Dans son discours d’investiture, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé l’organisation d’un dialogue national avec l’ensemble des forces vives du pays, et ce, pour construire une véritable démocratie.
«Un dialogue national ouvert sera lancé, nous permettant de baliser ensemble le chemin qu’empruntera notre pays en matière de consécration de la véritable démocratie, non pas celle des slogans, mais celle qui donne la souveraineté à ceux qui la méritent», a annoncé le chef de l’Etat.
Cet engagement a été accueilli «favorablement» par plusieurs partis politiques de l’opposition. Contacté, Atmane Mazouz, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), s’en félicite. «Le chef de l’Etat vient d’appeler à l’ouverture d’un débat national.
Une proposition longtemps défendue par le RCD, à travers notre appel à un débat national responsable sans exclusif dans le but de garantir la cohésion de la nation et la pérennité de l’Etat», affirme le leader du RCD, qui prend acte de cette promesse, en attendant que les contours de ce dialogue se dessinent pour que le pays amorce, selon lui, «une véritable sortie de crise».
De l’avis de Mazouz, il va de soit que «les décisions urgentes à prendre» seront des mesures d’apaisement, avec notamment «l’ouverture des champs politique et médiatique» et «la libération des détenus d’opinion et politiques». Cette exigence est d’ailleurs, précise-t-il, largement partagée par le message des Algériens lors de l'élection du 7 septembre : «Le RCD, qui a toujours pris ses responsabilités dans les moments difficiles, continuera dans sa dynamique de lutte pour une Algérie de justice, de libertés, de démocratie et de progrès.»
La direction du Front des forces socialistes (FFS) affirme avoir fait, depuis des décennies, du «dialogue inclusif et global» une revendication essentielle «à l’émergence d’une issue viable et durable à l’impasse historique qui ronge notre patrie depuis l’indépendance».
Malheureusement, déplore le parti, les «pouvoirs successifs ont rejeté nos initiatives politiques et nos appels au dialogue, préférant ainsi la consécration d’une feuille de route politique unilatérale, défiant les aspirations populaires et coupant le souffle à toute alternative démocratique à l'ordre établi».
Les responsables du Front continuent à espérer que «la volonté politique officielle s’exprime enfin et propulse urgemment les démarches qui vont ressusciter la confiance et l’adhésion générales». Et en guise de bonne volonté, le FFS pense que pouvoir devra, en premier lieu, installer un climat de détente et de paix. «La libération de tous les détenus politiques et d’opinion et la levée de toutes les restrictions imposées aux libertés et aux acquis démocratiques doivent être le tremplin à toute initiative sérieuse et constructive.»
De son côté, le Parti des travailleurs (PT), dirigé par Louisa Hanoune, soutient que l’organisation de consultations et rencontres avec les partis politiques et la société civile dans le cadre d’un débat national ouvert pour construire «la démocratie véritable» est une question fondamentale, même si, de l’avis du bureau politique de ce parti, les questions politiques sont du ressort des acteurs politiques (partis politiques et personnalités nationales).
Un climat d’apaisement s’impose
Le PT estime que ce dialogue auquel appelle le Président doit inclure «l’ensemble du peuple algérien sans exclusion ni exclusive dans un débat national libre et démocratique afin qu’il puisse définir lui-même, à l’issue du débat, la forme et le contenu des institutions et instruments dont il a besoin pour exercer sa souveraineté pleine et entière».
C’est cela, de l’avis du PT, l’essence de la «démocratie véritable». Mais, le parti de Louisa Hanoune reste convaincu que la réussite d’un tel débat exige «la levée de toutes les contraintes qui entravent l’exercice de la liberté d’expression politique, de presse... et donc l’ouverture politique et médiatique effective et l’arrêt de toute criminalisation de l’exercice des libertés démocratiques».
La formation politique Jil Jadid, présidée par Soufiane Djilali, se «réjouit» que Abdelmadjid Tebboune, réélu pour un deuxième mandat, ait pris acte des résultats de l’élection du 7 septembre et annonce l’ouverture d’un dialogue «le scrutin du 7 septembre a enregistré un faible taux de participation, ce qui illustre le fossé existant entre les citoyens et les dirigeants. Le Président veut remédier à cette situation», croit savoir Habib Brahmia, premier secrétaire du parti.
Pour lui, «si ce dialogue tant réclamé par notre parti est mené sérieusement, il pourrait constituer un premier pas vers une véritable démocratisation, essentielle au développement du pays». Comme le PT et le RCD , Jil Jadid estime qu’il est «crucial» que ce dialogue soit «inclusif, impliquant toutes les parties respectueuses de la Constitution, et qu’il aborde sans détour les dossiers longtemps négligés, notamment ceux des libertés, de la presse et de la réforme de la gouvernance». Jil Jadid est prêt à participer activement à cette initiative et à apporter ses propositions, «à condition qu’un tel dialogue soit conduit de manière sérieuse et transparente, avec des résultats concrets attendus pour regagner la confiance des Algériens».
Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), prend, elle aussi, acte de cette décision et attend la concrétisation de cette volonté sur le terrain. «Nous n’avons jamais cessé d’appeler au dialogue depuis 2019. Nous espérons que celui-ci sera responsable et inclusif. Nous allons attendre les actes et la forme de ce dialogue», note Mme Assoul, qui d’emblée affirme que sa réussite est tributaire de la préparation d’un climat serein en procédant à l’ouverture des espaces médiatiques et politiques et en libérant les détenus d’opinion et politiques.
Le président de la République reçoit MM. Hassani Cherif et Aouchiche
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier au siège de la présidence de la République, les candidats à la présidentielle du 7 septembre, Abdelaali Hassani Cherif pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et Youcef Aouchiche pour le Front des forces socialistes (FFS). L’audience s’est déroulée après la prestation de serment par le président de la République au Palais des nations et sa prise de fonction en tant que président de la République pour un second mandat.