Le continent africain, qui a, à son actif, environ 2,7 milliards de dollars sur les plus de 3,1 milliards de dollars, a accaparé près de 90% du total des fonds mobilisés dans des programmes d’installation de ces réseaux dédiés à l’électrification des zones reculées dans le monde.
Avec 100% de taux d’électrification, l’Algérie figure parmi les pays les mieux électrifiés au monde et demeure le premier en Afrique, tirant des énergie fossiles 90% de son mixte énergétique, selon la Banque mondiale et l’Agence internationale de l’énergie (AIE).Mieux : elle vient d’être classée par la Sustainable Energy for All (Energie durable pour tous, SEforALL), dans le top 20 mondial des pays ayant un accès étendu aux mini-réseaux électriques, où figurent, également, les Seychelles, le Sierra Leone, le Liberia, l’Erythrée, le Mali, la Guinée Bissau, le Cameroun, le Bénin et le Kenya.
C’est ce qui ressort d’un récent rapport «State of the global mini-gridsmarket report 2024», où cette organisation internationale œuvrant pour «un accès universel aux énergies renouvelables», basée à Vienne, en Autriche, met en lumière les efforts financiers déployés dans des programmes de développement des mini-réseaux électriques à l’échelle mondiale par des investisseurs privés, des gouvernements et des partenaires de développement.
Le continent africain, qui a, à son actif, environ 2,7 milliards de dollars sur les plus de 3,1 milliards de dollars, a accaparé près de 90% du total des fonds mobilisés dans des programmes d’installation de ces réseaux dédiés à l’électrification des zones reculées dans le monde, souligne-t-on dans le même document.
A l’échelle de la sous-région, la plus grosse part des financements, soit plus de 800 millions de dollars, revient à l’Afrique de l’Ouest. Arrivent derrière l’Afrique de l’Est avec près de 640 millions et l’Afrique centrale (416 millions). Les performances de l’Afrique du Nord et l’Afrique australe seraient faibles, considérant «les montants très modestes» dédiés à la filière des mini-réseaux électriques. SEforALL relèvera que quelque 821 millions de dollars sont engagés dans des programmes multirégionaux couvrant l’ensemble du continent.
Les auteurs du rapport, qui expliquent l’essor prodigieux - les installations de mini-réseaux à l’échelle mondiale étant actuellement plus de six fois plus nombreuses qu’en 2018 - que connaît le secteur, depuis ces quelques dernières années, par «la mise en œuvre de projets qui ont été interrompus pendant les premières phases de la pandémie ainsi que par les progrès technologiques et la baisse du coût des énergies renouvelables», feront remarquer la tendance à une mutation de plus en plus forte vers le «vert» des mini-réseaux électriques installés à travers le monde.
En témoigne la sensible décrue de la part de la capacité diesel dans ces mini-réseaux, enregistrée en moins de dix ans. Entre 2018 et 2024, de 42%, elle est ainsi passée à 29%, et ce, grâce «aux efforts mondiaux de réduction des émissions de carbone, à l’augmentation des coûts opérationnels associés au diesel et à la baisse des coûts des solutions de stockage d’énergie», surtout.
La part des systèmes solaires a, quant à elle, connu une notable augmentation, bondissant durant la période sous-revue de 14 à 59%. Performances que la filière doit en partie «aux progrès technologiques importants, à l’amélioration en termes d’accessibilité financière ainsi qu’à la multiplication des politiques de soutien au déploiement des énergies renouvelables». Les auteurs du «State of the global mini-grids market report 2024» ont, par ailleurs, pu identifier deux tendances dans le financement du secteur des mini-réseaux dans le monde.
La première à trait à «l’augmentation significative du financement total engagé par les partenaires au développement». De quelques millions de dollars au cours des années 2000, le volume de financement s’est établi à plus de 2,5 milliards de dollars en 2023. La seconde tendance consiste en l’implication accrue des capitaux privés.
D’à peine 100 millions de dollars en 2015, les financements des investissements consentis s’étant élevés à environ 600 millions de dollars en 2022. Progression témoignant d’«une reconnaissance plus large du rôle que les mini-réseaux peuvent jouer dans les objectifs mondiaux d’accès à l’énergie, et offrent de nouvelles possibilités de croissance dans le secteur».
Combinant subventions, fonds propres et emprunts, les financements mixtes (Blended finance) jouent déjà, aux yeux de l’Organisation SEforALL, qui travaille en partenariat avec les Nations unies, les gouvernements, le secteur privé, les institutions financières et la société civile aux fins du renforcement et de la stimulation des actions en faveur de la réalisation de l’Objectif de développement durable 7 (ODD 7), «un rôle essentiel pour attirer les investisseurs commerciaux et les investisseurs d’impact, améliorant ainsi la bancabilité des projets de mini-réseaux».
En outre, «des plateformes de financement à guichet unique offrant des solutions financières complètes qui comprennent le préfinancement, les subventions basées sur les résultats (RBF) et l’assistance technique sont en cours de développement pour fournir l’adaptabilité requise pour le développement des mini-réseaux», fera-t-on savoir.
Aussi, les flux d’investissements en la matière sont susceptibles d’être renforcés grâce à «l’exploitation des options de financement climatique».
Pour SEforALL, des mécanismes innovants comme «les crédits d’énergie renouvelable distribuée (D-REC) et les crédits d’énergie renouvelable pour la paix (P-REC)» se révèlent, également, être «des outils efficaces pour financer les systèmes de production et de distribution d’électricité qui alimentent en énergie un petit groupe isolé de clients et fonctionnent indépendamment du réseau électrique national».