cadre du processus politique mené par l’ONU, à savoir l’arrêt des hostilités entre les belligérants libyens». «La rencontre (avec le diplomate libyen) a été une occasion de passer en revue les développements préoccupants et peu rassurants en Libye, notamment les opérations de déploiement militaire vers les régions de l’ouest et du sud du pays, qui laissent craindre une reprise des hostilités et des affrontements entre les parties libyennes», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Selon la même source, Ahmed Attaf souligne que «cet acquis doit être valorisé, renforcé et servir de base pour aller de l’avant dans la réalisation du règlement pacifique escompté, à l’effet de préserver la sécurité et la stabilité de la Libye et de son voisinage». 

Poursuivant, le ministre met l’accent sur «la mobilisation de toutes les ressources et capacités de la Libye pour réussir rapidement le processus politique dans le but d’unifier les institutions libyennes à travers des élections libres, transparentes et régulières». «Le caractère vital et décisif de ces élections contraint tout un chacun à se soumettre aux urnes plutôt que de miser, désespérément, sur une vaine logique de force et de violence qui ne fait qu’ébranler, davantage, la stabilité de la Libye, prolonger la crise dans ce pays frère, et accentuer le fossé de différends au sein d’une seule nation et entre les enfants d’un peuple uni», indique-t-il.


Haftar, l’égypte et les états du Sahel

C’est pour la troisième fois, en l’espace d’une semaine, que le ministre des Affaires étrangères intervient sur un dossier brûlant, appelant toutes les parties à œuvrer pour la réussite du processus engagé sous l’égide de l’ONU. Mais sur le terrain, la situation devient de plus en plus inquiétante. Les mouvements de troupes engagées par le Maréchal Haftar, qui avancent vers le sud-ouest du pays, contrôlé par le Gouvernement d’union nationale (GUN) reconnu par l’ONU, ravivent le spectre de la guerre. 

Selon la chaîne Libya Al Ahrar, citant une source de l’armée du GUN, «l’adjoint du chef d’état-major (…) a donné des instructions aux unités de l’armée d’être en état d’alerte et d’être prêtes à repousser toute éventuelle attaque dans le Sud-Ouest». Jeudi dernier, le Haut conseil d’Etat (HCE) affirme  «suivre avec une grande inquiétude les mobilisations militaires des forces d’Haftar dans le Sud-Ouest ces deux derniers jours, visant clairement à renforcer son influence et étendre son contrôle sur des zones stratégiques communes avec nos voisins». 

«Ces mouvements [de troupes] sont susceptibles de nous renvoyer aux affrontements armés et sont une menace directe pour le cessez-le-feu de 2020, sapant tout effort visant à réunifier l’institution militaire et causant l’effondrement du processus politique», ajoute cette instance. Dans ce contexte complexe, l’Egypte, un des principaux alliés de Haftar, est accusée par le GUN d’interférences dans ce conflit, notamment après la visite officielle du chef du Gouvernement libyen de stabilité nationale (GSN) basé à Benghazi, Oussama Hamad, au Caire où il a été accueilli par le Premier ministre égyptien Mustafa Madbouly. En réaction, le GUN a expulsé, hier, selon des médias locaux, deux diplomates égyptiens accusés «d’avoir mené des activités de renseignement préjudiciables aux intérêts de l’État». 

En outre, cette mobilisation des troupes de Haftar semble avoir aussi un autre objectif. Selon des sources médiatiques burkinabè, le militaire libyen aurait noué des liens avec l’Alliance des États du Sahel (AES) et qu’il «aurait décidé d’envoyer des troupes, menées par son fils Saddam Haftar, pour sécuriser les frontières Sud, notamment après les évènements du nord du Mali (Tin Zaouatine)». Selon ces sources, l’engagement des forces de Haftar «est un soutien important pour le Mali et le Niger, contre le mouvement du nord du Mali soutenu par l’Ukraine». 

 

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