L’Organisation de la coopération et le développement économique (OCDE) a relevé ses prévisions de croissance mondiale pour l’année 2024, mais alerte sur le risque que constituent les fortes tensions géopolitiques à court terme pour l’activité et l’inflation.
Si le conflit au Moyen-Orient persiste, des perturbations sont à prévoir sur les marchés de l’énergie, indique l’OCDE dans sa nouvelle mise à jour des projections économiques mondiales rendue publique hier.
«L’interruption du trafic sur les principales voies de transport de pétrole et de gaz du Moyen-Orient vers l’Asie, l’Europe et le continent américain provoquera des goulets d’étrangement au niveau de l’offre et fera grimper les prix de l’énergie», note le rapport en soulignant que cela nuirait à la croissance et accentuerait les tensions inflationnistes.
Concernant le niveau de croissance du produit intérieur brut (PIB) à attendre pour 2024, la même organisation mise sur un taux de 2,9% contre 2,7% prévu dans une précédente prévision.
Une projection qui reste tout de même en deçà du niveau enregistré l’année dernière et qui était de 3,1%. Les effets du resserrement des conditions financières continuent d’impacter les marchés du crédit et de l’immobilier, alors que le commerce mondial reste modéré, précise l’OCDE.
Evoquant les attaques de navires en mer Rouge par les rebelles houthis, l’OCDE fait remarquer la hausse des coûts d’expédition et l’allongement des délais de livraisons (entre 30% et 50% en particulier entre l’Asie et l’Europe), qui perturbent fortement les calendriers de production et augmentent une pression supplémentaire sur les prix des produits.
«Si la hausse de 100% des frais de transport persiste, cela pourrait impacter l’inflation annuelle des prix à l’importation des pays de l’OCDE de près de 5 points de pourcentage, ajoutant 0,4 point de pourcentage à l’inflation des prix à la consommation au bout d’un an environ», souligne le même rapport.
Dans les économies de marchés émergentes, l’inflation devrait rester généralement plus élevée que dans les économies avancées, tout en évoluant à la baisse sur la période 2024-2025.
Le taux d’inflation, dans les économies du G20, sera de 6,6% en 2024, avant de baisser jusqu’à 3,8% en 2025, alors que l’inflation sous-jacente passera à 2,5% en 2024 et retombera à 2,1% en 2025.
Il est trop tôt, toutefois, d’affirmer avec certitude que les tensions sous-jacentes sur les prix sont pleinement maîtrisées, tempère l’OCDE en notant que «la situation sur le marché du travail s’est un peu rééquilibrée, mais la croissance du coût unitaire de la main-d’œuvre reste d’une manière générale supérieure au taux qui serait compatible avec les objectifs d’inflation à moyen terme».
Par ailleurs, l’OCDE relève que la persistance des tensions sur les prix des services pourrait entraîner une augmentation inattendue de l’inflation et provoquer des corrections de prix sur les marchés financiers au fur et à mesure des réévaluations des attentes en matière d’assouplissement monétaire.
D’où, d’ailleurs, les projections de faible croissance. «La politique monétaire doit rester prudente de façon à garantir que les tensions inflationnistes sous-jacentes soient durablement contenues.
Avec le recul de l’inflation, il y a une marge d’abaissement des taux directeurs, mais l’orientation de l’action publique devrait rester restrictive pour quelque temps encore dans la plupart des grandes économies», lit-on dans le rapport de l’OCDE.
Cette dernière suggère aux pouvoirs publics de redoubler d’efforts à court terme pour maîtriser la hausse des dépenses budgétaires causée par l’augmentation du niveau d’endettement et d’autres tensions.
«Les bases de la croissance future doivent être consolidées par des réformes de l’action publique… et la coopération internationale doit être renforcée pour relancer les échanges mondiaux, garantir des progrès plus rapides et mieux coordonnés en matière de décarbonation et alléger le fardeau de la dette dans les pays à faible revenu». Notons que l’OCDE a abaissé ses prévisions de croissance pour la zone euro à 0,6% en 2024 contre 2,1% aux Etats-Unis.